À moins d'une énorme surprise, ça s'annonce plutôt moche comme rendement annuel pour le Fonds de solidarité de la FTQ et Fondaction de la CSN.

Pour le dernier exercice (2011-12) qui s'est terminé le 31 mai dernier, les deux fonds de travailleurs devraient déclarer des pertes s'ils ont le moindrement suivi la tendance généralisée des marchés boursiers.

Remarquez bien que le Fonds de solidarité avait toutefois réussi à confondre les sceptiques lors de son premier semestre. Alors qu'on s'attendait à une perte, le Fonds de la FTQ avait rapporté un léger bénéfice net, lui permettant ainsi de boucler les six premiers mois de son exercice en territoire positif. Fondaction de la CSN n'a pas eu la même veine. Mais le recul de 2,9% restait tout de même modeste par rapport aux turbulences qui avaient frappé les marchés financiers l'été dernier.

Après une période fertile de quelques mois, les marchés boursiers ont connu deux mois difficiles en avril et mai. Conséquences ? Pour la période allant de décembre à mai, bien des indices boursiers se sont encore retrouvés dans le rouge : S&P/TSX (-4,3%) ; MSCI EAEO (-2,9%) ; MSCI Europe (-4,8%) ; BMO Nesbitt Burns petites capitalisations canadiennes (-5,07%).

Toutefois, comme les fonds de travailleurs détiennent des obligations dans leurs portefeuilles, la portion obligataire (autour de 30 à 35%), elle, devrait leur permettre de limiter les dégâts boursiers. Espère-t-on chez les actionnaires.

Les indices obligataires ont continué, contre toute attente, de croître lors des six derniers mois. L'indice Obligation univers a progressé de 3,7%, l'indice des Obligations à long terme a gagné 7,3% et celui des obligations à rendement réel a gagné 6,6%.

Le prix actuel de l'action du Fonds de solidarité est de 25,98$ et celui de Fondaction de 9,30$. C'est demain en fin de journée (mercredi 4 juillet) que le Fonds FTQ dévoilera son prix révisé en fonction de la performance du semestre terminé le 31 mai. Et Fondaction fera de même le mercredi 11 juillet.

Les probabilités que les deux prix soient révisés à la baisse sont donc très élevées.

À preuve, selon les données compilées par la firme Aubin Actuaire Conseil, le rendement des caisses de retraite types pour la période de 12 mois se terminant le 31 mai dernier présentait une baisse de 2,8% dans le cas d'un portefeuille renfermant 35% d'obligations et 65% d'actions (moitié S&P/TSX actions canadiennes et moitié MSCI monde).

Le Fonds de solidarité aime bien comparer sa performance à l'indice équilibré Globe Canadian Neutral Balanced Peer. La performance annuelle de cet indice au 31 mai dernier? L'indice affichait une perte de 3,68%.

Si le Fonds de la FTQ et Fondaction de la CSN réussissent à contenir leurs pertes sur ce plan, ce sera en soi une «bonne» performance pour cette difficile année financière allant du 1er juin 2011 au 31 mai 2012.

Pour cette même période de 12 mois, la Bourse canadienne accuse un recul de 14,2%. La Bourse européenne affiche une mégaperte de 18,9%. Du côté des marchés asiatiques, on enregistre une diminution de 7,0%. Et les fameux marchés émergents? Ils reçoivent une «claque» de 14,8%.

Chez les PME canadiennes inscrites en Bourse, ce fut une année de grande misère, les titres s'effondrant de 18,9% selon l'indice des petites capitalisations, le BMO Nesbitt Burns Canadian Small Cap Index.

L'indice québécois IQ-120, qui reflète la performance de 120 entreprises québécoises inscrites à la cote de la Bourse canadienne, a bouclé les 12 mois de l'exercice au 31 mai en affichant une baisse de 11,3%.

En fait, seule la Bourse américaine a réussi à traverser cette période tumultueuse sans se faire plumer. Sa performance? O%!

En période boursière tumultueuse, les placements privés ont tendance à avoir de meilleures performances que les sociétés cotées en Bourse.

Comme les deux fonds de travailleurs détiennent une forte portion de placements privés dans les PME québécoises (plus de 50% du portefeuille), peut-être que cela les aidera à s'en tirer s'en trop de dommages.

Si les fonds de travailleurs sont si populaires auprès des Québécois, ce n'est certes pas en raison de leur performance. C'est plutôt grâce aux alléchants crédits d'impôt qu'ils offrent aux investisseurs, soit 30% pour le Fonds FTQ et 40% pour Fondaction.

L'actionnaire à la retraite qui demande le rachat de ses parts avant la révision aura droit au meilleur prix, entre l'actuel et le révisé.

Ô surprise! mais pas l'actionnaire de 65 ans ou plus qui n'est pas à la retraite. Celui-ci doit immédiatement choisir entre se faire racheter au prix actuel ou jouer au spéculateur en attendant le prix révisé à la hausse ou à la baisse.

Quelle discrimination envers les actifs de 65 ans et plus!