Sommes-nous en 2013? Mère de trois enfants et occupée par une carrière assez remplie, je joue encore au hockey sur glace régulièrement dans une «vraie» équipe compétitive de filles et occasionnellement avec des hommes de manière récréative.

J'aime jouer au hockey, avec un grand A. J'ai joué au sein de la première équipe du Québec de hockey féminin de moins de 18 ans qui a participé au premier tournoi de hockey féminin aux Jeux du Canada en 1991. À l'époque, lorsqu'on m'a demandé si je souhaiterais entraîner et développer des joueuses de hockey lorsque je serais adulte. Je me souviens clairement avoir pensé à ce moment-là que lorsque j'aurais une fille, elle aurait le plaisir d'évoluer dans une équipe de hockey féminin élite de son âge. Erreur!

En 2012-2013, ma fille en est à sa sixième saison de hockey. Elle joue dans une équipe de hockey élite... masculin. Pour son groupe d'âge, il n'existe pas de hockey élite féminin. Ma fille est une joueuse de hockey. Elle n'est pas une fille qui joue au hockey.

On pense qu'au XXIe siècle, le Québec est moderne et qu'il y existe l'égalité entre les hommes et les femmes. Pas au hockey.

En général, ce n'est pas avec les coéquipiers de ma fille que cela pose problème, ce sont avec les parents des joueurs. Les parents qui, insidieusement, tentent de s'assurer que leur fils ne joue pas avec elle. Les parents qui poussent pour qu'une fille qui mériterait de jouer élite ne soit pas choisie.

Et ne blâmez pas le manque d'éducation, notre petite famille vit dans un secteur où les gens sont très éduqués, où de nombreuses mères de famille jouent aussi des rôles sociaux d'envergure.

Malgré que le hockey féminin mineur soit plus développé que dans mon temps, rien n'est gagné. Encore maintenant, les Québécoises qui se taillent une place dans les équipes élites féminines majeures ont fait la majorité de leur carrière de hockey mineur dans les rangs élites masculins. On est loin derrière l'Ontario et l'Alberta, ou même les États-Unis.

Oyez, oyez, parents de hockey: acceptez les filles qui le désirent, et qui ont les habiletés nécessaires, dans vos équipes de hockey élite masculin et arrêtez de les voir comme des filles qui jouent au hockey masculin. Elles sont des joueuses de hockey!

Et ne me chantez pas la rengaine qu'une fille dans une équipe de garçons brise l'esprit d'équipe: les garçons sont tout aussi habiles à le faire, ça dépend de la personnalité de chaque individu. Vivement une ouverture d'esprit de la part de ces parents bornés et que les autres qui acceptent, naturellement, les filles, cessent d'être silencieux. On parle ici de la fondamentale égalité hommes-femmes, il me semble que c'est important.