Avec Villeneuve, Tagliani et Carpentier au départ de l'épreuve montréalaise de la série Nationwide de NASCAR, le promoteur François Dumontier est en voiture! Les trois grosses pointures québécoises de la course automobile représentent à elles seules un indéniable attrait pour la course NAPA 200 Dodge du week-end prochain. Si dame nature se montre par surcroît le moindrement clémente, l'événement devrait connaître le succès. Ce qui rassurera Québec et Ottawa qui viennent pour la première fois d'investir dans l'événement.

Eh oui! Après la Formule 1, voilà que les gouvernements d'Ottawa et de Québec subventionnent maintenant l'épreuve montréalaise de NASCAR. Ce qu'ils avaient toujours refusé dans le passé...

Remarquez qu'il n'y a aucune commune mesure entre l'aide gouvernementale (9 millions par année) versée à Bernie Ecclestone pour le Grand Prix du Canada et la modeste somme annuelle de 600 000$ qu'on versera au promoteur de la course NASCAR. S'ajoutent à cela 200 000$ de la part de la Ville de Montréal et de Tourisme Montréal.

Faut-il être surpris de voir ainsi nos gouvernements subventionner des courses de chars? Non! Dans un pays où les subventions gouvernementales sont monnaie courante, il faut voir les subventions aux courses automobiles comme une sorte d'investissement dans l'industrie touristique.

Je ne char... rie pas! C'est de cette façon que les gouvernements s'évertuent à nous «vendre» ce genre de subventions aux courses de voitures. Ont-ils raison? À vrai dire, on ne peut pas leur reprocher de gaspiller l'argent des contribuables en accordant ces subventions.

Pourquoi? Parce que sans ces subventions, nous perdrions probablement les deux événements. Comme il s'agit d'événements touristiques qui, dit-on, génèrent des retombées économiques suffisamment élevées pour permettre aux gouvernements de finalement récupérer les subventions versées et même de réaliser un «profit», ce serait mal venu de les laisser tomber.

Et l'industrie touristique montréalaise n'a pas les moyens de se passer d'événements sportifs et culturels qui lui permettent de réaliser en l'espace de quelques mois d'été suffisamment de profits pour pouvoir survivre le reste de l'année.

L'an dernier, les bonzes américains du NASCAR, soit de l'International Speedway Corporation (ISC), avaient clairement laissé entendre que Montréal risquait de perdre son épreuve NASCAR et ce en raison des pertes financières de 1,6 million par année qu'ils subissaient. Québec et Ottawa avaient refusé de donner suite à leur demande d'aide financière.

Comme l'ISC est une entreprise américaine (cotée d'ailleurs au NASDAQ), lui verser des subventions gouvernementales représentait un problème technique. La solution? La société de François Dumontier, Octane Management, qui est également le promoteur du Grand Prix du Canada, est passée de simple «organisateur» à «promoteur» de la course montréalaise NASCAR. Et c'est ainsi que les demandes de subventions gouvernementales ont finalement reçu l'aval des deux gouvernements, après qu'ils eurent pris connaissance des retombées touristiques de la course NASCAR.

Voici d'ailleurs quelques données (datant de 2010) compilées par Tourisme Montréal qui ont servi d'appât:

> Nombre de spectateurs: 70 000, soit la cinquième assistance parmi les courses Nationwide Series NASCAR de 2010.

> Provenance des spectateurs: 54,5% habitaient à plus de 50 kilomètres de Montréal, dont 21,8% à plus de 150 kilomètres.

> Durée de séjour: environ 1,2 nuitée pour 15 000 spectateurs de l'extérieur de la région métropolitaine; autour de 1,5 nuitée pour 2000 personnes reliées aux commanditaires; et environ 2,3 nuitées pour les 1500 personnes reliées aux équipes de course (personnel, coureurs, commanditaires).

> Impact économique de la course (emplois, salaires, contrats aux fournisseurs): 30 millions

> Retombées touristiques: 10 millions

> Impact médiatique: la course montréalaise de la série Nationwide NASCAR a été la plus regardée de la saison 2010 sur ESPN2 (derrière celles de Daytona et de Las Vegas). L'auditoire s'élevait à plus de 3 millions de téléspectateurs: RDS: 379 000 téléspectateurs; TSN: 338 000 téléspectateurs; ESPN2:

2,3 millions de téléspectateurs.

Qu'avaient à dire les deux ministres responsables du dossier NASCAR pour justifier leurs subventions respectives?

La ministre québécoise du Tourisme, Nicole Ménard, et le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, ont tous les deux affirmé que leur appui financier à la course NASCAR visait à assurer le rayonnement de Montréal et du Québec, tout en générant d'importantes retombées touristiques.

Précisons que seul Québec a accepté de verser sa subvention de 300 000$ durant trois années de suite. Le fédéral, Montréal et Tourisme Montréal n'ont pas pris un tel engagement. Cela ne semble aucunement inquiéter le promoteur Dumontier, qui a bon espoir qu'ils renouvelleront leur appui financier année après année.

Bien que les ententes de NASCAR portent sur une seule année, M. Dumontier ne voit aucun problème de renouvellement en 2013.

Et lors du week-end prochain, il discutera avec les bonzes de NASCAR de la possibilité de remplacer, un jour, l'édition Nationwide par celle de la Coupe Sprint, la plus prestigieuse série de NASCAR.