Il y a les héros des grandes guerres que l'on honore le 11 novembre et les héros des petites guerres. Nous avons attendu en vain une médaille de mérite ou un hommage public à la bravoure de notre fils Tomas. Aujourd'hui, nous voulons lui remettre notre médaille de bravoure. Nous voulons souligner son courage, son sens du devoir, sa générosité, sa volonté de sauver son frère, ses amis et ses locataires.

Dans la nuit du 11 novembre 2009, Tomas, 26 ans, son frère et ses amis se sont retrouvés prisonniers des flammes dans un immeuble centenaire de la rue Lorne à Montréal. Après avoir réveillé ses amis et les locataires de l'édifice, Tomas et son ami Nicolas ont vidé, à l'aide d'un bac, le contenu d'un bain-tourbillon sur les flammes qui avaient pris naissance au sous-sol. On ne sait pas encore comment Tomas a pu résister à une telle chaleur, mais il a réussi à contrôler le brasier et à empêcher le feu de se propager à l'étage supérieur et aux immeubles voisins. Quand les pompiers sont arrivés sur les lieux, ils ont retrouvé Tomas brûlé au 2e degré au visage et au 3e degré au cou, aux épaules et aux bras.

Grâce à la rapidité des secours, Tomas a été vite transporté à l'Hôtel-Dieu, intubé, placé dans un coma artificiel et hospitalisé à l'unité des Grands Brûlés où il a subi des greffes importantes.

Aujourd'hui, nous voulons rendre hommage à l'équipe de soins de l'unité des Grands brûlés, aux pompiers de la caserne Rachel de la ville de Montréal, à son frère Xavier, et à tous les amis de Tomas qui l'ont soutenu pendant cette épreuve.

Tomas s'est complètement rétabli de ses blessures. Elles ont laissé des marques indélébiles, qui nous rappellent chaque jour que la vie n'a pas de prix, que nous ne sommes pas invincibles et que le courage et la détermination sont des valeurs qu'il faut souligner et reconnaître.

Pierre Gauthier et Lison Daoust



Des anges ont veillé sur Alice


Beaucoup de gens critiquent notre système de santé qui est parfois boiteux et les soins de santé en région. Nous déplorons aussi les délais d'attente en chirurgie et aux urgences ainsi que la pénurie de médecins. Toutefois, il faut mentionner que nous avons des médecins consciencieux, efficaces et humains. Notre expérience personnelle avec l'Hôtel-Dieu de Sorel a débuté le 15 septembre dernier, le jour où notre fille, Alice, est née. Quel bonheur! L'accouchement s'était si bien passé. Cependant, quelques heures après cet heureux événement, une infirmière vigilante de l'unité familiale a remarqué que notre bébé n'allait plus aussi bien.

Au cours des heures suivantes, l'état de notre fille n'a fait que s'aggraver. Notre enfant était en détresse respiratoire, en raison d'un pneumothorax important. Alice se battait pour sa vie. Les médecins ont réalisé l'urgence de la situation et ont pris les bonnes décisions. En somme, tout le personnel a su faire en sorte qu'Alice tienne le coup jusqu'à l'arrivée des ambulanciers et des infirmières, qui ont fait de l'excellent travail durant le déplacement vers Montréal.

Par ailleurs, pendant près de trois semaines, nous avons pratiquement passé notre temps au 9C de l'Hôpital de Montréal pour Enfants et nous y avons vu des gens dévoués. Bébé Alice a connu des hauts et des bas et a eu plusieurs pneumothorax. Quel stress pour les parents!

À notre arrivée, nous envisagions le pire, mais le personnel a été réconfortant et a joué un rôle indispensable non seulement pour notre bébé, mais également pour nous. Alice a gagné sa première bataille grâce à eux. Un cauchemar a été transformé en une fin heureuse. Alice a aujourd'hui plus de deux mois et elle va beaucoup mieux.

Grâce à ces gens dévoués et compétents, aujourd'hui nous pouvons bercer Alice et lui offrir tout notre amour.

Jinny Bourget et Martin Nadeau, Sorel-Tracy

L'indécence

Vous l'avez peut-être vue vous aussi, cette jeune fille étendue, mi-nue et éméchée qui apparaît sur une affiche publicitaire du parfum Loverdose. Difficile d'entrer à la station Berri-UQAM sans la remarquer. Comment vous exprimer mon dégoût? Je ne sais pas ce qui me décourage le plus dans tout cela. Le fait de banaliser et rendre sexy le concept d'overdose? La place de plus en plus envahissante de la publicité dans l'espace public en général et dans le métro en particulier? Des écrans de télé prolifèrent sur les quais. Des affiches géantes débordent sur les plafonds, les planchers et sur les tourniquets, quand ce n'est pas un wagon de métro complet qui change de couleurs. Le fait que la STM en soit arrivée là par manque de financement de nos gouvernements me décourage. Y aura-t-il une limite à l'espace consenti à la publicité? Et que dire de l'incohérence entre les valeurs prônées par la STM et celles mises en pratique: ici, le développement durable contre la multiplication des écrans énergivores. Incohérence à laquelle s'ajoute celle des choix de la STM en matière de bon goût, car il y a quelques semaines à peine, l'agence qui gère les publicités dans le métro a «suggéré» de modifier l'affiche de L'Opéra de Quat'sous  présenté en janvier prochain à l'Usine C, en indiquant que la tenue légère des femmes pouvait poser problème! Je rêve du jour où l'on décidera de protéger certaines zones de liberté.

