On lit très souvent dans La Presse des textes sur le système de santé au Québec. Quand ce n'est pas le temps d'attente sur une civière à l'urgence, c'est l'attrait des cliniques privées auprès des médecins. Récemment, on lisait même que Claudette Carbonneau s'inquiétait que les listes d'attente de ces cliniques soient un jour soumises à la grosseur du portefeuille des patients. Il faut d'abord y avoir accès à ces listes !

Ici, à Rouyn-Noranda, en Abitibi, où je réside depuis maintenant un an, on peut difficilement espérer avoir un médecin de famille, car il y a environ 10 000 patients dits «orphelins». Alors, que fait-on quand on n'a pas de médecin de famille et qu'on a un problème de santé ? On se présente dans une clinique sans rendez-vous ? Eh bien non. Si vous n'avez pas de dossier dans cette clinique, comme moi qui viens d'ailleurs, il vous sera impossible d'y être reçu.

Au bout du compte, il ne vous restera que l'urgence.

Ainsi, les patients sans médecin de famille vont attendre de longues heures à l'urgence pour leurs problèmes de santé mineurs (otites des enfants, sinusite ou bronchite, problèmes cutanés, renouvellements d'un médicament qui ne peut être renouvelé ailleurs, etc.) et même majeurs. J'ai déjà croisé un patient avec de graves problèmes, mais qui devait se rendre chaque mois à l'urgence pour un suivi. Parfois, encore, ils tenteront l'automédication avec plus ou moins de succès ou ils souhaiteront que ça passe, que ça ne soit rien de grave !

Que ce soit en élargissant l'accès aux cliniques sans rendez-vous ou en octroyant plus de pouvoir aux infirmières, il faudrait en priorité s'attarder au problème de ces citoyens qui n'ont que l'urgence comme solution. Cela mène à des iniquités flagrantes alors que tous devraient avoir les mêmes droits en matière de santé. En matière de prévention, surtout.

Car, en n'ayant pas de suivi, les patients comme moi n'ont pas accès à des examens préventifs. Pas de suivi de croissance pour les enfants, pas de Pap Test, pas de dépistage, ni même d'examen gynécologique ou dermatologique.

J'aimerais ne pas attendre d'être malade pour avoir accès à un bilan de santé. Mais, comme pour les milliers de patients orphelins de la région, un simple examen médical annuel à titre préventif est impossible.

Alors, si une clinique privée ouvre ici, ne me demandez pas si j'ai les moyens ou pas...