Coach Bolduc, du Vert et Or de l'Université de Sherbrooke, est fatigué d'en parler, mais bon. Une dernière fois, s'il vous plaît...

Samedi dernier, André Bolduc, un ex-petit tough des Alouettes, a annoncé à ses joueurs réunis en camp d'entraînement qu'un des leurs, Samuel Giguère, venait de signer un contrat avec les Colts d'Indianapolis de la NFL.

Ce n'est pas rien. Même que c'est énorme!

On sait moins, par contre, que cette grande nouvelle n'est pas un coup de chance, ni un cadeau des Colts. C'était un objectif.

Bolduc raconte: «On s'est réunis avec les parents de Samuel et on a établi un plan. D'abord être élu au sein de l'équipe d'étoiles universitaires du Canada. Pas de problème. Samuel a été repêché par les Tigercats de Hamilton de la LCF et il a passé des tests physiques. Pas de problème. Samuel est un athlète extraordinaire, il est rapide, fort, il saute très haut et tout

«Nous voulions ensuite le montrer aux gens de la NFL. Nous avons moussé sa candidature pour le match du East-West Shrine Bowl à Houston. Il s'agit d'un match de footballeurs universitaires américains où deux Canadiens seulement sont invités. Un de l'Ouest et un de l'Est. Samuel a été choisi et les dépisteurs de la NFL l'ont vu. D'autres tests d'aptitudes physiques ont suivi.

«Enfin, on a travaillé sur les unités spéciales et je pense que c'est ça, sa connaissance des unités spéciales, qui a convaincu les Colts de le garder.»

Samuel Giguère, un receveur de passes BLANC, pour Preston Manning? C'est énorme.

À suivre.

La bonne nouvelle

Samuel Giguère a d'autant plus de mérite qu'il a terminé, à l'Université de Sherbrooke, un cours d'administration de quatre ans en trois ans. Il pourrait jouer une autre saison avec le Vert et Or.

Ce qui nous amène à la bonne nouvelle qu'André Bolduc nous confirme.

«À compter de cette année, un jeune qui termine son secondaire V a les huit années suivantes pour jouer son football collégial, puis universitaire. Après ces huit ans, il n'est plus admissible au football étudiant. Les entraîneurs-chefs des universités canadiennes en ont décidé ainsi et je pense que c'est la bonne décision.»

Il faut savoir, mes amis, que si le Québec produit de bons footballeurs, le système québécois était un peu trop permissif. Certains athlètes traînaient pendant quatre ans au cégep pour jouer au football. Quatre ans au cégep

Puis ils pouvaient abandonner leurs études, jouer dans du football civil et revenir au football universitaire. Ce qui nous donnait des footballeurs-étudiants de 27, 28 et même 29 ans. Mathieu Bertrand, maintenant avec les Eskimos d'Edmonton, a terminé sa carrière de quart-arrière du Rouge et Or de l'Université Laval à 27 ans, par exemple.

Un peu vieux pour se dire étudiant, n'est-ce pas? À moins d'avoir un doctorat en poche, ce qui est rarement le cas.

Cela ne sera plus possible.

«On avait des gars de 28 ans dans la même équipe que des jeunes de 20 ans, explique Bolduc, un ancien des Stingers de Concordia.

«Je suis contre. Je pense qu'il faut favoriser les jeunes, leur faire de la place. Les nouveaux règlements sont excellents. Le chronomètre commence à la sortie du secondaire V. Huit ans d'admissibilité, pas plus.

«J'entrevois par contre des conflits en cas de blessure. Est-ce qu'on lui accorde une année de plus s'il a raté une saison? On verra.»

Notons enfin que l'Université de Sherbrooke est cotée numéro un parmi les universités francophones en Amérique. On n'entre pas à Sherbrooke comme on entre au dépanneur.

«Onze de nos joueurs sont des all canadians en sports-études, c'est à dire qu'ils ont des résultats de 80% et plus en classe Nous avons des responsabilités envers nos étudiants et envers leurs parents.»

À surveiller

Surveillez bien le Vert et Or de l'Université de Sherbrooke au football universitaire cette année. (La saison commence le week-end prochain et les Redmen de McGill seront les visiteurs samedi.)

Le Vert et Or est toujours la plus jeune équipe du circuit - à sa sixième année - mais nos espions nous jurent que ce coach Bolduc est un bon homme de football et qu'à sa deuxième année comme entraîneur-chef, il a son équipe bien en mains, avec un groupe d'adjoints qu'il a choisis lui-même.

Et puis il y a des signes qui ne mentent pas: après un pénible début de saison l'an dernier, le Vert et Or a remporté quatre de ses cinq derniers matchs pour terminer avec une fiche de 4-4. Il a été coiffé au fil pour une place dans les séries par nos Carabins, qui avaient aussi une fiche de 4-4, mais avaient battu le Vert et Or en saison régulière.

Bolduc: «Je n'ai pas honte de le dire, on a perdu 56-16 contre Laval l'an dernier. Mais après, les gars ont compris notre système, surtout celui, un peu compliqué, de Marc Loranger en défense.

«Mon objectif cette année est de voir mon équipe en position de gagner à chaque semaine. L'an dernier, on s'est fait sortir du match vite en quelques occasions.

«Giguère qui va dans la NFL et Pierre-Luc Labbé qui joue à Winnipeg, ce sont des premières pour nous. Nous somme encore l'équipe de l'expansion. C'est bon pour la confiance de nos gars.»

Sachez aussi que le Vert et Or compte maintenant sur Joseph Mroué, le porteur de ballon qui a fait les beaux jours des Carabins il y a deux ans. Avec Pascal Fils, le meilleur demi de la ligue l'an dernier, déjà dans le champ arrière, les autres clubs devront s'attendre à courir

Le mot de la fin à Marc Loranger, vétéran entraîneur de football universitaire: «Nous, les entraîneurs du Québec, on doit tous un gros merci à Jacques Dussault.»

Voilà.