Geneviève Savard, Montréal

Shawnee et James Joyce

J'ai un nouveau chiot, un Airedale. C'est notre troisième. On a fait endormir la deuxième de 13 ans et demi, il y a un mois. On pense qu'elle ne voulait pas mourir parce qu'elle savait qu'on aurait beaucoup de peine. Avec les deux premières, on a fait 25 ans. Elles s'appelaient toutes deux Shawnee. Commode, non? Le troisième se nomme aussi Shawnee. Pourquoi? Cela nous donne l'impression de ne pas vieillir puisque notre chien porte toujours le même nom.

Le chiot a quatre mois et demi. Quand on le laisse à la maison, on l'attache pour qu'il ne fasse pas des dégâts partout. Récemment, on a créé un enclos près de la porte de sortie où il est libre. L'autre jour, on rentre. La barrière est par terre. On voit toutes sortes de morceaux blanchâtres éparpillés. Lui est très heureux de nous voir, évidemment. On pense d'abord qu'il a éventré un coussin. Il y en a partout, sur la causeuse, sur le lit, sous le piano, etc. On les recueille, ce sont plutôt des morceaux de papier qu'il a mâchouillés. Finalement, on trouve un livre, Ulysse, de James Joyce. La couverture est détruite, le livre est en pièces détachées.

On a vu tout de suite que Shawnee III était un intellectuel. S'attaquer à James Joyce, quand même, ce n'est pas rien. VLB a pondu une brique, assez indigeste ma foi, sur cet auteur, irlandais, mais surtout illisible. J'ai essayé de lire plusieurs fois Ulysse, je n'ai jamais réussi. Je l'avais donc sorti il y a deux jours, me disant que je ferais une énième tentative.

Mon petit Shawnee a peut-être deviné que je ne mettrais pas longtemps avant de laisser encore tomber. Alors il l'a détruit, m'épargnant la corvée d'essayer, pour la dixième fois peut-être, par acquit de conscience, de lire ce supposé chef-d'oeuvre.

Ne dit-on pas que le chien est le meilleur ami de l'homme?

Bernard Marcoux, écrivain

Abandonnée dans la tempête

J'ai reçu une lettre de l'Agence de la santé de Montréal pour le suivi de mon cancer du sein. En fait, «suivi» est un bien grand mot, car la question est par qui et comment? Il y a, bien sûr, l'infirmière pivot, mais elle est toujours débordée et elle doit toujours parler au médecin avant de nous donner une réponse, alors que celui-ci est toujours difficile à rejoindre.

J'ai subi l'ablation du sein gauche à 8h30 à l'Hôtel-Dieu et à 16h, j'étais dans la voiture pour revenir chez moi, complètement étourdie. J'ai dû trouver un ami pour venir me chercher, en téléphonant de mon lit dans la chambre de réveil. J'avais la bouche complètement sèche et j'ai demandé de l'eau à plusieurs reprises. En vain. On était pressé de me mettre dehors. Comme mon médecin m'avait confirmé que je serais hospitalisée durant 48 heures, je n'avais pas pris de disposition pour un retour si rapide à la maison.

Ensuite, j'ai reçu des traitements hebdomadaires de chimiothérapie. Ils ont brûlé mes veines. Au fil des jours, j'ai perdu mes ongles d'orteils et je n'ai jamais pu consulter mon médecin, car il était en vacances.

Un mois après les traitements de chimio, j'ai éprouvé des douleurs atroces à la cage thoracique. J'ai dû attendre huit heures à l'urgence. Ils m'ont fait subir des tests. En attendant les résultats, j'ai bouffé des quantités phénoménales de Tylenol. Ce n'est qu'un mois plus tard que l'on m'a appris que j'avais des métastases osseuses. Maintenant, je me demande si le suivi a vraiment été bien fait.

Sylvie Bélanger, Montréal

Le vampire polyglotte

À notre club vidéo, ma petite fille a loué le DVD Vampire Diaries. Lorsqu'elle veut le regarder, surprise, il est en anglais et en portugais. Ce n'est pas le portugais qui m'insulte, mais l'absence du français. Je retourne au club vidéo et la préposée trouve ça étrange, jusqu'au moment où je lui fais remarquer que nous sommes à Montréal et non à Lisbonne. Elle se préparait à me rembourser lorsqu'on lui apprend que le magasin possède la version anglais-français. Le hic, c'est une nouveauté, donc c'est plus cher! Pourquoi dois-je payer plus cher pour avoir la version en français? Pourquoi la version en d'autres langues est-elle disponible avant la version française?

André Villeneuve, Montréal

Nuisance sociale

Ce qu'il y a de plus fâcheux avec les téléphones dits «intelligents», bien avant leur nom mensonger, c'est d'abord l'utilisation qui en est faite. Vous vous êtes sûrement déjà retrouvé, à l'occasion d'une soirée, confronté à un interlocuteur peu loquace qui ne daignait pas regarder dans votre direction, étant trop occupé à «pitonner» sur son polyvalent cellulaire. Cette déplaisante compagnie n'est que trop familière et est malheureusement devenue légion. Alors que le téléphone «intelligent» est censé être un outil rassembleur, il se révèle bien souvent être une véritable nuisance pour les relations interpersonnelles. En effet, à trop vouloir être «connecté» à la grande communauté humaine, certains en perdent subitement leur savoir-vivre et leurs bonnes manières. La faute allant peut-être au narcissisme florissant ayant cours sur les réseaux sociaux contemporains. Quoi qu'il en soit, la situation ne risque pas de s'améliorer de sitôt, étant donné qu'ils sont nombreux à croire qu'aujourd'hui, pour aspirer à être quelqu'un et «exister», il vous faut posséder un téléphone «intelligent». Espérons, à tout le moins, que ces téléphones mobiles viennent avec une application gratuite dédiée à la politesse.

Étienne Boudou-Laforce, Québec