Réagissant à ma chronique de lundi où je dénonce les propos diffamatoires rapportés contre moi dans un mémoire de maîtrise sur le journalisme économique chapeauté par l'École des médias de la faculté de communication de l'UQAM, l'auteur et les deux professeurs d'encadrement universitaire me présentent leurs excuses.

Avant d'en dire plus sur les excuses, je tiens à remercier les nombreux lecteurs qui ont gentiment pris ma défense à la suite de ma chronique «Diffamation et dénigrement» de lundi.

Rappel de l'accusation portée contre moi dans le mémoire récemment rendu public par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et intitulé Le retard de Montréal sur Toronto en matière de journalisme économique. Le mémoire a été réalisé à partir d'une série d'entrevues avec 17 «experts», où l'auteur compare les cahiers Affaires de La Presse et du Globe and Mail.

Dans une section du mémoire (p. 68, L'opinion) où on reproche à La Presse son nombre de chroniqueurs et la «vedettisation» de l'information, l'auteur du mémoire, le journaliste Stéphane Desjardins, écrit:

«En somme, il faut revenir à la base journalistique. D'autant plus que certains considèrent que les dérapages se multiplient dans les médias québécois. Ils citent en exemple le chroniqueur Michel Girard. Il donne souvent des conseils de placement. C'est illégal! dénoncent plusieurs experts.»

Cette grave accusation est totalement fausse puisqu'en vertu de la Loi sur les valeurs mobilières, les journalistes qui donnent des conseils comme moi bénéficient d'une dispense de l'obligation d'inscription à titre de conseiller et ce en vertu de l'article 8.25 du Règlement 31-103.

Précision importante. De tous les journalistes nommés dans ce mémoire de maîtrise de l'UQAM, je suis le seul qui fait l'objet d'une attaque en règle de la part de «plusieurs experts», et un libelle par surcroît.

Avis aux «experts» en question, dont l'auteur ne divulgue pas les noms. Si vous étiez convaincu que je donnais illégalement des conseils, qu'attendiez-vous pour me dénoncer à l'Autorité des marchés financiers (AMF)? Cela fait 25 ans que je donne des conseils en placement dans divers médias: La Presse, Radio-Canada (télé et radio), Télé-Québec, TVA, TQS (V), 98,5 FM, CKAC... Je trouve cela insultant non seulement pour La Presse, mais également pour les animateurs d'émission avec lesquels j'ai travaillé longtemps, dont les Joël Le Bigot, Paul Arcand, René Homier-Roy, Guy Mongrain, Benoit Johnson, Benoît Gagnon, Lise Lebel, Claude Saucier.

LES EXCUSES

Voici la réplique que les professeurs de l'École des médias, de l'UQAM, Gaëtan Tremblay et Antoine Char, m'ont envoyée à 23 h 05, lundi.

«Nous regrettons que le mémoire de Stéphane Desjardins rapporte des propos d'experts qualifiant à tort d'illégaux les conseils que vous formulez à l'occasion dans vos chroniques. Nous nous en excusons et verrons à ce que M. Desjardins introduise dans les copies de son mémoire un erratum faisant référence à la Loi sur les valeurs mobilières qui autorise cette pratique journalistique.»

Passons maintenant à la réplique de l'auteur du mémoire, Stéphane Desjardins, reçue par courriel, à 22 h 40, lundi. D'entrée de jeu, il tient à dire que son employeur, Groupe TVA, n'a rien à voir avec le propos de son mémoire, même si celui-ci porte comme date de présentation Juin 2011 alors qu'il travaille comme directeur adjoint de Canal Argent de TVA depuis mars 2011. Le mémoire avait été rédigé, dit-il, avant son arrivée à TVA.

«Je vous écris aujourd'hui pour répondre à votre courriel de jeudi dernier (2 février), qui fut suivi de votre chronique de ce matin (lundi 6 février), dans laquelle vous m'accusez de vous diffamer.

«Avant tout, poursuit-il, laissez-moi vous dire qu'en aucun cas je ne vous visais personnellement dans le texte de mon mémoire. Il n'est absolument pas question de vous accuser de quoi que ce soit. Le texte cite le propos de gens que j'ai interviewés dans le cadre de ma recherche. Si vous vous êtes senti injustement accusé, je vous présente mes excuses sincères. Je reconnais d'ailleurs que j'aurais dû ajouter les explications fournies par l'AMF quant aux dispenses accordées aux journalistes lorsqu'ils donnent des «conseils» sur certains titres financiers. Je vais m'informer si cela est d'ailleurs possible de le faire auprès des instances universitaires.»

À propos de l'accusation d'illégalité dont je fais l'objet, M. Desjardins se disculpe en ajoutant le commentaire suivant.

«Cela dit, je ne fais que reprendre l'opinion de mes experts qui, eux, font état d'une position éthique largement répandue dans l'industrie des services financiers voulant que de tels conseils ne soient donnés que par des experts en la matière et non des journalistes ou des chroniqueurs. C'est ce point de vue qui aurait dû être davantage valorisé dans mon texte.»

Parmi ses 17 «experts», qui m'a accusé d'illégalité?

«Étant vous-même journaliste, rétorque M. Desjardins, vous comprendrez que je ne saurai répondre à cette requête, car ceux-ci ne désirent pas être entraînés dans un débat public sur cette question. Je protégerai donc mes sources.»

Cette réponse pose un sérieux problème puisque le mémoire donne la liste complète des 17 «experts» qu'il a interviewés dont les Québécois Claude Beauchamp (ex-propriétaire du journal Les Affaires et ex-animateur de RDI), Colette Brin (professeure au département d'information de communication, Université Laval), Claude Cossette (professeur de publicité sociale au Département d'information et de communication de l'Université Laval), Pierre Duhamel (chroniqueur en économie), Jean-François Dumas, sociologue (président, Influence Communications), Jean-Paul Gagné (éditeur émérite, journal Les Affaires), Daniel Giroux (chargé d'enseignement, Université Laval), Jean-Pierre Le Goff (professeur chercheur retraité, économie des médias, à HEC Montréal), Gérald Fillion (journaliste Radio-Canada), Karl Moore (profession de gestion à McGill), et Michèle Boisvert (directrice de La Presse Affaires).

Ma patronne dit que ce n'est pas elle. Ouf!