Ce ne sont plus quatre, mais deux hausses de taux seulement que la Réserve fédérale américaine envisage cette année.

En reconduisant aussi sans surprise hier la fourchette d'évolution de son taux directeur de 0,25 % à 0,5 %, en place depuis décembre, le Comité de politique monétaire s'est ainsi rapproché du consensus des prévisionnistes. Il jugeait bien hardies quatre hausses de taux en 2016 alors que l'économie américaine a ralenti sa croissance durant l'automne à un rythme annualisé de 0,7 % seulement et que beaucoup de volatilité financière a marqué le début de 2016.

Après l'annonce, les indices boursiers américains ont grimpé tandis que le billet vert s'est déprécié par rapport à la plupart des autres devises. Le dollar canadien est même passé au-dessus de la barre des 76 cents US d'équivalence.

Aux yeux du Comité, « l'activité économique poursuit son expansion à un rythme modéré en dépit des développements économiques et financiers globaux ».

Ces développements « représentent des risques », précise-t-il aussi.

Devant la presse financière, la présidente de la Fed Janet Yellen a précisé que ces risques n'étaient pas tous baissiers. Toutefois, elle a surtout mentionné les prévisions de croissance plus modestes du Fonds monétaire international, la décroissance observée au Japon cet automne, le choc pétrolier sur certaines économies émergentes et sur « nos voisins le Mexique et le Canada ».

Mme Yellen a cependant insisté sur le fait que « l'économie américaine s'est montrée très résiliente au cours des derniers mois face à ces chocs ».

Le communiqué indique aussi « une diminution des investissements des entreprises en capital fixe et la mollesse des exportations ». La première est causée par la chute des forages pétroliers, la seconde par la force du billet vert.

En contrepartie, le marché du travail se renforce toujours tandis que l'inflation reprend depuis quelques mois tout en restant sous l'objectif à long terme de 2 %.

Mme Yellen a admis que la faiblesse des augmentations de salaire était quelque peu surprenante, tout en ajoutant que cette situation peut changer rapidement au cours des prochains mois.

La prévision médiane des membres du Comité en ce qui concerne le taux de chômage est de 4,7 %, 4,6 % et 4,5 % à la fin de 2016, de 2017 et de 2018. Le taux à long terme est abaissé d'un dixième, à 4,8 %, par rapport à la projection de décembre. Cela suggère que le marché du travail est peut-être un peu moins tendu qu'on le croyait en fin d'année. En ferait foi le taux d'activité de la population qui s'est remis à augmenter.

La projection de la croissance économique est diminuée de deux dixièmes, à 2,2 % cette année et de un l'an prochain, à 2,1 %. À long terme, la production potentielle reste à 2 %. Cela signifie que les capacités de production inutilisées vont néanmoins diminuer en 2016 et 2017.

Voilà pourquoi les membres du Comité prévoient quand même deux hausses de taux cette année, portant la fourchette à de 0,75 % à 1,0 %, quatre hausses l'an prochain et cinq en 2018, soit une de plus que dans le scénario de décembre. À long terme, le taux directeur devrait osciller entre 3,25 % et 3,5 %. Ce taux est jugé neutre, c'est-à-dire celui où la politique monétaire n'est ni restrictive ni accommodante.

À plusieurs reprises, Mme Yellen a souligné qu'il ne faut pas voir un scénario déterminé dans cette projection. Le taux directeur évoluera selon l'évaluation que fera le Comité des indicateurs économiques.

La décision de reconduire le taux directeur a provoqué la dissension d'Esther George, de la Réserve régionale de Kansas City, qui aurait souhaité plutôt une hausse immédiate.

Même si le scénario économique ne sera pas mis à jour lors de la prochaine réunion des 26 et 27 avril, Mme Yellen a réitéré qu'une hausse reste possible. Les prévisionnistes misent toutefois davantage sur la réunion de la mi-juin pour le prochain tour de vis.