Le premier ministre français François Fillon et son entourage ont dû réprimer un petit sourire, hier, à Québec, en entendant Jean Charest dire que les Québécois doivent se décoincer un peu quand ils parlent du célèbre «Vive le Québec libre!» de Charles de Gaulle.

C'est que «décoincer», en langage populaire, a une connotation sexuelle, comme la vieille expression «déniaiser».

Il est vrai que M. Fillon s'est lui-même montré un peu olé-olé en parlant jeudi du «pays» du Québec à plusieurs reprises dans son discours et qu'il a voulu, hier encore, réaffirmer l'histoire d'amour entre la France et le Québec.

Il parlait toutefois d'amour fraternel, sans plus. Un amour, qui plus est, toujours chaperonné par le gouvernement du Canada.

Les allusions de M. Fillon n'ont pas plu à Ottawa. Le premier ministre de Nicolas Sarkozy, visiblement, le savait, et il s'est empressé de corriger ce qu'il a qualifié lui-même d'écart de langage. Le mot « nation » aurait été plus approprié, a-t-il admis. «Le mot pays a plusieurs sens, a-t-il dit. Chez moi, un pays est un endroit où il y a des paysans.» Ah bon. Merci bien, monsieur le premier ministre.

À sa décharge, François Fillon n'est pas le premier politicien français à se prendre les pieds dans les lys du tapis des relations France-Canada-Québec.

Cela dit, sur le fond des choses, Jean Charest a bien raison de dire que nous devrions nous «décoincer» par rapport à la visite historique du général. La relation entre la France et le Québec a toujours été et continuera d'être particulière et complexe. Cela est évident (sans vilain jeu de mots, mon général) comme le nez au milieu du visage.

Et puis cette petite bourde diplomatique de François Fillon n'est pas pour déplaire à Jean Charest. D'abord, dans l'immédiat, elle corrige l'impression largement répandue que le fédéral a pris, dans ces fêtes du 400e anniversaire de Québec, beaucoup plus de place que le gouvernement du Québec.

Et puis, cela met un peu de baume sur les sentiments des Québécois qui voient le nouveau régime Sarkozy tourner le dos au Québec pour se rapprocher d'Ottawa.

On verra bien, en octobre, lorsque le président Sarkozy nous rendra visite, quels mots (ah ! les mots, quelle importance ils ont dans ce triangle diplomatique !) il choisira pour définir les liens entre Paris, Québec et Ottawa.

En attendant, à force de parler de de Gaulle, on est passé hier à côté d'un dossier beaucoup plus chaud : l'environnement.

En vantant la politique mise de l'avant par le gouvernement du Québec, tout en ajoutant que la France veut faire pression, à l'automne, sur les pays d'Amérique du Nord pour qu'ils s'engagent plus énergiquement dans la lutte contre les changements climatiques, il est venu à un cheveu de critiquer directement le gouvernement de Stephen Harper.

François Fillon vient-il de mettre la table pour la visite de Sarkozy en octobre?

Un départ cow-boy

Certains connaissent des départs canon, Yves Bolduc, lui, a connu un départ cow-boy comme nouveau ministre de la Santé du Québec.

La semaine dernière, le lendemain de son arrivée au gouvernement, M. Bolduc a jeté un immense pavé dans la mare du CHUM en remettant en question la gestion de son directeur général, Denis Roy. La suite est connue : M. Roy est parti jeudi, la direction du CHUM est sous le choc et on se demande maintenant si le projet du CHUM au centre-ville est toujours viable.

Pas mal, en une semaine. On a beaucoup dit que le Dr Bolduc s'est inspiré des méthodes de Toyota pour gérer l'Hôtel-Dieu d'Alma, mais on ne savait pas qu'il était aussi un fan de Donald Trump.

L'empressement du nouveau ministre surprend, c'est le moins que l'on puisse dire. Normalement, un nouveau ministre consulte, il fait le tour de son monde, il se fait «briefer» avant de poser un diagnostic. D'autant plus, faut-il le rappeler, que M. Bolduc n'est même pas élu, qu'il n'est donc pour le moment que ministre «désigné».

Que le CHUM ait de gros problèmes, soit, c'est indéniable. Mais la séquence des événements – départ de Philippe Couillard, arrivée d'Yves Bolduc, démission de Denis Roy – et le côté intempestif de sa sortie contre le Dr Roy donnent à penser que le nouveau ministre de la Santé est téléguidé.

Pour un politicien néophyte, voilà un bien mauvais message à envoyer dans un réseau aussi impitoyable que celui de la santé. L'ancien DG du CHUM avait certes de nombreux détracteurs (ça joue du scalpel, les docteurs!) mais, même parmi eux, plusieurs considèrent qu'il ne méritait pas l'humiliation publique que lui a infligée le nouveau ministre.

Un uppercut à Mme Courchesne

Permettez une note plus légère pour terminer. Enfin, légère, façon de parler, puisqu'il est ici question d'un colosse de six pieds trois pouces et 240 livres.

Georges Laraque n'a pas encore donné une seule taloche dans son nouvel uniforme que, déjà, il a infligé un gros oeil au beurre noir à sa première victime, une femme en plus : la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne.

Dégoûtée, comme bien des gens, par les gestes disgracieux du fils de Patrick Roy, Jonathan, Mme Courchesne est partie en croisade le printemps dernier pour bannir les bagarres dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Voici comment a réagi notre nouvel homme fort, en mai dernier : «Vous n'êtes pas sérieux. La ministre n'a rien de plus important à s'occuper? Ça n'a pas de sens. Si son projet est accepté, la Ligue junior majeure va changer de nom pour la Ligue des danseuses de ballet du Québec et des Maritimes.»

Ce n'est pas tout : «On va être au Québec la risée du monde entier. Ça va être pire que quand il est question de la séparation du Québec.»

Georges Laraque coûte relativement cher au Canadien mais, pour mes collègues des sports, c'est une aubaine! Avec un gars comme ça dans le vestiaire, les commentaires d'après-match risquent d'être divertissants.