C'est par un samedi froid de novembre que les efforts des derniers mois, voire des dernières années, ont pris tout leur sens. L'équipe de football juvénile de la polyvalente Lavigne a remporté son premier Bol d'or.

À la suite de l'incendie qui a ravagé leur école le 21 septembre dernier, les INUK sont devenus un symbole d'espoir et un point d'ancrage pour toute une communauté scolaire durement éprouvée.

Ce fut effectivement une belle victoire, bien au-delà du pointage sur le tableau indicateur.

La vraie victoire est ailleurs. Elle est dans la tête et le coeur des joueurs. Ces joueurs ont appris grâce à un excellent programme de football à vaincre leurs peurs et le cynisme.

Ces footballeurs ont compris, malgré le fait qu'ils soient scolarisés dans une école publique défavorisée, qu'ils pouvaient rivaliser et vaincre les meilleures équipes du circuit.

Grâce à ce programme de football, les joueurs ont pu apprendre à gagner dans l'honneur, la dignité et le respect de l'adversaire.

Invaincus, les INUK de la polyvalente Lavigne ont terminé la saison avec une réputation irréprochable au point de vue de l'éthique sportive.

Ce samedi, ce fut aussi la victoire du principe de l'accès équitable et juste à l'éducation. À l'instar des écoles publiques, notre programme de football a toujours et sera pour toujours inclusif. Il n'y a aucune sélection. Depuis sa mise en place en 2006, notre équipe de football n'a jamais laissé un jeune sur la touche et a toujours permis aux élèves, indépendamment de leur talent ou de leur condition sociale, de pratiquer ce merveilleux sport.

Le 12 novembre, l'équipe championne du Bol d'or était formée de petits, de gros, d'élèves performants, d'élèves en difficultés, d'élèves favorisés et d'élèves moins nantis.

Ce jour-là, c'était pour une bonne dizaine de joueurs leur dernier match de football au secondaire. Certains évoluaient avec nous depuis leur entrée au secondaire. Nous les avons vus grandir, maigrir, prendre du coffre. C'était pour nous une belle occasion de faire un bilan de toutes ces petites victoires qu'ont vécues certains d'entre eux.

À toi Michael, qui n'était pas capable de faire un tour de terrain en joggant et qui est devenu un redoutable secondeur de ligne, nous te félicitons.

À toi Kévin, qui revenait au banc la larme à l'oeil quand tu te faisais plaquer, à toi qui pour l'idée de faire un jour des études supérieures était résolument utopique, à toi qui est devenu le quart arrière étoile que s'arrachent actuellement les cégeps, nous levons notre chapeau.

Et à toi Manu, qui ne pensait pas finir son secondaire, qui est resté pour jouer, nous te félicitons pour ton diplôme et nous te souhaitons bon succès dans tes études et dans ta carrière de football au collégial.

Ce samedi, c'est non seulement le football comme vecteur de réussite qui a triomphé, c'est tout le sport scolaire. Car c'est avec des équipes de football, des troupes de danse, des clubs d'échecs et des entraîneurs qualifiés et signifiants que l'on diplôme notre jeunesse.

Le 12 novembre 2011, deux équipes s'affrontaient. Deux équipes formées de jeunes et d'entraîneurs qui ont fièrement représenté leur école et leur communauté. Deux équipes se sont rencontrées pour faire une chose à la fois simple et noble: tenter de remporter le Bol d'or. Dans les deux cas, les jeunes étaient là portant leur équipement au lieu de traîner dans la rue. Ce jour-là, une équipe a perdu, l'autre a gagné. Dans les deux cas, il y a eu un apprentissage de la vie, dans les deux cas, ils en sont sortis grandis. Elle est là, la vraie victoire.