Malgré le passage à vide de l'économie en septembre, la Banque du Canada reconduit son taux directeur fixé à 0,5% depuis la mi-juillet.

Comme son gouverneur Stephen Poloz l'a établi il y a maintenant un an, la Banque ne fournit aucune indication sur l'orientation que sa politique monétaire va prendre à moyen terme.

«La Banque estime que les risques liés aux perspectives concernant l'inflation demeurent dans la zone pour laquelle la politique monétaire est appropriée», lit-on dans le communiqué faisant part de sa décision, publié hier matin.

En fait, la Banque a toutes les raisons du monde d'attendre que la Réserve fédérale dévoile son jeu, lors de sa prochaine réunion, dans deux semaines. Va-t-elle enfin se décider à hausser son taux directeur qui évolue dans une fourchette de 0% à 0,25% depuis décembre 2008?

Si tel est le cas, alors il est possible que les taux d'intérêt à long terme augmentent quelque peu des deux côtés de la frontière puisque les taux américains influencent beaucoup les Canadiens dans l'échéance de 10 ans.

La Banque pare le coup à l'avance en précisant que les conditions financières demeurent expansionnistes au Canada. Et de préciser: «La divergence dans l'orientation des politiques devrait demeurer un thème de premier plan.» Cela suggère que la conduite de la politique monétaire restera indépendante de celle des États-Unis.

Très peu d'observateurs s'attendent à une hausse du taux directeur canadien avant l'automne 2016, au plus tôt. Certains n'excluent pas une autre baisse, mais cela exigera une détérioration inquiétante de l'économie canadienne alors que la plupart d'entre eux s'attendent plutôt à une accélération modeste de l'expansion, l'an prochain.

Selon les autorités monétaires, l'économie canadienne évolue en gros conformément à son scénario économique d'octobre, alors que l'économie américaine progresse à un rythme solide. Cela signifie une croissance canadienne annualisée de 1,5% cet automne, suivie de 2%, et 2,7%, cet hiver et ce printemps.

Compte tenu de la contre-performance de - 0,5% en septembre annoncée hier par Statistique Canada, cette cible reste atteignable, mais haute.

«L'économie continue de subir une longue période d'ajustement complexe à la détérioration des termes de l'échange au Canada», précise la Banque. Les termes de l'échange concernent les variations de prix entre les biens et les services que nous exportons et que nous importons.

La banque ne fait aucune allusion à l'économie chinoise ni à celle des économies émergentes qui influent pourtant sur les cours des biens de base.

Dans le contexte d'un affaissement des cours du pétrole et de la plupart des produits de base, les termes de l'échange ont pour effet de réduire le pouvoir d'achat des ménages et des entreprises.

Il s'ensuit un ralentissement économique qui met en pause des capacités de production, ce qui diminue les pressions inflationnistes. En revanche, les biens importés coûtent plus cher. Au final, «les effets de la dépréciation du dollar et de l'écart de production continu(e)nt de s'annuler mutuellement».

Cette année, la Banque avait commencé à parler d'inflation sous-jacente, un concept assez flou qui semblait éliminer les effets prononcés des variations du taux de change dans l'inflation totale. En octobre encore, la Banque estimait le taux d'inflation sous-jacente entre 1,5% et 1,7% soit davantage que celui de l'inflation totale qui évolue tout juste au-dessus de 1% mais moins que celui de l'inflation de base qui élimine de l'inflation totale ses huit composantes les plus volatiles tels les fruits, les légumes et l'essence.

On ne trouve cette fois-ci aucune mention de l'inflation sous-jacente.

La prochaine date de fixation du taux directeur aura lieu le 20 janvier. La Banque en profitera aussi pour remettre à jour son scénario économique.