Avec de la chance, l'Ontario pourra retrouver l'équilibre budgétaire au cours de l'exercice financier 2017-2018, soit deux ans après le Québec.

Le budget présenté jeudi à Queen's Park par le ministre des Finances Charles Sousa table sur un déficit de 4,3 milliards (soit 0,5 % de la taille de l'économie) en 2016-2017 avant un premier exercice équilibré depuis 2008-2009.

La conjoncture économique a été particulièrement favorable l'an dernier dans la province voisine. Sa croissance réelle est estimée à 2,5 %, soit au moins deux fois plus que celle du Canada et du Québec.

Selon les données de l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail de Statistique Canada publiées hier, la province a vu augmenter de 166 200 le nombre de ses salariés non agricoles, en 2015. Pour le Québec, c'est seulement 1100.

Tout cela lui aura permis de boucler l'exercice 2015-2016 avec un déficit de 5,7 milliards, soit 2,8 milliards de moins que ce qui avait été projeté dans le budget précédent de M. Sousa. Ce chiffre pourrait encore diminuer de 150 millions, puisqu'il inclut le solde d'une réserve de 1 milliard qui sera affecté à la réduction du déficit, s'il n'est pas utilisé d'ici le 31 mars.

Pour 2016-2017, le déficit est projeté à 4,3 milliards, montant qui inclut aussi une réserve de 1 milliard.

L'Ontario a été frappé beaucoup plus durement par la Grande Récession que le Québec, en raison du poids de l'industrie automobile. Aux faillites de GM et Chrysler, qui ont toutes deux diminué leurs capacités, s'est ajoutée la fermeture de l'usine de camions Sterling.

La province a accumulé d'énormes déficits : 10,5 milliards en 2013-2014, 10,3 milliards en 2014-2015.

Pour parvenir à le ramener l'an dernier à 5,7 milliards, le gouvernement de Kathleen Wynne a dû aussi geler pour la quatrième année de suite le budget de ses hôpitaux et privatiser partiellement (15 %) Hydro One, l'homologue ontarien d'Hydro-Québec Production.

Malgré tout, la situation de l'Ontario paraît lumineuse, si on la compare à celle de l'Alberta. La province des cheiks des sables bitumineux s'oriente vers un déficit de 6,3 milliards en 2015-2016 et ses perspectives économiques et budgétaires sont peu reluisantes.

Hausse du budget des hôpitaux

Pour 2016-2017, le ministre Sousa annonce une augmentation de1 milliard au budget des hôpitaux. On soupçonne qu'il espère aussi une hausse des transferts fédéraux en santé, promise par le premier ministre canadien Justin Trudeau en campagne électorale.

Il ne pourra pas compter toutefois sur des gains exceptionnels. La croissance réelle est ramenée à 2,2 %.

En revanche, il mise sur l'augmentation plus forte du PIB nominal, qu'il estime à 4 % contre 3,6 % en 2015. Le PIB nominal est une jauge commode de la taille de l'assiette fiscale. De l'avis de quelques prévisionnistes (BMO, Banque Nationale), cela semble plutôt optimiste.

Bref, la voie vers l'équilibre reste semée d'embûches et le contrôle serré des cordons de la bourse est encore plus d'actualité. La croissance des dépenses de programmes est limitée à 1,0 %, alors que celle des revenus (autonomes et transferts) augmente de 3,2 %. L'entrée en vigueur de la nouvelle taxe sur le carbone assurera en 2016-2017 un demi-milliard en nouvelles rentrées fiscales.

La dette nette franchit le seuil des 300 milliards, un sommet mondial pour un gouvernement régional. À titre de comparaison, celle du Québec se situera à un peu plus de 190 milliards. (On le saura avec plus de précision quand le ministre Carlos Leitao présentera à son tour son plan budgétaire, le 19 mars.)

La dette nette de l'Ontario équivaut à 39,6 % de la taille de son économie, chiffre qui devrait décroître lentement au cours des prochaines années, si l'Ontario maintient son rythme de croisière. Au Québec, ce ratio atteint 49,7 %.