En 1991, c'était le début de la nouvelle ère des cartes de hockey. À l'époque, des ados boutonneux engrangeaient des gains spectaculaires en vendant leurs cartes de Bobby Orr, Wayne Gretzky ou Ken Dryden, trouvées dans les souvenirs de leur père. La valeur des cartes de hockey était résolument à la hausse, et les petits culs de 12 ans comme moi brûlaient leur argent de poche au dépanneur du coin, espérant mettre la main sur la plus rare.

Toute bonne chose a une fin. Flairant la bonne affaire, différentes entreprises ont saturé le marché, annihilant de ce fait la rareté de nos précieuses cartes de hockey. Tellement que les cartes de cette époque ne valent presque rien de nos jours. La demande a chuté.

La folie entourant le bitcoin me rappelle cette période de ma vie, un moment où la perspective d'un gain « facile » était capable de venir à bout de toute rationalité financière. À la différence que le bitcoin a un nombre connu et limité d'unités.

Ce qui se cache derrière le bitcoin, c'est la blockchain (chaîne de blocs), ou cet espoir technologique qui consiste à sécuriser les transactions sans passer par le système bancaire.

Le bitcoin n'est que le sommet de l'iceberg, le porte-étendard des multiples possibilités que permettra cette technologie. Et c'est ce qui a une grande valeur.

Mais est-ce que l'avenir est dans la blockchain ? On dirait bien que les milliards investis en recherche et développement décupleront les modèles d'affaires possibles. C'est là que l'investisseur moyen y trouvera son compte.

LA RUÉE VERS L'OR

Pas une journée ne passe sans que quelqu'un me demande pourquoi je n'incite pas les gens à acheter des bitcoins. La raison est simple : recommander un placement de cette façon est illégal. De plus, la valeur du bitcoin est basée sur de la pure spéculation. La valeur monte beaucoup depuis quelques mois parce que la demande est supérieure à l'offre. La valeur du bitcoin, c'est donc l'espoir de vendre plus cher ce qu'on a acheté à quelqu'un d'autre.

Cependant, on ne peut pas comparer l'investissement dans le bitcoin à celui dans Facebook, par exemple. L'investisseur Facebook croit que les flux monétaires nets du réseau social seront en hausse parce qu'il y a un potentiel de vente de publicité en croissance et de multiples possibilités de convergence de services. C'est un peu comme lorsqu'on achète des actions de Restaurant Brands International. On croit alors que Tim Hortons vendra plus de cafés et exploitera plus de franchises. Mais quand on achète un bitcoin, on est assuré de quoi, exactement ? De pas grand-chose. On souhaite simplement qu'il y ait un acheteur plus motivé que soi. Le modèle d'affaires est plus difficile à rationaliser.

LA SPÉCULATION ET LE RENDEMENT

Il est vrai que des investisseurs ont fait fortune avec le bitcoin et que d'autres continueront à le faire. Est-ce que la valeur de cette monnaie sera à 10 000 $US l'unité dans le futur ? Possible. Vais-je en acheter ? Non.

Sauf que, avant de se lancer dans l'aventure bitcoin, il faut réfléchir à son profil d'investisseur. Au casino, êtes-vous du genre à tout miser sur le rouge à la roulette ? Si votre réponse est oui, vous faites partie des investisseurs potentiels de cette cryptomonnaie. Personnellement, je préfère avoir une moyenne de ,500 au bâton et frapper des doubles régulièrement plutôt que de frapper un coup de circuit spectaculaire et d'être retiré sur trois prises neuf fois sur dix. C'est une question de choix. L'argent facile et garanti, ça n'existe pas.

Il y a peu, un investisseur m'a dit qu'il faisait un rendement de 0,9 % par jour avec un investissement lié au bitcoin. Il me jasait de ça tout en étant convaincu que la valeur de son investissement ne descendrait jamais. Je ne sais pas comment on peut penser qu'un rendement annuel de plus de 300 % sans risque important est possible, mais passons.

Comme ce fut jadis le cas pour les cartes O-Pee-Chee, Upper Deck, Bowman et Pro Set, les nouvelles monnaies se multiplient. Personne ne peut cependant garantir que, dans le futur, la demande sera la même pour chaque déclinaison des cryptomonnaies. Chose certaine, j'ai encore toutes mes cartes de hockey dans mon sous-sol. Et je suis prêt à vendre la carte recrue d'Owen Nolan pour 2 $. Je vous entends d'ici vous demander qui est Owen Nolan, alors qu'en 1991, tout le monde s'arrachait cette carte. Dire que j'étais persuadé de faire fortune avec le premier choix au repêchage des Nordiques.