L'ampleur de la tâche qui attend la nouvelle ministre Dominique Anglade lui laissera bien peu de temps de savourer sa nomination. La titulaire de l'Économie, de la Science et de l'innovation responsable de la stratégie numérique aura besoin de toute son expérience acquise à la tête de Montréal international, de ses compétences d'ingénieure et de gestionnaire et de la fougue de sa jeunesse pour élaborer et déployer un plan de développement susceptible de stimuler la production de biens et de services en panne d'élan depuis plusieurs années. Voici quelques-uns des défis qui l'attendent.

Relancer les investissements

Au troisième trimestre de 2015, le niveau des investissements en machinerie et équipement des entreprises québécoises est descendu à celui de 1982, selon les calculs de la Banque Nationale. Un sondage de la Banque de développement du Canada publié cette semaine a révélé que les PME québécoises n'ont pas l'intention d'investir davantage cette année même si leur moral est en hausse selon le Baromètre PME de la FCEI. Pourtant, le taux québécois d'imposition des sociétés se compare à celui de l'Ontario alors que le taux effectif marginal d'imposition de l'investissement est moins élevé chez nous et deux fois moins élevé qu'aux États-Unis, selon la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke.

Soutenir les exportations

En 2014, avant la dégringolade du huard, les exportations québécoises avaient pris du mieux, bondissant de plus de 10 %. L'an dernier, l'augmentation a été bien plus faible. Aux déboires de Bombardier, s'ajoutent la chute des prix des métaux de première transformation (aluminium, cuivre, fer, nickel), la concurrence du Mexique et les faibles gains de productivité qui découlent du sous-investissement prolongé du secteur manufacturier. Les contacts de Mme Anglade pourraient servir à intégrer davantage d'entreprises aux chaînes mondiales de valeur ajoutée.

Stimuler la recherche et l'innovation

Le ministère de Mme Anglade englobe à nouveau la Science et l'Innovation. Sans assujettir le savoir aux besoins immédiats des entreprises, une vision à moyen terme du développement économique doit impérativement inclure l'apport des sciences pures et sociales. L'environnement, la démographie ou la criminologie peuvent tout autant contribuer à l'essor du Québec que l'informatique, la chimie ou l'ingénierie. Voilà sans doute pourquoi l'Association francophone pour le savoir a salué la re-formation de ce grand ministère.

Travailler avec sa collègue Lise Thériault

Un pan important du développement économique échappe à Mme Anglade. Sa collègue Lise Thériault est responsable du développement régional, de la PME et de l'allégement réglementaire. Si le périmètre des responsabilités respectives paraît bien dessiné, les deux ministres aux styles bien différents se retrouveront avant longtemps devant des dossiers où se chevauchent leurs responsabilités. Elles devront apprendre à travailler ensemble. Si le ministère de Mme Anglade embrasse plus large que celui de Mme Thériault, cette dernière a quand même le statut de vice-premier ministre.