On ne peut que se réjouir du fait que Québec soit parvenu à dégager un léger excédent de 136 millions pour ses opérations budgétaires  2014-2015.

Le solde reste néanmoins un déficit de 1,143 milliard, une fois faite la contribution au Fonds des générations (FG) afin de réduire la dette. C'est beaucoup mieux que le solde négatif anticipé de 2,35 milliards, résultant d'un dépassement de 1,049 milliard des dépenses sur les revenus et du dépôt prévu de 1,301 milliard au FG.

La Mise à jour budgétaire présentée hier suggère aussi que Québec est bien aligné pour réaliser cette année un surplus net de 1,496 milliard, entièrement déposé dans le FG, malgré une croissance économique réelle et nominale plus faible que l'a supposée le budget du ministre Carlos Leitao, en mars dernier.

Ces bons résultats éclipsent pourtant une réalité moins brillante à laquelle il faudra bien s'attaquer plus tôt que tard.

En dépit de résultats budgétaires meilleurs, le poids relatif de la dette diminue moins vite que prévu.

Dans le budget de mars, on a présumé que la dette brute équivaudrait à 54,9 % de la taille de l'économie (ou le PIB nominal) en 2015 et à 54 %, en 2016.

La Mise à jour d'hier fait plutôt état d'un poids de 55,1 % et de 55,0 %.

À ce rythme, il devient plus difficile d'atteindre un ratio de 45 % en 2026, comme le prévoit la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations.

Le poids accru de la dette brute n'est pas dû à son augmentation plus rapide que ce qui a été prévu en mars.

Il dépend en partie d'une croissance un peu plus lente des dépôts au FG (90 millions de moins en 2015-2016 et 78 millions en 2016-2017) et surtout d'une décélération marquée de la croissance du PIB nominal.

Ainsi, pour 2014, la croissance du PIB nominal estimée à 3,5 % en mars a plutôt été contenue à 2,5 %. Pour l'année en cours, la prévision de croissance de 3,8 % estimée est ramenée à 2,4 %.

Pour la période 2015-2019, le budget l'a estimée en moyenne à 3,4 % par année. C'est désormais 3,0 % seulement.

Cette prévision paraît plus plausible, en raison de la baisse de la production potentielle du Québec causée par le vieillissement rapide de sa population en âge de travailler.

Elle implique toutefois que l'atteinte du ratio de 45 % en 2026 exigera des dépôts plus considérables dans le FG. Ceux-ci peuvent venir soit de contributions plus grandes, soit de meilleurs rendements. À ce chapitre, il est prudent d'affirmer que la plongée dans une récession classique d'ici 10 ans reste une forte probabilité, si l'on se fie aux intervalles passés entre deux périodes de décroissance économique. Cela peut donner des rendements négatifs, comme en 2009.

Si le poids de la dette ne s'allège pas aussi vite que souhaité, au moins son service coûte-t-il un peu moins cher aux contribuables, à cause de la faiblesse des taux d'intérêt et d'une gestion très opportune des emprunts.

Pour l'exercice en cours, le service coûtera 206 millions de moins que ce qui avait été prévu en mars. Il faudra quand même verser 10,3 milliards aux bailleurs de fonds de la province, ce qui équivaut à 10,3 % des revenus de l'État.

De cette somme, 2,8 milliards servent à payer les intérêts sur le passif des régimes de retraite des employés des secteurs public et parapublic.

Notons aussi que, pour l'exercice 2016-2017 et les suivants, Québec rétablit une provision pour éventualités de 400 millions.

Terminons sur une note de consolation. Le ministre ontarien des Finances Charles Sousa a présenté lui aussi sa mise à jour, hier. Il était très heureux d'annoncer que le déficit sera de seulement 7,5 milliards au lieu des 8,5 milliards prévus au printemps. Bonne gestion, forte croissance ? Pas du tout, c'est la privatisation d'Hydro One qui va rapporter davantage...