Chers enfants, j'aimerais vous dire que j'ai l'impression que nous, les baby-boomers, nous nous sommes trompés. Nous croyions avoir un grand rêve de société, mais peut-être qu'en fait, nous ne voulions que satisfaire des envies égoïstes. Il me semble que nous voulions vous laisser un monde meilleur; notre échec aura été remarquable. Nous croyions rêver d'une société plus juste, plus harmonieuse et plus respectueuse, mais nous vous léguons l'inverse.

Chers enfants, j'aimerais vous dire que j'ai l'impression que nous, les baby-boomers, nous nous sommes trompés. Nous croyions avoir un grand rêve de société, mais peut-être qu'en fait, nous ne voulions que satisfaire des envies égoïstes. Il me semble que nous voulions vous laisser un monde meilleur; notre échec aura été remarquable. Nous croyions rêver d'une société plus juste, plus harmonieuse et plus respectueuse, mais nous vous léguons l'inverse.

On vous lègue une société de plus en plus injuste où l'écart entre les riches et les pauvres s'est agrandi. Vous vous retrouvez avec une société où la consommation est devenue un nouveau dogme. Nous cherchons tous à bien paraître, à avoir une belle maison, une belle auto, un beau grand terrain avec une belle piscine creusée et plein de beaux gadgets électroniques. Peu importe si cela ne sert qu'à accroître le cercle vicieux de la consommation, cela nous aide à avoir l'air que quelque chose... mais de quoi au juste?

On vous lègue une société où les dirigeants me font honte. Pourtant ces dirigeants, c'est ma gang qui les choisit. J'ai honte, lorsque mon gouvernement fait une cavale mondiale pour s'opposer à toute réglementation des institutions financières. Croit-on vraiment que cet asservissement aux lois de libre marché va nous mener à un plus grand bien pour tous? Nous avons exploité les pays sous-développés, en s'assurant qu'ils restent bien sous-développés ; il faut bien soutenir notre consommation.

On vous lègue une planète saccagée où chaque recoin a été exploité. Des lacs et des océans pollués, un air vicié, le réchauffement climatique, les espèces qui disparaissent. Mais bon, on maintient le cap. Après nous le déluge... et puis après!

Pour terminer l'entreprise de démolition, on s'affaire depuis quelques années à abattre ce qui reste de filet de sécurité sociale. Le travail est intense afin de détruire le système d'éducation et le système de santé publique. Nous occupons toutes les tribunes publiques afin de chanter les louanges de la privatisation et de la diminution de l'État. De toute façon, nous n'avons plus vraiment besoin de ces systèmes publics: nous n'allons plus à l'école et nous avons de bonnes assurances.

Chers enfants, j'espère qu'on ne vous lègue pas notre nombrilisme, votre indignation est bien légitime.