Avant de jeter votre poste de télé par la fenêtre ou de répandre votre désarroi dans une lettre adressée à Louise Deschâtelets, sachez que TQS n'a pas (encore) embauché Jeff Fillion.

Le nom du controversé animateur de radio a été soumis par un producteur, Jean Dorion, du Groupe Vélocité, pour piloter l'émission du matin qui remplacera Caféine en septembre et qui nous parviendra de la ville de Québec. Sept autres projets ont été acheminés au Mouton noir, qui choisira le «plus porteur assez rapidement». Le temps presse: TQS catapultera ses nouveautés en ondes le lundi 1er septembre, jour de la fête du Travail.

Pour le retour à la maison, diffusé entre 16 h et 18 h, nos sources chuchotent que Benoit Gagnon, appuyé par les boîtes de production Zone 3 et Télé-Vision, pourrait hériter du job. Ni TQS ni Zone 3 n'ont cependant confirmé nos informations.

Joint hier, Benoit Gagnon a confié que son téléphone a beaucoup sonné ces dernières semaines. «On m'a parlé du show du matin, mais j'ai dit non. J'ai déjà donné (à Salut, bonjour!). On m'a aussi parlé de l'émission du retour à la maison. Là, j'attends des réponses. Je suis comme un lion qui tourne dans sa cage. J'ai hâte de refaire de la télévision», enchaîne-t-il.

Impossible d'extraire un commentaire de Jeff Fillion, dont la boîte vocale familiale n'accepte plus de nouveaux messages. Il serait peut-être temps de la vider, mon cher Jeff.

Le producteur de l'ex-star de CHOI-FM, Jean Dorion, a retourné toutes mes questions à TQS, «qui ne commente pas les projets en développement». Le porte-parole du Mouton noir, Claude Deraîche, a cependant glissé que «Jeff Fillion, on appelle ça un nom qui évoque».

En effet. Le morning man et leader des fameux X a été mêlé à diverses poursuites en diffamation, dont la plus célèbre, intentée et gagnée par l'ex-présentatrice météo de TVA, Sophie Chiasson, qui a ainsi arraché près de 300 000$ à la station CHOI-FM.

Jeff Fillion poursuit présentement son purgatoire à la barre de Radio-Pirate, une quotidienne diffusée à des abonnés payants sur l'internet, ainsi que sur le réseau satellite XM. Personne aux bureaux de Radio-Pirate, à Québec, n'a répondu à nos demandes d'entrevue hier.

Que les frères Maxime et Julien Rémilllard, les nouveaux propriétaires de la chaîne, songent à ressusciter la carrière médiatique de Jeff Fillion n'étonne pas du tout. Remstar a amorcé la transformation de TQS en un réseau ciblant les hommes de 18 à 49 ans et d'un point de vue purement marketing, Jeff Fillion attirerait exactement cette clientèle. De gros annonceurs comme Burger King, Molson Dry, Coors Light, Ameublements Tanguay et les jeans Lois ont acheté des espaces publicitaires sur le site web de Radio-Pirate et TQS ne cracherait pas sur ces clients prestigieux.

La question qui tue, maintenant: les fidèles de Radio X allumeraient-ils leur télé le matin, entre 7 h et 9 h? Pas certain. Autres points à considérer: le pouvoir d'attraction de Jeff Fillion dépasserait-il les limites géographiques du code régional 418? Et les Montréalais, qui forment le plus important bassin de téléspectateurs au Québec, adopteraient-ils le ton mordant, direct et parfois brutal de Fillion?

Pas certain, non plus, que TQS veuille renouer avec les couloirs gris des palais de justice. Car on n'engage pas Jeff Fillion pour qu'il récite docilement les prévisions de la météo et qu'il répète les numéros du loto. On l'embauche pour qu'il brasse la cage. Point à la ligne. Dans le passé, l'animateur a allègrement dépassé les limites de la liberté d'expression, ce qui lui a valu de coûteuses remontrances. A-t-il appris de ses excès? Ou, dès que les caméras de télé s'allumeront, s'aventurera-t-il de nouveau sur des pentes savonneuses et onéreuses?