Monsieur le maire Tremblay, il faut commencer à y penser tout de suite. La ville de Montréal célébrera son 400e anniversaire en 2042. Dans 34 ans. Ça peut sembler loin, mais au fond c'est demain. Surtout que Québec a placé la barre très haut. Je sais que pour un Montréalais, ça fait mal de l'avouer, mais les fêtes du 400e anniversaire de la ville de Québec sont un grand succès. Ouch! Et fiers pets, comme les Québécois le sont, on n'a pas fini d'en entendre parler. Ils en parleront encore en 2042, c'est certain.

Quel renversement de situation! Car au début de l'année, tous les Montréalais avaient un petit sourire en coin. Les fêtes du 400e de Québec semblaient être un gros bouquet de ballons crevés. Ça nous faisait de la grosse pepeine, officiellement. Mais au fond, on ne demandait pas mieux. Ça nous permettait de recycler toutes nos blagues sur Québec 84, le retour des grands voiliers. Et de confirmer notre opinion qu'il n'y a qu'à Montréal qu'on sait faire les choses en grand. L'Expo. Les Jeux olympiques. Les partys de Guy Laliberté. On ne doutait pas un instant qu'en 2042, on montrerait à Badaboum et à ses amis comment ça se célèbre, 400 ans.

La neige fondue, l'été arrivé, la donne a changé. Robert Lepage, Paul McCartney, Céline Dion. Les touristes ont préféré les plaines à la montagne. Québec 1, Montréal 0. C'est correct. Soyons bons joueurs! Inclinons-nous! Bravo Québec! Pardon pour toutes les remarques désobligeantes. Avalons notre venin et notre jalousie. Et virons-nous de bord au plus vite. Attelons-nous, comme on dit dans la ville des calèches. Réveillons le Jean Drapeau qui sommeille en chacun de nous, et préparons un 400e avec tout le panache dont nous sommes capables. Que Montréal retrouve sa splendeur.

Trente-quatre ans, c'est vite passé. C'est le temps que ça va prendre aux cols bleus pour boucher tous les nids-de-poule. Au lieu de les regarder, agissons. On n'arrivera jamais à bout du béton. Semons du gazon. Faisons de Montréal la première ville vraiment verte. Avec des rues couvertes d'herbe. Et des fleurs au bord du trottoir. Trente-quatre ans, c'est court pour faire de Montréal un jardin.

Bookons tout de suite Céline Dion. Avec l'agenda qu'elle a, on n'est jamais assez à l'avance. Elle aura 74 ans en 2042. So what? Aznavour a chanté sur les Plaines à 84 ans. Pour ce qui est de Paul McCartney, ça risque d'être plus compliqué. Quoique, ça tombe bien, McCartney célébrera ses 100 ans en 2042. On ne peut s'attendre à ce qu'il donne un show de trois heures, mais on peut organiser la fête à Paul. Tous les plus grands chanteurs de la planète accourront pour rendre hommage au Beatle. Vous direz que certains nationalistes critiqueront la venue d'artistes anglophones pour célébrer la métropole française de l'Amérique. Ben non! Ça va être fini et réglé ce problème-là. Si on se fie à la stratégie du PQ, le prochain référendum devrait avoir lieu en 2040. Donc en 2042, le Québec sera libre. Et les nationalistes auront perdu leurs complexes.

Bien sûr, il ne faut pas seulement copier les activités de Québec. Il faut en concevoir des nouvelles. Des meilleures. Quelle célébration comblerait de joie le coeur des Montréalais? Le défilé de la Coupe Stanley. Voilà un échéancier réalisable. Je sais que selon les objectifs de Pierre Boivin, le Canadien est censé remporter la Coupe Stanley l'année de son centenaire. C'est-à-dire cette année! C'est beaucoup de pression sur les grosses épaules de George Laraque. Soyons sains d'esprit, la Coupe Stanley en 2042, cela est beaucoup plus sensé. Ça laisse 34 ans à Mats Sundin pour réfléchir. Et 34 ans à Bob Gainey pour mettre finalement sous contrat un agent libre d'impact. C'est peu.

Montréal étant la ville des festivals, il faudrait tous les unifier en 2042. Le Festival Juste pour jazz-francofolies-cinéma. Ça réglerait la chicane de la scène du Quartier des spectacles. Tout en même temps. Une joke de Louis-José, un solo de trompette, une toune de Pierre Lapointe et un film de Patrick Huard. La soirée est ketchup! Cela dit, il faudrait que le Quartier des spectacles soit prêt pour 2042. Rien n'est moins sûr.

Puisqu'il est question de projet immobilier, on pourrait profiter des fêtes de 2042 pour inaugurer le nouveau CHUM, qui sera baptisé l'hôpital Philippe-Couillard, du nom de son propriétaire. Car bien sûr, en 2042, tous les hôpitaux seront privés.

Demandons dès maintenant l'obtention des Jeux d'hiver de 2042. Et pour être certains d'avoir une montagne qui correspond aux critères olympiques, il suffit de ne pas ramasser la neige d'ici la tenue des Jeux. Avec tout l'argent économisé, on financerait le 400e.

Il faudrait illuminer le croissant sur le mont Royal avec autant de lumières que la tour Eiffel. Le croissant? Sachez qu'en 2042, la croix du Mont-Royal sera remplacée par un croissant. C'est écrit dans le rapport Bouchard-Taylor.

Bien sûr, le clou des célébrations des fêtes de 2042 sera la dernière réunification des membres de Beau Dommage. Michel, Pierre et Marie-Michèle auront probablement de la misère à se rappeler tous les noms de rues que contiennent leurs chansons, mais leur public aura des GPS, alors personne ne s'en plaindra.

Tout ça pour qu'à l'été de 2042, les célébrations du 400e de Montréal éclipsent complètement celles de Québec. Qui ne seront plus qu'un joli souvenir. Bel effort, les boys! C'était le fun. C'était cute. Mais ce n'était au fond qu'une répétition pour le vrai 400e. Celui de LÀ ville du Québec. Montréal. Pas Tonréal. MONréal! Que la différence soit aussi grande entre les fêtes de Montréal et celles de Québec qu'entre la cérémonie des Jeux de Pékin et celle des Jeux du Québec à Sept-Îles.

La commande est grande, voilà pourquoi, monsieur le maire, il faut tout de suite créer un comité organisateur des fêtes du 400e, et nommer un président. Ça nous donnera le temps d'en congédier deux ou trois et de trouver le bon avant 2042!

SUR MON BLOGUE CETTE SEMAINEMERCREDI 20 AOÛT 2008

Sauvons la vue du pont Champlain!

Qu'est-ce qu'il y a de plus beau à Montréal? La vue du pont Champlain. Chaque fois que je vois ma ville en revenant par le pont Champlain, je me sens fier. Si on bâtit un nouveau pont et que l'ancien pont obstrue la vue, on ne verra plus Montréal dans toute sa splendeur, en roulant sur le pont Stephen Harper, mais le vieux pont Champlain et ce sera beaucoup moins beau. Cela dit, pas besoin de descendre dans la rue tout de suite, on traversera le pont quand on sera rendu au fleuve!

SAMEDI 23 AOÛT 2008

Céline et Ginette: le rêve et la réalité ont chanté ensemble

Quinze heures plus tard, on en frissonne encore. La rencontre Céline-Ginette fait maintenant partie à jamais de l'histoire de la culture populaire du Québec. Le rêve et la réalité ont chanté ensemble. Celle qui est allée un peu plus loin avec celle qui est allée assez loin. Assez loin pour elle.

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