Pour plusieurs analystes, la crise financière mondiale - qui a débuté aux États-Unis avant de se déplacer en Europe - marquait son cinquième anniversaire la semaine dernière.

C'est en effet le 9 août 2007 que les grandes banques centrales sont intervenues - en inondant les marchés financiers de liquidités - pour éviter une paralysie du système bancaire.

Surtout, il fallait contenir la panique grandissante des épargnants face à des banques engluées dans la crise des subprimes américains.

La crise née ce jour-là est, faut-il le rappeler, le résultat de l'effondrement du secteur immobilier aux États-Unis après un boom alimenté, surtout, par un accès quasi illimité au crédit.

Cinq ans plus tard, des rapports indiquent que les Américains sont aujourd'hui plus sages. Du moins avec le crédit.

Ils sont même en voie de reprendre le contrôle de leurs finances en réduisant sensiblement leur niveau d'endettement, laissant entrevoir des jours meilleurs à plus ou moins long terme pour l'économie.

Immobilier

D'abord sur le terrain crucial de l'immobilier, le nombre de ménages en «retard» (deux mois ou plus) dans leurs paiements hypothécaires a chuté de 9% depuis le début 2012, affirme l'agence de crédit, TransUnion. Une nette amélioration.

Seuls 5,5% des détenteurs d'hypothèques figurent dans la catégorie «très mauvais payeurs» - un creux depuis le début 2009. Les saisies de propriétés par les banques ont aussi ralenti ces derniers mois, même si elles demeurent élevées.

Le bilan financier global des Américains continue également de s'améliorer.

En moyenne, nos voisins du Sud consacrent 11% de leur revenu disponible (revenu après impôt) au remboursement de toutes leurs dettes, révélait la Réserve fédérale (Fed) la semaine dernière. Cela se compare à un sommet de 14% en 2007 et le taux actuel est le plus faible depuis 1994.

«Nous assistons à un changement d'attitude des consommateurs face au crédit», confirme la firme IHS Global Insight dans une note.

Autre indicateur encourageant: les dettes des ménages représentent 83,5% de l'économie américaine contre un sommet de 97,7% il y a cinq ans, selon l'agence Bloomberg.

Autrement dit, l'endettement personnel est de moins en moins un problème pour les États-Unis, dont l'économie dépend à 70% de la consommation.

L'épargne en vogue

Les Américains ont été fortement ébranlés par l'effondrement de leur patrimoine avec la déconfiture de l'immobilier. Leur avoir net, qui mesure la richesse réelle, a fondu de 39% de 2007 à 2010, selon la Fed, en raison de la chute de 42% du prix des logements.

Chat échaudé craint l'eau froide... les Américains se sont aussi remis à économiser: le taux d'épargne (par rapport au revenu disponible) est ainsi passé de 3,1%, en août 2009, à 4,4% en mai dernier.

Toutes ces données font dire à Ethan Harris, économiste chez Bank of America Merrill Lynch, que les États-Unis sont «encore en cure de désintoxication». Le problème, c'est que le retour en force de l'épargne nuit au commerce de détail dans l'immédiat et à l'ensemble de l'économie.

Aussi, la croissance de la première puissance mondiale reste faible: au deuxième trimestre 2012, elle était de 1,5% seulement en rythme annuel.

Par contre, à mesure que le patient américain reprend des forces, la consommation devrait retrouver sa vigueur graduellement, affirment les experts. Plusieurs voient donc la lumière au bout du tunnel.

Baby-boom en vue?

Selon des experts, la crise financière alimente une demande «refoulée» ou «accumulée» pour plusieurs choses: automobiles, vêtements, maisons... et même les bébés.

Une nouvelle étude de l'institut Pew, de Washington, indique que 22% des Américaines de 18 à 34 ans ont reporté le projet de donner naissance à un enfant à cause des conditions économiques.

Or, ces beaux projets revivront à mesure que la conjoncture s'améliore. La société Demographic Intelligence prédit même un «mini-baby-boom» aux États-Unis, car le désir d'avoir des enfants demeure élevé, selon des sondages.

En somme, les consommateurs américains, actuels et futurs, n'attendent que le bon moment pour retourner en grand nombre dans les magasins.

Ratio dettes / revenu personnel disponible

[HIVER 2007 / ÉTÉ 2012]

14% / 11%

Taux d'épargne (épargne /rev. pers. disp.)

[AOÛT 2009 / MAI 2012]

3,1% / 4,4%

Source : Réserve fédérale américaine

C'est un coup de main pour l'économie. La montée de l'urbanisation, conjuguée à la hausse des revenus dans les pays émergents, a pour effet de stimuler la consommation. Selon la firme américaine McKinsey, un milliard de nouveaux consommateurs apparaîtront dans les villes d'ici 2025. Et les 440 villes les plus dynamiques (chinoises pour 50%) contribueront à près de la moitié de la croissance économique mondiale. L'urbanisation stimule aussi les investissements en infrastructures, lesquels vont doubler à 20 000 milliards US dans ces villes.