Je n'en reviens pas de voir à quel point la grande majorité des Canadiens sous-utilisent leurs droits de cotisation aux REER. À preuve, les Canadiens ont collectivement investi en 2010 la somme de 34 milliards de dollars dans leurs REER. À première vue, le montant a l'air substantiel. Mais dans la réalité, il ne l'est absolument pas puisqu'il représente à peine 5,1% de la somme totale des droits de cotisation accumulés au fil du temps.

En analysant les données recueillies par Statistique Canada, on découvre que les droits de cotisation REER s'élevaient à la fin de 2010 à la magistrale somme de 665 milliards.

En laissant en plan 95% de ces droits, vous admettrez qu'on fait pas mal pic pic. Pour deux raisons. Un, au plan fiscal, c'est comme si on renonçait à une économie d'impôt de quelque 200 milliards au minimum. Deux, au plan épargne retraite, on a l'air de dire au gouvernement fédéral que ses plafonds de cotisations REER sont nettement trop élevés par rapport aux réels besoins des Canadiens.

À vrai dire, ce ne sont pas les plafonds de cotisation REER qui sont trop élevés. Le réel problème du REER porte plutôt le faible nombre de participants. Lors de la dernière année d'imposition, soit 2010, un peu moins de six millions de contribuables (incluant ceux qui contribuent également à un régime de pension d'employeur) ont versé des cotisations à un REER. Cela n'équivaut qu'à 26% des contribuables qui avaient le droit d'investir dans leur REER.

C'est donc dire que 17 millions de contribuables n'ont pas investi un cent dans leur REER en 2010, comme c'était d'ailleurs le cas en 2009 et les années précédentes.

Parmi ces 17 millions de personnes qui n'ont pas cotisé à leur REER en 2010, il faut toutefois préciser qu'on y dénombre environ trois millions de contribuables qui ont contribué à un régime de pension d'employeur.

Quoi qu'il en soit, on se retrouve tout de même avec un nombre impressionnant de contribuables (autour de 14 millions) qui estiment, bon an mal an, ne pas avoir les moyens d'épargner davantage en vue de leur retraite. Ou qui ne croient pas aux avantages du REER. Ou qui sont carrément découragés de voir évoluer les marchés boursiers...

Il n'est jamais trop tard pour économiser. Pour l'année fiscale 2011, je vous rappelle que vous avez jusqu'au 29 février prochain pour effectuer votre cotisation REER.

Le plafond REER pour 2011 s'élève au montant le moins élevé entre 18% de votre revenu gagné aux fins du REER ou un maximum de 22 450$. Pour le tiers des travailleurs qui ont la chance de contribuer à un régime de retraite d'employeur, un facteur d'équivalence entre en jeu dans le calcul de la cotisation au REER.

Le secret? Vous n'avez absolument pas à vous casser la tête avec les calculs reliés aux droits de cotisations REER. Il vous suffit de retracer l'avis de cotisation que Revenu Canada vous a fait parvenir à la suite du dépôt de votre déclaration de 2010 pour connaître le montant de cotisation permis pour l'année 2011. Eh oui! Revenu Canada se fait un devoir de calculer annuellement pour vous vos droits de cotisation.

Bien entendu, il sera avantageux d'investir dans son REER pourvu que l'on économise de l'impôt. Si ce n'est pas le cas, on oublie le REER. Vaut mieux à ce moment-là investir ses économies dans un CELI (compte d'épargne libre d'impôt).

J'aimerais vous rappeler que le taux marginal d'impôt combiné s'élève déjà à 28,5% à compter d'un revenu imposable de 14 000$. Sur la tranche de revenu additionnel de 1000$, il faudra donc verser 285$ d'impôts, soit 160$ à Québec et 125$ au fédéral.

À partir de 42 000$ de revenu imposable, le taux marginal d'impôt combiné passe à 38,4%, soit 384$ par tranche additionnelle de 1000$ de revenu. À compter de 85 000$ de revenu imposable, ledit taux marginal grimpe à 45,7% (457$ par 1000$ de revenu). Quand le revenu imposable dépasse la barre des 130 000$, le taux marginal plafonne à 48,2%, soit 482$ par tranche supplémentaire de 1000$ de revenu imposable.

Revenons aux cotisations REER de 2010. La cotisation médiane des six millions d'investisseurs s'élève à peine à 2790$. Cela signifie que trois millions de cotisants ont versé moins 2790$ et les trois autre millions de participants ont investi plus.

On va convenir que le montant de la médiane n'est vraiment pas élevé. Après 30 ans d'investissement d'une telle somme de 2790$, à combien s'élèvera la cagnotte de votre REER si vous réussissez à obtenir un rendement annuel composé de 5%? Vous serez propriétaire d'un REER d'une valeur totale de 185 400$. Comme il s'agit d'une cagnotte imposable, les revenus à en tirer seront relativement modestes. Imaginez maintenant, la faible cagnotte qui sera accumulée par les gens qui épargnent encore moins d'argent...

Une chance que des sources de revenus sociaux viendront arrondir les fins de mois à partir de nos 65 ans. Il s'agit toutefois de revenus annuels fort modestes. On parle ici d'une rente de la RRQ maximale de 11 520$ (960$/mois); de la pension de la sécurité de la vieillesse de 6340$ (autour de 528$/mois); et pour les moins nantis, le supplément de revenu garanti d'un montant maximum d'environ 8200$ (célibataire) ou 5420$ (avec conjoint pensionné).

Que vous le vouliez ou pas, le REER c'est vraiment une priorité si vous payez de l'impôt.