Que diriez-vous d'être abonné à un système de location de vêtements ? Ou de vous habiller de matières compostables ou de coton ou de cachemire recyclé ?

Comme nous sommes de plus en plus nombreux à chercher des solutions nouvelles pour l'achat de vêtements, à nous demander comment il est possible de s'habiller joliment à prix raisonnable en 2017, sans démolir la planète avec les polluants de cette industrie, sans produire encore plus de déchets et sans exploiter les travailleurs dans les pays où ils sont moins protégés, et bien, de plus en plus de gens cherchent comment répondre à nos questions. Et proposent des pistes.

Les solutions ne sont pas toutes bon marché, mais les réflexions vont bon train.

La société allemande Adidas, par exemple, s'est alliée à Parley, un mouvement de défense des océans, pour fabriquer des vêtements avec de la fibre produite à partir des déchets de plastique qui polluent les mers partout. Le designer québécois Philippe Dubuc, lui, propose des pulls de cachemire recyclé.

En Suisse, les gens de la marque Freitag, qui ont fait un tabac dans les années 2000 avec leurs sacs fabriqués en bâche de camionnage récupérée, se sont lancés dans la production d'un tissu compostable, leur F-abric produit à partir de chanvre et de lin et de vêtements dont même le fil est totalement biodégradable.

En Suède, des chercheurs de la société re : newcell ont mis au point un procédé et un modèle d'affaires pour refaire du nouveau tissu avec du vieux coton. Donc, pour prendre des vêtements déjà tissés et teints et récupérer la fibre, la refiler et en refaire des vêtements. En Finlande, des chercheurs de l'université d'Aalto ont trouvé une façon de refaire des fibres avec des tissus mixtes combinant coton et polyester et ont présenté le tout le printemps dernier à l'American Chemical Society.

Mais une des solutions les plus simples et directes est probablement celle de l'ancienne journaliste danoise Vigga Svensson, qui a démarré à Copenhague une entreprise de location de vêtements.

En gros, son entreprise, qui s'appelle Vigga, propose des « paniers » de vêtements pour bébés par un service d'abonnement.

Donc, dès qu'on est enceinte, on s'inscrit et on commence tranquillement à recevoir des vêtements de maternité qu'on redonne au système quand ils ne font plus et qui sont remplacés par d'autres vêtements plus grands pour bedons plus volumineux.

Ensuite, quand bébé naît, la roue continue de tourner, et ce modèle d'économie circulaire continue à fonctionner. On reçoit un panier de vêtements pour nouveau-né, puis pour bébé de 1 mois, etc.

« J'ai eu pendant 10 ans une marque de vêtements pour bébés écologique, Katvig, mais on a fini par se rendre compte qu'on faisait nous aussi, malgré nos efforts, partie du cycle de surconsommation. On avait juste la moitié de la solution », explique Mme Svensson, en entrevue téléphonique.

Donc, les vêtements, bien que super écolos, finissaient par être mis au rancart, pour ne pas dire à la poubelle, dès que bébé était trop grand.

Pour répondre à cela, Mme Svensson a donc décidé de vendre sa première entreprise et, à la place, de mettre en marche un système qui permette la réutilisation directe de vêtements, de fabrication toujours aussi écologique.

Donc, sa nouvelle entreprise institutionnalise, structure, rend commercialisable des pratiques courantes entre copines : quand les pyjamas, habits de neige, salopettes et compagnie sont trop petits, hop ! on les refile à d'autres. Après deux ans, Vigga devrait, selon ses calculs, commencer à faire des profits en décembre prochain.

Le gros du boulot, explique Mme Svensson, est fait par un sous-traitant, une grande société danoise de nettoyage de linge, qui travaille aussi avec les hôpitaux. Évidemment Mme Svensson a choisi une entreprise qui utilise des méthodes sans produits chimiques, mais qui nettoie aussi les vêtements de façon parfaitement hygiénique.

Ensuite, chez Vigga, qui compte cinq employés, on inspecte les vêtements pour voir s'ils doivent être réparés. Et on les re-prépare pour le prochain bébé. Le tout coûte entre 52 et 75 $ par mois environ, et on obtient ainsi une vingtaine de pièces de vêtements chaque fois.

Le système, explique l'entrepreneure, fonctionne jusqu'à l'âge de 2 ans. Après cela, les vêtements sont portés plus longtemps par les enfants et deviennent donc moins recyclables.

Cela dit, Mme Svensson ne met pas de côté la possibilité d'étendre le service pour les enfants plus grands, dans certaines catégories de vêtements plus spécifiques : les manteaux, habits de neige, robes et tenues chics, bref ce qui s'use moins.

Évidemment, on peut imaginer des systèmes semblables pour les jouets et toutes ces poussettes et autres chaises hautes ou structures de jeu qui sont volumineuses et extrêmement utiles, mais généralement pour une période bien précise et limitée de l'évolution du petit.

« Mais pour le moment, on veut surtout augmenter l'étendue de notre service », explique Mme Svensson, qui a environ 3000 abonnés, dessert uniquement le Danemark et compte bien conquérir d'autres pays d'Europe.

À quand un service Vigga au Québec ?

Vêtements de maternité et de bébés de la compagnie danoise Vigga. Photo fournie par VIGGA-www.vigga.us

Vêtements de maternité et de bébés de la compagnie danoise Vigga. Photo fournie par VIGGA-www.vigga.us