Quel bel été avons-nous eu ! Il a fait beau, les rues ont regorgé de soleil et de touristes. Par dessus tout, les entreprises ont repris goût aux délices de l'embauche, un plat savoureux sur lequel elles avaient fait la fine bouche durant la première moitié de l'année.

Durant le troisième trimestre, le marché québécois du travail s'est enrichi de 56 100 emplois, dont 38 300 dans le seul mois de septembre, selon les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada.

Grâce à cette poussée, le taux de chômage est descendu à 6,9 %, le plus faible du présent cycle. Il vient de repasser sous la moyenne canadienne.

D'un océan à l'autre, l'EPA révèle 67 200 emplois, le chiffre le plus élevé en quatre ans. Malgré tout, le taux de chômage est resté stable à 7,0 % puisque le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté tout autant.

À l'échelle canadienne, il s'agit d'un deuxième gain mensuel substantiel d'affilée, après deux reculs, qui porte à 62 000 environ l'augmentation trimestrielle. Depuis un an, la moyenne mensuelle de création d'emplois reste toutefois inférieure à 12 000, ce qui est à peu près comme celles de 10 000 et 13 000, en 2014 et 2015.

Les détails de septembre sont moins spectaculaires que le chiffre global. Les deux tiers des nouveaux emplois sont à temps partiel ; trois sur cinq environ sont dans la catégorie instable des travailleurs autonomes.

Il n'en demeure pas moins que 23 000 postes à temps plein, dont 17 000 salariés, représentent un excellent mois cette année.

Les données globales cachent aussi de grandes disparités régionales.

La poussée estivale du Québec tranche avec ce qu'on observe ailleurs au pays, en particulier si on la compare avec la performance de la Colombie-Britannique. Depuis trois mois, il se crée en moyenne 18 700 emplois par mois ici alors qu'il s'en perd 600 dans la province pacifique.

En Ontario, les 16 200 emplois de plus en septembre ne compensent pas les pertes de juillet et août. À Toronto, la perte de plus de 10 000 postes efface même tous les gains observés pendant un an.

À Montréal, c'est l'inverse. L'été permet de sauver l'année jusqu'ici tandis que Québec conserve le taux de chômage le plus faible au pays : à 4,7 %, il est deux fois moins élevé qu'à Calgary, championne canadienne avant le choc pétrolier.

Le rattrapage estival du Québec lui permet de doubler la Colombie-Britannique au chapitre du rythme de création d'emplois depuis la récession.

Depuis un an, ce rythme atteint 1,5 % au Québec contre 0,8 % à l'échelle canadienne.

Autre signe convaincant que le marché du travail gagne du tonus, la population active, c'est-à-dire celle qui détient ou cherche un emploi, a augmenté beaucoup plus vite que la cohorte des 15 ans et plus en septembre : 34 300 contre 3200.

Depuis un an, c'est l'inverse toutefois, un reflet indéniable du vieillissement de la population. Ce qu'il y a d'encourageant, c'est que les rangs de la population active recommencent à grossir alors qu'ils diminuaient depuis le début de l'année.

Il faudra toutefois quelques mois avant de confirmer qu'il s'agit vraiment d'un renversement de tendance et non d'une incongruité reliée à la grande volatilité mensuelle des données de l'EPA.

Il y a une incongruité dans le rapport de septembre : 23 200 des 38 300 emplois nouveaux se retrouvent dans le segment de l'éducation. Ils peuvent correspondre à l'embauche de contractuels en début d'année scolaire, mais force est de reconnaître qu'il s'agit d'un nombre anormalement élevé.

Les autres nouveaux emplois se retrouvent dans les administrations publiques, le segment fourre-tout des autres services, les services financiers en tout genre et la construction. Les segments des soins de santé, de la culture, de l'hébergement et de l'agriculture ont marginalement réduit leurs effectifs.

À l'échelle canadienne, le tableau est assez semblable, bien que la poussée québécoise dans l'enseignement ne s'observe pas ailleurs. On doit noter une baisse de 11 000 postes dans le commerce de gros et de détail, concentrée en Ontario.

Statistique Canada souligne aussi que le nombre de personnes à détenir un emploi augmente surtout dans la catégorie des 55 ans et plus, tout particulièrement chez les femmes. Elles sont 122 000 de plus qu'il y a un an à détenir un emploi, alors que leur population a augmenté de 156 000. Chez les hommes, les chiffres sont de 49 000 et 154 000 respectivement.

Cela reflète à la fois le vieillissement de la population et l'entrée en force des femmes sur le marché du travail depuis une trentaine d'années.

INFOGRAPHIE LA PRESSE