Aux États-Unis, ceux qui font l'inventaire des tueries de masse les plus abominables côtoient l'horreur plus souvent qu'auparavant.

La fusillade de dimanche au Texas s'est hissée dans le top 5 des fusillades les plus meurtrières de l'histoire moderne en sol américain. Le tireur a tué 26 personnes de sang-froid. Hommes, femmes, enfants.

Il y a cinq semaines - à peine plus d'un mois, pensons-y -, la tuerie de Las Vegas avait atteint le premier rang de ce triste inventaire. Le tueur, du haut du 32e étage de l'hôtel Mandala Bay, avait abattu 58 personnes.

Jusqu'au drame épouvantable de Las Vegas, la fusillade la plus meurtrière de l'histoire moderne aux États-Unis avait eu lieu dans un club gai d'Orlando, en Floride : 49 morts. Vous vous en souvenez probablement parce qu'elle est récente, elle aussi. Juin 2016.

Et ce n'est, bien sûr, que le pic de l'iceberg. Car des fusillades (au moins quatre personnes tuées ou blessées, incluant le tueur), il y en a déjà eu 307 depuis le début de l'année).

Prononcer le mot épidémie n'est certainement pas une hérésie.

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La première réaction de Donald Trump à la tuerie au Texas en a été une de déni. « Ce n'est pas une question liée aux armes à feu », a-t-il dit.

Le président américain a parlé de « la santé mentale » du suspect, affirmant que c'était « le problème ». Il a présenté ses condoléances et évoqué des « prières ». Mais il n'a proposé aucune solution. Aucun remède.

C'est maintenant une constante : quand Donald Trump parle d'armes à feu, on a l'impression d'entendre un alcoolique qui refuse d'admettre qu'il a un problème.

On a aussi l'impression d'entendre un lobbyiste à l'emploi de la National Rifle Association, l'un des groupes de pression les plus influents aux États-Unis.

La majorité des ténors du Parti républicain au Congrès sont dans le même bateau. Ils ne veulent surtout pas effaroucher la NRA. Elle est reconnue pour aider financièrement ses alliés et faire campagne contre les politiciens qui osent la défier.

Après la tuerie de Las Vegas, on a eu, brièvement, l'impression qu'une petite, très petite ouverture était possible. La grogne étant trop forte, les dirigeants de la NRA et les politiciens républicains ont semblé vouloir mettre de l'eau dans leur vin.

Le mécanisme utilisé par le tireur de l'hôtel Mandala Bay pour transformer ses armes à feu semi-automatiques en armes à feu automatiques a été montré du doigt. Certains ont dit vouloir l'interdire. Mais tout indique que la volonté politique des politiciens républicains s'est dissipée aussi vite que la poussière est retombée.

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En matière de contrôle des armes à feu, plusieurs mesures fondamentales pourraient être mises de l'avant. Interdire la vente des armes semi-automatiques, par exemple. Ou limiter la capacité des chargeurs. Ou encore, imposer une vérification obligatoire des antécédents des acheteurs.

Ces initiatives ont été proposées par les démocrates au Congrès américain à la suite de la tuerie dans une école primaire au Connecticut en 2012. Elles sont restées lettre morte.

Les républicains contrôlent depuis janvier dernier, à Washington, la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès. Ils sont peut-être impassibles, mais ils ne sont assurément pas impuissants. C'est la raison pour laquelle les voir les bras croisés est si désespérant.