Vive les finances en ligne! C'est devenu rapide, économique, informatif, sécuritaire et tellement accessible... Mais est-ce payant? Avec une connexion internet et un ordinateur, un iPad ou un téléphone intelligent, il est possible de gérer ses finances personnelles comme un expert. Partout ou presque, 24 heures sur 24.

À l'exception des dépôts et retraits «physiques» d'argent, toutes nos transactions bancaires sont à la portée d'un clic: vérification des soldes, paiement de factures, virement bancaire d'un compte à un autre, achat de placements REER et de CELI, paiements hypothécaires, remboursement de prêts, dépôt des chèques de paie et de diverses allocations, etc.

Vous voulez obtenir des renseignements financiers sur les fluctuations de taux d'intérêt, les devises, les placements conservateurs tels les dépôts à terme et certificats de placement garanti (CPG), les comptes d'épargne, les fonds communs de placement? Pas de problème, toutes les institutions bancaires mettent gratuitement en ligne ces informations sur leurs sites internet. En plus de vous inviter à utiliser leurs multiples outils de calcul financier portant sur le REER, l'endettement, le budget personnel, les emprunts, etc.

Pour sa part, l'investisseur qui croit en ses capacités de bon gestionnaire de portefeuille trouve avec l'internet tous les outils nécessaires pour effectuer ses propres transactions boursières. À en croire la popularité sans cesse grandissante du courtage à escompte en ligne, ils sont nombreux les investisseurs autonomes qui gèrent eux-mêmes leurs portefeuilles, sans avoir recours aux conseillers en placement des maisons de courtage de plein exercice et des firmes de planificateurs financiers.

Le fait d'effectuer eux-mêmes les transactions boursières, leur fait économiser d'importantes commissions de courtage, jusqu'à 80% semble-t-il. Et comme le service de courtage en ligne est devenu ultra efficace en terme de rapidité d'exécution des transactions, les investisseurs autonomes sont satisfaits de ce type de service. Et ce, en dépit du fait qu'ils doivent au préalable effectuer eux-mêmes leur recherche de titres.

Ils ont l'impression d'être en contrôle de leur portefeuille. Quand ils sentent le besoin d'obtenir des conseils, ils parcourent les sites financiers qui offrent gratuitement des conseils, comme ceux des grands quotidiens et de plusieurs magazines spécialisés. En plus, des sites des firmes de planification financière, en fonds communs de placement et fonds distincts (des assureurs).

La mode du «Day Trading», c'est-à-dire la négociation quotidienne de titres, gagne des adeptes chaque année auprès des petits investisseurs qui cherchent à faire fortune en Bourse. Ils sont persuadés de pouvoir battre la performance des gestionnaires de portefeuille professionnels.

À moins d'investir strictement dans l'achat de FBN (fonds négociés en Bourse), tels les iShares portant sur la poignée des grands indices boursiers, je pense que seulement un faible pourcentage d'investisseurs autonomes battent à long terme les gestionnaires de portefeuilles institutionnels des fonds communs, des caisses de retraite et des grandes fortunes privées. Parenthèse: des études ont démontré que la majorité des gestionnaires de portefeuilles, une fois les frais de gestion déduits, se font régulièrement battre par les indices boursiers de référence, tels le S & P/TSX de la Bourse de Toronto (pour les actions canadiennes), le S & P 500 de la Bourse de New York (pour les actions américaines) et ceux des marchés européens (MSCI Europe) et asiatiques (MSCI Pacifique).

Quoi qu'il en soit, grâce à l'internet, tous les investisseurs, des petits épargnants aux pros de la haute finance, ont accès à des montagnes d'informations financières, et des outils de placement de plus en plus sophistiqués.

On résume: comme outil financier, l'internet nous permet donc de mieux gérer nos finances personnelles et nos placements. Pas de doute là-dessus.

Par extrapolation, cela laisse présager que la santé de nos finances personnelles s'est améliorée au fil des dernières années... Est-ce le cas?

Eh bien non, collectivement parlant! Les statistiques récentes démontrent au contraire une détérioration. Statistique Canada révélait récemment que le taux d'endettement des ménages canadiens par rapport à leur niveau de revenu disponible a atteint le record de 153% au troisième trimestre de 2011, à comparer à 150% au deuxième trimestre.

Du côté de la Bourse, on peut dire que ça va plutôt mal. Pour les cinq dernières années, la Bourse canadienne a rapporté un maigrichon rendement annualisé de 1,3%. Avec la Bourse américaine, on tombe dans le rouge, avec une perte annualisée de 2,9% sur cinq ans. Sur les marchés européens et asiatiques? C'est tout simplement catastrophique, les pertes annualisées variant de 6 à 7%.

Bien entendu, cette contre-performance boursière s'est lourdement répercutée sur tous les portefeuilles renfermant une portion d'actions canadiennes et étrangères, y compris tous les fonds communs d'actions et de portefeuilles équilibrés.

Les épargnants qui ont strictement misé sur les placements conservateurs (certificats garantis et obligations d'épargne) ne se sont guère enrichis beaucoup plus puisque le rendement offert était relativement faible (de 2 à 3%).

Jusqu'à présent, force est de constater que l'ère internet ne nous a pas enrichis, loin de là. Mais comme on en est de plus en plus conscients (et informés), c'est sûrement un pas dans la bonne direction! Faute de faire de l'argent, s'entend!

P.S. Les gens qui ont investi massivement dans les obligations négociables gouvernementales (du fédéral, des provinces, des sociétés d'État, des municipalités) ont bénéficié, selon l'indice Obligations Univers, d'un rendement annualisé de l'ordre de 6,4% au cours de cette période de cinq ans. Sans être sarcastique, sachez que le marché obligataire brille par sa discrétion sur la toile de l'internet. Le contraire du marché boursier, où la Toile nous inonde d'informations.