Les titres miniers en arrachent en Bourse. Que ce soit l'action d'un «penny stock» d'une petite société ou l'action d'une multinationale, les minières sont sur la grande déprime.

Que le «penny stock» se ramasse à un moment donné à un prix ridiculement bas... cela fait partie de la trépidante spéculation qui anime la vie boursière des petites sociétés inscrites à la cote du TSX Venture Exchange, soit la Bourse de croissance de Toronto. Mais que les multinationales du secteur minier s'écrasent en Bourse alors qu'elles enregistrent des profits records, là, il y a de quoi s'inquiéter et de se poser de sérieuses questions sur le potentiel boursier de ces gros titres.  

Faisons d'abord le point sur la dégelée que subit l'indice du TSX Venture, lequel indice rapporte notamment la performance des mines juniors de tout acabit. Les mines juniors comptent pour environ 60% de la capitalisation boursière du TSX Venture. Comme cette Bourse de croissance a pris la relève de l'ancienne Bourse de Vancouver, reconnue mondialement pour son côté spéculatif, il ne faut donc pas se surprendre de la voir fluctuer dans une grande volatilité.  

Le TSX Venture se négocie aujourd'hui autour de la barre des 1290 points. Il accuse ainsi une chute de 46% par rapport à haut de l'an dernier, atteint le 11 avril 2011. À 1290 points, le TSX Venture se négocie présentement quasi au même niveau qu'en août 2003, il y a donc près de 9 ans.  

Vu sous cet angle, ce n'est pas fort comme performance, j'en conviens.  

En fait, pour tirer son épingle du TSX Venture, il faut être un investisseur actif, un spéculateur devrais-je dire. Sitôt qu'on a des titres qui gagnent passablement de terrain, il faut jouer le jeu et prendre à tout le moins une importante partie de ses profits. Ce ne sont pas des titres sur lesquels on doit s'asseoir. Ils sont trop explosifs, à la hausse comme malheureusement à la baisse.  

De juin 2002 à mai 2006, l'indice de la Bourse de croissance a grimpé d'environ 185 p. cent. Rendu en octobre 2006, l'indice des petites sociétés accusait une chute 29%. Puis, il allait retrouver sa tendance à la hausse jusqu'en mai 2007 en enregistrant un gain de 43%. À partir de ce niveau de 3345 points, il allait reculer de 27% en l'espace de trois mois. Puis, nouvelle explosion haussière de 35% cette fois.  

Et à partir de novembre 2007, alors que la crise financière déclenchée par le scandale des «subprime mortgage» américains et par l'effondrement du papier commercial s'amorçait, le TSX Venture allait littéralement s'effondrer. De novembre 2007 à décembre 2008, en une année donc, les juniors de la Bourse canadienne fondaient dramatiquement de quelque 80 %.  

C'est une trentaine de points de pourcentage de plus que la grande Bourse canadienne, celle-ci voyant son principal indice fondre de moitié lors de la crise financière et boursière qui s'est terminée au début de mars 2009.  

Décembre 2008, donc, les juniors du TSX Venture ne sont même plus l'ombre de leurs squelettes, l'indice tombant aussi bas que 684 points.  

Aussi inattendu que surprenant, les investisseurs recommencent à spéculer de plus belle et 27 mois plus tard, les titres juniors avaient rebondi de 254%. Ainsi au début de mars 2011, le TSX Venture atteignait le niveau des 2423 points.  

Depuis, la Bourse de croissance est retombée dans la profonde déprime. C'est décourageant pour les investisseurs qui sont restés bien assis sur leur portefeuille de petites sociétés lors de cette autre débandade. Par contre, force est d'admettre que c'est encourageant pour les spéculateurs qui ont les nerfs solides et capables d'investir une partie de leur pécule dans les juniors.  

Par ailleurs, on ne peut pas dire que miser sur les plus grandes sociétés minières au monde s'est avéré payant.  

Dans une étude réalisée par la firme PwC, on rapporte que la valeur boursière des 40 plus grandes sociétés minières au monde a chuté en 2011 de 25% alors que les sociétés rapportaient des profits records.  

Neuf canadiennes figurent parmi ce palmarès minier : Barrick Gold, First Quantum Minerals, Goldcorp, Ivanohe Mines, Kinross Gold, Potash Corp, Silver Wheaton, Teck Resources, Yamana Gold.

Mince consolation. La déconfiture du TOP 40 minier mondial se veut toutefois inférieure à celle enregistrée par l'indice de référence des grandes minières de la planète. Le HSBC Global Mining Index a reculé l'an dernier de quelque 29%, soit quatre points de pourcentage de plus.  

La chute boursière des grandes minières ne s'arrête pas à 2011. Elle s'est poursuivie cette année alors que l'indice HSBC Global Mining présente une baisse additionnelle de 13% depuis le début de l'année.  

Comment explique-t-on le paradoxe de voir ces multinationales perdre de la valeur en Bourse alors qu'elles affichent des profits records?  

Selon Nochane Rousseau, un des spécialistes de l'industrie minière de la firme PwC, l'explication résiderait dans « un manque de confiance du marché (les investisseurs) envers les plus grandes sociétés minières et leur capacité à croître ou à maintenir » leur niveau de rentabilité.

Le marché réagit comme si les bénéfices des grandes minières allaient chuter au fil des prochains semestres de façon importante en raison de la crise européenne des dettes souveraines et de son impact négatif sur l'économie mondiale.  

Si cela peut encourager les investisseurs, M. Rousseau estime pour sa part que la demande pour les produits miniers va demeurer solide.  

La croissance à long terme des marchés émergents, conclut-il, a plus de poids sur le secteur minier que les craintes à court terme liées aux pays développés.