Depuis quelques années, bien des gens tentent, durant la période des Fêtes, de trouver des moyens de plaire à tout le monde ou de ne déplaire à personne. On a entendu des «joyeux décembre», «joyeuses Fêtes», «heureuses Fêtes» et même «joyeux hiver». Dans certains lieux publics, un peu partout au pays, on a même retiré les sapins de Noël. Je trouve difficile de renier mes origines, mes traditions.

Lorsque j'étais petit, mon grand-père paternel organisait une grande fête pour toute la famille dans le coin de Saint-Norbert. Je ne me souviens pas de tout, car j'étais beaucoup trop jeune, mais l'odeur qui se dégageait de la maison est toujours présente dans ma mémoire, même 50 ans après. Lorsque mon grand-père est mort, ma grand-mère a pris la relève, allant jusqu'à louer une salle pour accueillir la famille de plus en plus nombreuse. On était mieux d'avoir une bonne raison si on voulait rater ce rendez-vous annuel, car ma grand-mère n'avait pas la langue dans sa poche. Nous chantions et dansions toute la nuit en plus de manger ce que nous avaient concocté toutes les femmes du clan. Mes souvenirs sont beaucoup plus clairs de cette époque parce que j'avançais en âge et la joie de revoir cousins et cousines me comblait de bonheur.

Au décès de ma grand-mère, mon parrain et ma marraine ont repris le flambeau, invitant toute la famille à festoyer dans leur douillette maison de l'avenue De Lorimier. Mon artiste de père jouait de la guitare et chantait toutes les chansons du répertoire, en plus des chansons à répondre un peu plus grivoises, plus l'heure avançait. Il était un raconteur hors pair et il faisait rire tout le monde. Tout le clan était suspendu à ses lèvres. Je me souviens tellement de cette période de ma vie d'ado. J'admirais tellement les talents de cet homme qui semblait renaître à tous les ans. Il devenait le centre d'attraction de la famille pour un court laps de temps, lui qui normalement était si timide, si renfermé. J'aurais tellement aimé le lui dire de vive voix...

Lorsque mon père est mort, les grandes fêtes se sont tues avec lui. Comme si le dernier vestige de notre passé familial venait de se briser. Mon parrain n'a plus jamais été le même, ma mère non plus d'ailleurs. Ma mère organisait quelques soupers ici et là, certains de mes oncles tentaient de remplacer l'irremplaçable, mais en vain.

Aujourd'hui, je me souviens, je me rappelle et je raconte... En mémoire de mes grands-parents, de mon père et de ma mère, peu importe vos croyances religieuses, peu importe votre pays d'origine, peu importe votre allégeance politique, pour le respect de tous les miens...

Je vous souhaite un très joyeux Noël.