Durant encore les cinq prochaines années, la Banque du Canada conservera son mandat de viser un taux d'inflation globale qui oscille dans une fourchette de 1 % à 3 %.

L'annonce de la reconduction a été faite conjointement hier par la Banque et par le ministère des Finances. Elle sera en vigueur jusqu'au 31 décembre 2021.

Cette fourchette avec pour cible le chiffre magique de 2 % est en place depuis 1991. Le rôle de la Banque consiste à ajuster sa politique monétaire de manière à ce que le taux d'inflation soit à sa cible sur un horizon d'environ deux ans. En septembre, il se situait à 1,3 %, en hausse de deux dixièmes par rapport à août.

Le taux d'inflation restera mesuré par la variation annuelle de l'indice des prix à la consommation (IPC) de Statistique Canada. Il s'agit d'un panier de biens et de services qui inclut les aliments, le logement, les dépenses courantes, les vêtements, le transport, les soins de santé, les loisirs et la formation, les boissons alcoolisées et le tabac. Il existe beaucoup d'éléments pour chaque sous-ensemble.

La maîtrise de l'inflation grâce à une cible à moyen terme permet de stabiliser les attentes inflationnistes. C'est un élément essentiel pour favoriser les investissements et la croissance. Avant 1991, le taux d'inflation variait beaucoup, alimentait la spéculation et grugeait le pouvoir d'achat.

Pourquoi la cible de l'inflation est-elle de 2 % ?

La Banque a jonglé avec l'idée de relever la cible, comme le lui ont suggéré nombre d'économistes. Cela lui aurait donné théoriquement plus de marge pour stimuler l'économie en cas de faible croissance comme maintenant. Cette police d'assurance a toutefois un coût : les Canadiens auraient dû supporter une érosion accrue de leur pouvoir d'achat pour que la Banque ait la possibilité d'abaisser davantage son taux directeur. La Banque a plutôt opté pour des outils d'assouplissement non conventionnels. Elle a porté de 0,25 % à moins 0,5 % le plancher du taux directeur. Depuis juillet 2015, il est fixé à 0,5 %, mais la Banque a jonglé avec la possibilité de l'abaisser à nouveau, la semaine dernière.

D'autres banques centrales ont aussi adopté une cible d'inflation de ou près de 2 %. Mentionnons la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et la Banque d'Angleterre.

Comment la Banque du Canada mesure-t-elle la tendance de l'inflation ?

Dans l'IPC, plusieurs éléments sont très volatils et peuvent brouiller la compréhension du mouvement général des prix. L'essence, les fruits et les légumes ou encore les taxes font partie des éléments les plus volatils. La Banque a créé un indice, l'IPCX, qui élimine huit des composantes les plus volatiles de l'IPC. Ces derniers temps toutefois, d'autres éléments de l'IPCX ont brouillé la lecture, en raison notamment de l'affaiblissement soudain du dollar canadien. Désormais, la Banque va scruter la tendance de l'inflation fondamentale à l'aide de trois nouveaux sous-indices qu'il faudra apprivoiser. L'IPC-comm, qui suit les mouvements communs des prix entre les catégories de l'IPC. L'IPC-tronq, qui exclut les composantes dont le taux de variation mensuelle se situe dans les queues de distribution des variations de prix. Enfin, l'IPC-méd qui correspond à la variation de prix se situant au 50e percentile de la distribution des variations mensuelles des prix pondérés selon des composantes de l'IPC.

Ces trois sous-indices n'évoluent pas forcément dans le même sens. Au fil du temps, on apprendra comment la Banque jauge leur importance et leur interaction.

Les autres banques centrales mesurent-elles la tendance de l'inflation ?

Pas toutes. Les banques d'Angleterre et de Suisse ne publient aucune mesure. La Banque de Norvège utilise une forme d'IPC tronqué. La Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne préfèrent exclure quelques composantes de l'IPC : les aliments et l'énergie. La nouvelle formule composite de la Banque du Canada est inédite. Sa mise au point dès janvier dépend de la capacité de Statistique Canada.

infographie la presse