Dans un long article publié sur TheAtlantic.com, le journaliste Joshua Green remonte, à l'aide des courriels des collaborateurs d'Hillary Clinton, le fil des événements des primaires démocrates et de l'ascension irrésistible de Barack Obama.

Au fil des échanges entre stratèges, on sent clairement la panique s'installer dans le camp Clinton à mesure que les mois passent.

Hillary Clinton n'avait qu'un plan: gagner l'investiture démocrate. Et comme elle et ses collaborateurs étaient convaincus que ce n'était qu'une formalité, ils ont commis deux erreurs fatales: ne pas prendre Barack Obama au sérieux et ne pas préparer de plans pour une longue et dure bataille.

Hillary Clinton n'est pas la seule à avoir été surprise par la force de la vague Obama. Les États-Unis au complet, et même la planète, ont été frappés par l'ampleur du phénomène, qui a atteint son paroxysme à Berlin, en juillet, quand 200 000 personnes ont accueilli le candidat démocrate comme une rock star.

Ce que le clan Clinton a compris trop tard, c'est qu'il ne luttait pas contre un individu, contre un adversaire ordinaire, mais contre un mouvement. Un mouvement appelé espoir, changement, rêve même, par des millions d'Américains. Un mouvement né de rien il y a quatre ans, qui n'a cessé depuis de prendre de la force, notamment grâce à l'internet.

L'équipe du candidat républicain, John McCain, a pris bonne note de la déconfiture d'Hillary Clinton. Ce n'est pas un hasard si les républicains attaquent, justement, ce que représente leur adversaire démocrate: le côté rock star (que John McCain a ridiculisé), la confiance en soi (que les républicains dénoncent comme de l'arrogance) et la jeunesse (gage d'inexpérience, selon les détracteurs d'Obama).

On peut douter de la profondeur de Barack Obama, mais ce qu'il a accompli est phénoménal. Au cours de cet été pluvieux, il aura été un grand soleil dans le ciel très gris de la politique américaine.

Mais il n'est pas encore assis dans le fauteuil du bureau Ovale de la Maison-Blanche, tant s'en faut. Il reste 10 semaines de campagne avant les élections, et la droite ne ménagera rien pour plomber la campagne démocrate.

Le sénateur Obama, qui a fait du renouveau contre la vieille politique son cheval de bataille, a réveillé chez ses adversaires les plus vieux trucs, justement, du grand livre des campagnes négatives. Et on n'a encore rien vu.

Le candidat démocrate sent la soupe chaude. Cette semaine, pour la première fois, il a lancé à son tour une publicité négative contre John McCain, résultat direct de la baisse de ses appuis dans les sondages.

Il aura l'occasion, jeudi à Denver, de relancer sa campagne et son fameux «Yes we can» dans son discours d'acceptation au congrès démocrate.

Pour le moment, c'est plutôt: «Yes we might».