Depuis l'existence de Facebook, il faut se demander si cette forme d'amitié virtuelle est adéquate pour les enseignants du Québec, notamment ceux du secondaire. En fait, devraient-ils avoir le «droit», moralement du moins, d'avoir des amis qui sont aussi leurs élèves?

Cette question en est une de bon jugement et de gestion intelligente de l'amitié. Ce mot perd d'ailleurs drôlement de ses plumes au sein des utilisateurs de ce réseau social mondialisé!

Parlant d'utilisateurs, il y en a de tous les genres. Ainsi, certains, même s'ils occupent des fonctions importantes, tenaient une passoire dans leurs mains quand le jugement est passé. Et la maladie du manque de jugement fait aussi des victimes parmi les enseignants.

À titre d'exemple, un professeur a convié ses élèves de 3e secondaire à visiter un «extraordinaire site de poker en ligne»... Un autre a déposé des photos où on le voit, de toute évidence en état d'ébriété, baignant dans un spa, montrant à la caméra une dixième bière comme s'il avait tenu un trophée. Pas fort!

Il faut savoir faire preuve de discernement. Il faut que l'enseignant démontre un esprit critique et trie les photos et les pensées publiables.

Facebook est un paradis pour faire paraître des publicités, et ce, tout à fait gratuitement. Que ce soit pour promouvoir un événement culturel, sportif ou autre, il faudrait se demander si ce média social n'est pas supérieur aux radios locales et régionales.

Ainsi, l'enseignant qui utilise Facebook pour promouvoir un événement qui pourrait intéresser ses élèves a tout un pouvoir: lancements de livres, concours d'écriture, diffusion d'une émission ou d'un documentaire pertinent, bons coups et photos de certains jeunes, etc. C'est un cadeau idéal pour passer un message intelligent!

Aussi, l'enseignant doit prendre conscience qu'il est enseignant, d'une certaine façon, à plein temps. C'est illogique d'y écrire sa vie personnelle. C'est là que l'utilisation de Facebook est inappropriée. Il ne doit pas étaler sa vie privée, sinon il court à sa perte.

Ce serait une pure ineptie de lire sur la page d'une enseignante: «Je prends un bain, je sors me saouler et après je me colle avec mon coco toute la nuit». Si cette enseignante veut être la risée de ses élèves pour une partie de l'année, elle a déployé les stratégies idéales pour y parvenir en se comportant ainsi.

Somme toute, même si des gens argumentent ici et là que les professeurs ne devraient pas ouvrir leur propre page Facebook, c'est une condamnation qui ne tient pas compte de la réalité. Les enseignants ont aussi le droit de vivre, d'avoir des contacts, des amis, des pensées...

Or, c'est évident qu'un enseignant ne peut se comporter sur Facebook comme beaucoup de gens peu frileux agissent. Ils doivent bannir les photos trop suggestives et les propos qui pourraient donner des indices péjoratifs sur leur vie privée. C'est une question de jugement et de bon sens.

Une solution? Si. Pour le Québec du moins... Le ministère de l'Éducation et les quelque 80 000 directions d'école devraient s'activer pour penser à informer ou à suggérer des façons de faire en offrant, notamment, une formation universitaire aux nouveaux enseignants qui s'élancent vers cette profession placardée d'interdits.