La valeur des ventes des manufacturiers est repartie à la hausse en août après avoir fait du surplace en juillet, augmenté en juin, mais reculé en mai.

Ce mouvement en dents-de-scie fait bien ressortir qu'aucune tendance nette ne se dessine dans ce secteur industriel vital pour relancer les exportations canadiennes hors ressources de manière durable.

Les données publiées hier par Statistique Canada sont néanmoins positives dans l'ensemble. Les ventes ont augmenté dans 15 industries sur 21 et dans 8 provinces sur 10. Les deux exceptions sont Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec.

Les ventes du secteur manufacturier québécois ont reculé de 1,7 % et elles accusent un repli de 4,2 % sur la valeur observée en août 2015.

Le segment des produits aérospatiaux y est pour beaucoup. Il a encore reculé de 2 % en août, poussant l'hémorragie à 23,7 % depuis un an, reflétant les déboires actuels de Bombardier aéronautique.

En comparaison, les produits du pétrole et du charbon ont augmenté de 2,5 % en août. Il s'agit de la deuxième augmentation mensuelle d'affilée après les difficultés provoquées par les incendies de forêt dans la région de Fort McMurray. Avec ce rattrapage, le repli annuel atteint 12,9 %, soit à peine un peu plus de la moitié de la chute du segment aérospatial.

Les produits métalliques ouvrés représentent l'autre segment en difficulté depuis un an avec une baisse mensuelle de 1,9 % encore en août et annuelle de 10,3 %. Ce segment et celui de l'aérospatial sont deux des trois grands responsables du repli des ventes des manufacturiers québécois, l'autre étant celui des produits chimiques, précise l'agence fédérale.

La fermeture aux fins de maintenance d'une usine d'assemblage de véhicules aura aussi limité à 0,8 % seulement la hausse des ventes en Ontario. Premier manufacturier du pays, l'Ontario enregistre une modeste augmentation annuelle de 0,6 %. C'est à la Colombie-Britannique que revient la palme de la meilleure croissance annuelle à hauteur de 8,1 %.

Parmi les segments qui se tirent bien d'affaire, il faut souligner la fabrication d'aliments. Le bond de 6,5 % a permis de franchir la barre des 8,5 milliards de dollars, un sommet historique.

La transformation des aliments représente la plus importante des industries manufacturières. Sa valeur est désormais près du double de celle des produits du pétrole et du charbon.

En août, la variation des prix n'a pas gonflé la performance de la fabrication, au contraire. En mesurant la variation des volumes, on en arrive à une augmentation de 1,2 %. Depuis le début de l'année, les volumes avancent toutefois de 1,1 %, ce qui illustre encore les difficultés du secteur.

Fait encourageant, les volumes des stocks sont à leur niveau le plus faible depuis janvier.

Si les ventes continuent de progresser, cela suggère qu'il faudra augmenter la production.

Cela est toutefois loin d'être acquis. Pour le deuxième mois d'affilée, la valeur des commandes en carnet a diminué en août, de 1,3 % cette fois-ci. La faute est à mettre sur le taux de change en bonne partie. Comme l'industrie aérospatiale compile ses commandes en dollars américains, l'appréciation du huard face au billet vert en août a diminué la valeur de ces commandes. Sans l'aérospatiale, la valeur des commandes en carnets augmente de 0,7 %.

La valeur des nouvelles commandes a reculé de 0,9 %. Elle vient de passer sous la barre symbolique des 50 milliards. Depuis un an, elle recule de 3,2 %.

La bonne progression des ventes en août annonce une contribution positive de la fabrication à la croissance trimestrielle, à moins d'une chute surprise en septembre.

En revanche, la faiblesse des nouvelles commandes suggère que l'activité manufacturière est susceptible de ralentir durant l'automne. Si on ajoute à cette hypothèse l'entrave représentée par le resserrement des normes d'allocation de prêts hypothécaires entrées en vigueur cette semaine, il faut s'attendre à une augmentation bien modeste de l'activité économique au quatrième trimestre.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

La transformation des aliments représente la plus importante industrie manufacturière du pays. Sa valeur est désormais près du double de celle des produits du pétrole et du charbon.