Jean-Yves M. a des réserves quant à ma suggestion de privilégier le REER au détriment du CELI. Pourquoi? Parce que les économies d'impôt tirées du REER pourront, dit-il, s'évaporer lors de la retraite.

Il trouve que ma suggestion de favoriser le REER a «surtout le défaut» de sous-estimer le CELI et sa très grande flexibilité.

Pour résoudre le dilemme entre privilégier le REER ou le CELI, voici l'approche de Jean-Yves M. Il faut, explique-t-il, regarder le montant réel investi net d'impôt.

«Par exemple, je veux mettre 3000$ dans un REER sur lequel je recevrai un remboursement de 1000$, soit un investissement réel de 2000$. Ma décision n'est pas de savoir si je mets 3000$ dans mon CELI ou dans mon REER. La question: est-ce que je mets 2000$ dans mon CELI ou 3000$ dans mon REER avec un remboursement de 1000$? Ainsi mon investissement est le même et je compare des choses qui sont comparables.»

L'approche de Jean-Yves M. est effectivement fort intéressante. Avec le REER, on se trouve à différer de l'impôt vers notre retraite, quoique le taux marginal (impôts combinés sur les dernières tranches de revenu imposable) sera probablement inférieur à celui d'aujourd'hui. Alors que le CELI, lui, nous permet d'accumuler du capital totalement à l'abri des impôts.

Vu sous cet angle fiscal, j'admets que le REER et le CELI se valent. Du moins pour les premiers 5000$ que l'on a le droit d'investir annuellement dans le CELI. Car, faut-il le rappeler, on ne peut investir qu'un maximum de 5000$ par année dans notre CELI. Plus évidemment les droits de cotisation au CELI non encore utilisés depuis 2009.

Comme épargne forcée pour accumuler de l'épargne-retraite, le REER m'apparaît toutefois plus efficace. Vu la grande flexibilité du CELI, il faut une discipline du tonnerre pour ne pas puiser dedans avant la retraite. Avec un REER, on est moins enclin à sortir ses épargnes avant la retraite...

Maintenant, il est évident que le REER reste l'outil par excellence pour accumuler de l'épargne-retraite quand on a la possibilité d'investir plus de 5000$.

Le combo gagnant

Comme stratégie gagnante, un investisseur taxé pourrait investir dans son REER et réinvestir par la suite les économies d'impôt dans son CELI.

Il se retrouvera avec un capital d'épargne beaucoup plus élevé que d'investir uniquement dans le CELI ou le REER. Avec un rendement le moindrement potable, notre investisseur réussira à accumuler un bon magot en vue de sa retraite.

Il y a toutefois une stratégie encore plus «payante» que les gens assez proches de la retraite pourraient utiliser, pourvu bien entendu qu'ils gagnent un revenu imposable. Pour des fins de calcul, supposons une personne imposée au taux marginal de 35%. Ce taux marginal (fédéral et provincial) débute dès que notre revenu imposable atteint les 41 000$.

Voici la stratégie combinée REER-CELI que je lui propose. On commence par investir 5000$ dans le Fonds de solidarité de la FTQ en raison des alléchants avantages fiscaux. Cela procurera à notre épargnant des économies d'impôt totales de 65%, soit 30% à titre de crédit d'impôt du fonds FTQ, plus 35% à titre de cotisation REER.

Ainsi son investissement de 5000$ dans le Fonds de la FTQ rapportera des économies d'impôt de 3250$. On prend cette somme et on l'investit dans le CELI.

Résultat: avec le débours de 5000$, on obtient subito presto 8250$ d'épargne, dont 5000$ de REER, plus 3250$ de CELI.

Des gens vont me dire que le rendement du Fonds de la FTQ s'est avéré faible au fil des 10 dernières années. C'est vrai, mais si vous y investissez à quelques années de vos 65 ans (âge à partir duquel on peut retirer nos billes du Fonds FTQ et de Fondaction de la CSN), votre risque d'obtenir un piètre rendement ne sera pas plus élevé que d'investir dans les fonds équilibrés.

Et pour protéger vos arrières en cas de contre-performance du Fonds FTQ, n'oubliez pas que vous pouvez investir les 3250$ du CELI dans les placements de votre choix, que ce soit des actions, des iShares (fonds négociés en Bourse), des parts de fonds communs de placement (actions et portefeuilles équilibrés), des certificats de placement garantis, des obligations gouvernementales, etc.

En passant, si j'ai utilisé comme exemple une cotisation de 5000$ au Fonds de la FTQ, c'est parce que c'est le maximum qu'on peut investir annuellement dans les fonds de travailleurs. Il est évident que l'on peut y investir des sommes inférieures et réinvestir les économies d'impôt dans notre CELI.

Si je n'ai pas proposé le combo CELI-Fondaction de la CSN c'est tout simplement parce qu'on ne peut y cotiser pour l'année 2011, le fonds ayant atteint sa limite de cotisations autorisées pour ladite année.