Il arrive parfois que de nombreux incidents et accidents nous fassent réfléchir à la question de la vitesse au volant. En ce mois de mars 2013, nombreux sont ceux qui se posent des questions sur «notre» propension à conduire à grande vitesse ou à tombeau ouvert.

Quand il s'agit de jeunes, comme ce fut le cas récemment à Rouyn-Noranda (trois jeunes filles «blessées»), on a souvent tendance à «expliquer» l'accident en parlant de la fougue naturelle des jeunes et en disant - ce qui est pas mal vrai - que de nombreux jeunes pensent que les accidents entraînant la mort ou de graves blessures, c'est pour les autres, pas pour eux.

Mais ayant beaucoup conduit au cours de ma vie, j'ai constaté que les fous du volant sont souvent des individus relativement âgés qui se sentent humiliés et «moumounes» lorsqu'ils ne dépassent pas, très narcissiquement, toutes les autres bagnoles qui circulent sur la même route qu'eux.

Il y a toujours une multitude d'explications lorsqu'on veut comprendre le pourquoi et le comment de phénomènes comme la vitesse démesurée au volant.

J'ai toujours pensé qu'un des facteurs fondamentaux, c'est qu'il y a une tendance, très souvent publicitaire, qui consiste à nous présenter notre «char», actuel ou futur, comme étant un bolide «tripant» qui nous permet de considérer la route comme nous appartenant, ce qui veut dire que les autres auraient intérêt à déguerpir.

Dans un éditorial du 9 juin 2007 intitulé «Vroum! Vroum!», André Pratte affirmait que «la vitesse sur nos routes est un des facteurs en cause dans plus de 250 décès par année». Il notait aussi ce qui suit: «Une étude sur la publicité des constructeurs, diffusée à la télévision et au Canada anglais, a conclu que 45% des messages comprenaient une scène de conduite dangereuse».

Mais après ces propos éclairants, l'éditorialiste ajoutait, ce qui est son droit, que la liberté d'expression «nous» empêche d'imposer des règles ou des balises aux publicitaires.

Je pense que la liberté d'expression ne peut pas et ne doit pas aller à l'encontre de mon droit, pour ne pas dire ma liberté, de ne pas mourir, de n'être point blessé et de n'être pas constamment importuné par le bruit insupportable de nombreux bolides tonitruants et «asociaux».

Les pouvoirs publics nous supplient de ralentir alors que de nombreuses entreprises privées nous suggèrent de «peser sur le champignon» et de foncer allègrement vers le bonheur (ou vers la mort?). Nous savons tous que la publicité a pas mal remplacé la religion en ce qui concerne les promesses de bonheur...

Les trois jeunes filles de Rouyn-Noranda ont-elles trouvé le bonheur, ce bonheur sans cesse promis par les publicitaires? Sinon, qu'est-ce qu'elles ont trouvé?

Tout cela est bien triste dans ce monde prétendument démocratique, dans ce monde où le privé l'emporte presque toujours sur le public.