Notre maman, faut dire que nous ne l'avons pas choisie! Nous sommes arrivées, puis elle était là. La mienne était grosse avec des jambes malades. J'ai trouvé, surtout à l'adolescence, qu'elle n'était pas très jolie et ne savait pas comment s'habiller. Elle passait son temps à faire à manger pour nous faire engraisser.

Ma mère était à plein temps à la maison. Je me suis demandé si elle aurait été capable de faire autre chose. D'ailleurs, je n'étais pas le seul, car la voisine lui a déjà dit. Je trouvais ça bien effrayant quand, trois à quatre fois par année, elle sortait seule le soir, abandonnant ses enfants, pour aller à des réunions de femmes. Il lui arrivait d'être bougonne et de faire des crises parce que nous étions tannants. Tout compte fait, il est faux de dire que j'avais la mère la plus formidable du monde.

Cependant, elle était là. Elle était là lorsque j'avais des otites et des maux de ventre; lorsque j'ai perdu mon chat et lorsque je rentrais de l'école en pleurant parce qu'on m'avait crié des noms. Maman était là lorsque son motard invincible (moi) s'est fait frapper par une auto. Maman était tout sourire à ma graduation. Elle était toute oreille pour moi, le grand médecin, qui lui téléphonait encore à 40 ans pour qu'elle fasse quelque chose pour ma grosse grippe d'homme.

Ma maman, je l'ai perdue il y a 15 ans. Je me souviens encore très bien de sa bouillotte et son onguent Ozonol pour mes écorchures d'enfant. Elle était une des rares personnes qui m'écoutait sans porter de jugement; qui m'a veillé sans s'endormir; qui, tout au long de la vie, s'est littéralement oubliée pour ses enfants.

Il se fait tard maintenant pour que je lui dise. Mais, si je pouvais, je la prendrais dans mes bras pour au moins partager avec elle une parcelle d'affection qu'elle m'a transmise et lui dire tout bas: «Maman, tu es un cadeau que le Bon Dieu nous donne».