La fin de 2015 a apporté son lot de déceptions économiques et boursières qui se sont en partie poursuivies en janvier.

Chaque début de mois est marqué par la publication des indices des directeurs d'achat du secteur manufacturier, dont les PMI dans plusieurs pays et ISM aux États-Unis.

Ces indices composites sont très suivis : ils représentent un indicateur avancé de l'activité manufacturière. La production augmente-t-elle ? La valeur des nouvelles commandes est-elle à la hausse ? Où se situent les perspectives d'embauches ? Autant d'éléments qui permettent de prendre le pouls du secteur, bien avant la publication des statistiques officielles.

L'interprétation de ces indices est assez facile. Une lecture en haut de 50 signifie une expansion de la production en usines alors qu'une marque en bas de 50 est synonyme de contraction.

En janvier, l'indice des décideurs d'achat du secteur manufacturier était sous la barre de 50 en Chine, aux États-Unis et au Canada, mais au-dessus de 50 dans la zone euro.

C'est en examinant la tendance nord-américaine qu'on peut trouver la situation quelque peu encourageante. Bien que les indices restent sous la barre de 50, ils s'en rapprochent. Autrement dit, la production a ralenti en janvier plus doucement qu'en décembre ou en novembre. Le point d'inflexion n'est peut-être pas loin.

Dans la zone euro, c'est l'inverse : la production reste en expansion, mais elle ralentit en début d'année.

Au Canada, le PMI RBC cote à 49,3, son niveau le plus élevé en cinq mois. La situation s'est avant tout améliorée en Ontario (55,4), dont le volet exportations est fortement en expansion (59,5).

Au Québec, le volet exportations est aussi en expansion (en hausse à 53,2), mais la morosité perdure dans l'ensemble à 47, ce qui représente néanmoins une faible amélioration sur décembre.

Autrement dit, les usines qui exportent en tout ou partie leur production prennent bel et bien du mieux, mais pour les autres, la situation reste difficile.

Ce doit être particulièrement le cas pour celles spécialisées dans la production de biens de consommation pour le marché intérieur.

Le niveau de confiance des ménages canadiens est vraiment à la baisse. L'indice de confiance du Conference Board a plongé en janvier à son niveau le plus bas depuis la fin de 2011. Le pessimisme a gagné du terrain dans toutes les régions du pays.

Pour le Québec, il s'agit d'un deuxième recul d'affilée. Les Québécois jugent que l'état de leurs finances s'est détérioré et va continuer de se détériorer, compte tenu des faibles perspectives d'embauches. La majorité des répondants juge que ce n'est pas le temps d'effectuer un achat d'envergure comme une voiture ou une maison.

Selon l'enquête Emploi, rémunération et heures de travail de Statistique Canada, le nombre de salariés n'avait pas varié en un an, en novembre. Bref, les entreprises québécoises ne créent pas d'emplois, alors qu'elles en ont ajouté 140 000 environ dans le reste du Canada (surtout en Ontario et en Colombie-Britannique).

En revanche, le consommateur américain paraît de meilleure humeur. Son revenu disponible augmente, mais il a préféré l'épargner plutôt que le dépenser. À 5,5 %, son taux d'épargne est passablement élevé, si l'histoire est d'un quelconque secours dans cette appréciation. Quand il sera dans de meilleures dispositions, il aura les moyens d'augmenter sa consommation. Aux manufacturiers canadiens d'en profiter !

Cela dit, le climat général reste maussade, comme en font foi les indices boursiers en quête d'une direction claire. Hier, ceux de New York ont comblé leurs reculs initiaux, mais celui de Toronto a été à nouveau plombé par le recul des cours du brut.

Cette situation va perdurer encore. Le ralentissement observé en Chine n'est pas que dans son secteur manufacturier : il est généralisé. L'Empire du Milieu reste en croissance, mais le monde peine à s'habituer à des taux plus faibles. D'autant plus que les chiffres officiels sont de plus en plus sujets à caution.

Ce scepticisme ne se résorbera pas de sitôt.