Avec leurs fonds communs de placement, les investisseurs canadiens ont «flambé» en 2011 quelque 30 milliards de dollars. Cela représente une perte de l'ordre de 4%, par rapport à l'actif total accumulé dans les diverses catégories de fonds communs d'investissement.

En date du 31 décembre dernier, l'actif total détenu dans les fonds communs s'élevait 770 milliards de dollars. C'est 8,8 milliards de moins qu'en décembre 2010. Mais à ces 8,8 milliards de pertes, il faut ajouter les 21,2 milliards d'argent additionnel que les épargnants canadiens ont investis en cours d'année. De là, la somme combinée de 30 milliards, qui s'est évaporée entre les fins de décembre 2010 et 2011.

Fait à noter: le gros des 21 milliards d'argent additionnel investi en 2011 est entré dans les portefeuilles des fonds communs avant le début de la crise boursière survenue à partir du mois d'août, alors que les marchés affichaient une belle hausse...

Quand la Bourse a accusé de lourdes pertes, les investissements dans l'achat de nouvelles parts de fonds communs se sont faits discrets.

À l'instar de ce qui se passe en Bourse, les investisseurs ont nettement tendance à injecter de l'argent neuf après avoir vu les marchés monter de façon appréciable. Et quand les marchés chutent, plusieurs investisseurs y retirent leurs billes, même une fois rendus près du creux. Pendant ce temps-là, des investisseurs aguerris et aux poches profondes profitent des fortes baisses pour effectuer des achats additionnels à prix d'aubaine. À leurs yeux s'entend!

À la décharge des détenteurs de parts de fonds communs, il faut préciser que leurs conseillers financiers démontrent généralement beaucoup d'enthousiasme lors des hausses de marché, incitant ainsi leurs clients à investir davantage. D'autre part, lorsque les marchés boursiers traversent des périodes de turbulence, les mêmes conseillers se font particulièrement discrets.

Ce n'est pas un reproche... C'est un constat de la réalité boursière.

Par ailleurs, si les détenteurs de parts de fonds communs de placement ont vu 30 milliards de dollars leur filer entre les doigts en 2011 c'est bien entendu principalement en raison de la correction boursière qui a frappé toutes les places boursières à travers le monde, à l'exception de la Bourse américaine.

Évidemment, tous les fonds communs d'actions se sont fait varloper le portefeuille par les baisses boursières. De quel ordre? Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les résultats de «L'Univers de performance des fonds communs de caisses de retraite» de la firme Morneau Shepell pour constater les dégâts survenus en 2011 dans les diverses catégories de fonds d'actions.

Les fonds diversifiés ont affiché en 2011 un rendement qui a oscillé entre -9,37% pour les moins bons et "4,74% pour les meilleurs. La médiane séparant les fonds en deux (les meilleurs et les moins bons) est de -9,1%, à comparer à "0,88% pour l'indice de référence.

Les fonds d'actions canadiennes affichent un rendement annuel qui a oscillé de "1,1% à -16,2%. La médiane est dans le rouge de -9,2% et l'indice S&P/TSX perd 8,7%.

Les pertes ont été plus lourdes du côté des fonds d'actions canadiennes spécialisées: le rendement se situe dans une fourchette allant de -20,8% à -1,4%. Avec une médiane de -11,2% et une perte de 16,4% pour l'indice S&P/TSX petites capitalisations.

Avec les portefeuilles d'actions internationales (Europe et Asie), les fonds présentent une fiche négative qui va de -15,3% à - 1,9%. La médiane (-9,75%) se situe près du niveau de l'indice MSCI EAEO (-9,97%).

Chez les fonds de marchés émergents, ce fut catastrophique, le rendement fluctuant entre -21,1% et -1,9%. La médiane? Une perte de 18,1%, par rapport à -16,5% pour le MSCI Émergent.

Les fonds d'actions américaines ont bouclé l'année 2011 avec une fourchette de rendement qui a varié de -2,1% à "9,2%. La médiane: 3,28%, par rapport à "4,4% pour le S&P 500 en dollars canadiens.

Point important: les rendements rapportés par L'univers de performance de Morneau Shepell ne tiennent pas compte des frais de gestion perçus par les gestionnaires des fonds communs de placement. Concrètement, les rendements sont donc inférieurs à ce qu'on vient de voir.

Alors que les fonds d'actions réalisaient une piètre performance, les fonds d'obligations, eux, pétaient le feu avec des gains échelonnés entre "6,1% pour les gestionnaires en queue de peloton et "17,8% pour les champions de l'année. La médiane des fonds obligataires est de "8,4% et l'indice DEX Univers "8,2%.

Les perspectives 2012 des stratèges financiers laissent présager des jours meilleurs pour la Bourse, mais plus ternes pour le marché obligataire.