Le semestre dernier, j'ai accompagné une physiothérapeute durant son travail à l'hôpital et j'ai eu la chance de rencontrer une patiente qui m'a beaucoup frappé.

Le semestre dernier, j'ai accompagné une physiothérapeute durant son travail à l'hôpital et j'ai eu la chance de rencontrer une patiente qui m'a beaucoup frappé.

C'était une femme âgée d'une quarantaine d'années, atteinte de sclérose en plaques. Ce jour-là, c'était sa dernière visite au centre de réhabilitation; lors des derniers mois, sa condition avait cessé de s'améliorer.

Durant la session de physio, j'ai pu voir de mes yeux les effets de cette maladie: une paralysie progressive - dans son cas surtout au niveau des jambes - et de l'incontinence. L'effet le plus dévastateur de cette maladie est le fait de devenir de moins en moins indépendant.

Mais ce qui m'a surtout frappé a été le rapport que la physiothérapeute avait avec la patiente: un regard humain qui ne se concentrait pas sur la maladie, mais sur la personne elle-même. Durant la session, je me demandais: «Comment est-ce possible? Où cette pauvre femme trouve-t-elle la force de continuer à vivre, de faire ses exercices, en sachant que sa condition ne peut que se détériorer?»

À la fin de la rencontre, la patiente a fait ses adieux à la physiothérapeute, et elle s'est retournée vers moi en disant: «Tu sais, c'est grâce à des personnes comme elle que je peux dire que la vie vaut la peine d'être vécue.»

Cette phrase est une provocation pour nous, membres du secteur de la santé, mais également pour tout le monde; elle signifie que l'humain qui entre en relation avec l'autre évoque en ce dernier (et en soi-même!) un plus grand désir, et ne peut y rester passif. Le patient est avant tout un être humain; il ne peut être regardé uniquement par rapport à sa maladie. Nous tous désirons beaucoup plus qu'une simple guérison «physique», nous avons besoin tout d'abord d'être aimés: voilà ce qu'est la dignité.

La véritable «dignité» que l'on invoque si souvent dans les débats sur l'euthanasie au Québec ne peut pas s'accomplir en donnant la mort, mais en posant un regard différent sur les patients parce que leur vie vaut la peine d'être soutenue.

Gardons la phrase de cette patiente comme un défi et un point de départ pour se lancer dans une grande aventure!