Des huit grandes entreprises canadiennes qui travaillent dans le secteur des télécommunications, seules les deux québécoises pure laine font l'objet de recommandations massives d'achat.

La plus choyée est Québecor, propriétaire de Vidéotron par l'entremise de la filiale Québecor Média. L'achat du titre de Québecor (QBR.B: 36,29$) est recommandé par 12 des 14 analystes qui suivent la société. Selon les recommandations compilées par l'agence Bloomberg, le prix cible moyen auquel l'ensemble des analystes voit le titre de Québecor d'ici les 12 prochains mois est de 44,59$. Cela lui donne un potentiel de rendement approchant les 23%.

Deuxième chouchou québécois des analystes du secteur canadien des télécoms: Cogeco Câble (CCa: 46,65$), filiale de Cogeco. Sur 13 analystes, 10 en recommandent l'achat, et les 3 autres proposent de le conserver. Le prix cible moyen s'élève à 55$ l'action, pour un potentiel de croissance boursière de l'ordre de 18% au cours des 12 prochains mois.

Pourquoi Québecor et Cogeco sont-elles les deux télécoms chouchous de la plupart des analystes des firmes de courtage? Vous vous doutez bien que ce n'est absolument pas parce qu'elles sont québécoises. Si elles se retrouvent au haut de leurs listes de sélection, c'est en raison notamment de données financières prometteuses.

Des huit télécoms, par exemple, c'est Québecor qui afficherait actuellement le plus faible ratio du cours actuel par rapport aux bénéfices anticipés de 2013. Le ratio en question serait de 8,9 fois lesdits bénéfices. Pour sa part, Cogeco Câble arriverait au deuxième rang avec un ratio de 10,4.

Ces chiffres sont tirés (après une mise à jour en fonction des cours) d'une récente étude réalisée par les analystes Maher Yagi et Matthew Logan, de Desjardins Capital Markets. À titre de comparaison, voici le ratio cours/bénéfices 2013 qu'ils anticipent pour les six autres grandes sociétés du secteur canadien des télécoms: BCE (12,7); Bell Aliant (14,8); Manitoba Telecom (12,4); Telus Corporation (13,9); Rogers Communications (11,2) et Shaw Communications (12,3).

En ce qui concerne les six autres grandes télécoms, vous aimeriez sans doute connaître l'opinion boursière des analystes des firmes de courtage qui les talonnent au jour le jour, telles Credit Suisse, TD Newcrest, RBC Capital Markets, BMO Capital Markets, CIBC World Markets, Financière Banque Nationale, Desjardins Securities, Scotia Capital, Canaccord Genuity, Edward Jones, Raymond James, Macquarie, Veritas Investment, etc.

Prenons BCE inc., notre plus grande «canadienne» des télécoms. Sur les 21 analystes qui suivent le titre (BCE: 41,25$), à peine 5 en font une recommandation d'achat. Quinze d'entre eux placent BCE dans les titres «à conserver», et un dernier le place dans ses titres à vendre.

Le prix cible moyen visé pour les 12 prochains mois: seulement 40,86$.

Du côté de Bell Aliant (BA: 25,54$), propriété de BCE à hauteur de 44%, ce n'est guère mieux. Sur 15 analystes qui l'ont à l'oeil, 10 se contentent de «conserver» le titre, et 5 le vendent. Prix cible moyen de 26,46$.

Ce n'est pas beaucoup plus brillant pour Manitoba Telecom (MBT: 33,15$) alors que neuf analystes le conservent et trois s'en débarrassent. Prix de consolation: un analyste le voit dans sa soupe et en recommande l'achat. Mais le prix cible visé pour les 12 prochains mois n'offre pas grand-chose comme potentiel: 33,65$.

Bien que le prix cible moyen dépasse à peine le cours actuel de Telus (T: 60,35$), la société attire tout de même 7 recommandations d'achat sur 17 analystes. Les 10 autres se contentent de «conserver» le titre. Il faut dire que Telus est un titre qui a gagné beaucoup de terrain depuis un an, en grimpant de 19%.

Avec un prix cible moyen de 40,23$, Rogers Communications (RCI.B: 36,73$) obtient la faveur de sept analystes qui en recommandent l'achat. Neuf le conservent, et un autre le vend.

Qu'advient-il de Shaw Communications? Avec son modeste prix cible de 20,82$, le titre de Shaw (SJR.B: 19,39$) présente un faible potentiel de plus-value. Mais il réussit tout de même à mettre de son côté six analystes qui le voient malgré tout comme un achat. Sept autres le conservent, et trois le liquident.

Dernier constat boursier: les deux télécoms préférées des analystes de la Bay Street de Toronto, Québecor et Cogeco Câble, sont, avec Manitoba Telecom, les sociétés de télécommunications qui affichent les plus petites capitalisations boursières, soit environ 2,3 milliards chacune. C'est huit fois plus petit que celles de Rogers (18,9 milliards) et de Telus (19 milliards). Bell Aliant a une capitalisation boursière de 5,9 milliards et Shaw Communications la devance avec 8,6 milliards.

BCE, mastodonte des télécoms du Canada, fait de l'ombre à tout le monde avec sa valeur boursière totale de 32 milliards.

RUMEURS Dans la foulée de la récente vente d'Astral Media à BCE, on me demandait le plus sérieusement du monde si la prochaine grosse cible médiatique de BCE au Québec était bel et bien La Presse. Que la haute direction de BCE rêve de mettre le grappin sur La Presse, ce serait effectivement fort plausible. Et dans le merveilleux monde de la finance, tout peut être vendu. L'histoire le prouve.

Oh pardon! tout, sauf La Presse, dis-je. Parce que, bien enracinée au Québec, la famille Desmarais, principal actionnaire de Power Corp., tient fondamentalement à «son» journal. Point à la ligne. Une question de feeling, sans plus.

Des rumeurs de vente ont également porté sur le réseau généraliste de télévision V, des frères Rémillard. Puis il y a eu Cogeco, de la famille Audet, qui a aussi été mentionnée comme candidate possible à une fusion ou acquisition. Après tout, Cogeco est devenue un acteur majeur non seulement dans la câblodistribution, mais aussi dans la radio, avec son vaste réseau radiophonique, tels 98,5 FM, CKOI, Rythme, etc.

À vrai dire, seulement Québecor n'a pas fait l'objet de rumeurs de vente... Comme si aucun analyste ne voyait le jour où Pierre Karl Péladeau et sa famille céderont le contrôle de l'empire de la convergence médiatique, et ce, à fort prix. Ah bon! Comme à l'époque où la famille Chagnon contrôlait Vidéotron et TVA!