Dans les six derniers mois allant du 1er juin au 30 novembre derniers, on a reçu une grosse claque sur le portefeuille en raison de la sévère correction boursière qui a frappé toutes les grandes places boursières de la planète.

Comme cette période correspond au premier semestre de nos deux fonds de travailleurs, est-ce que le Fonds de solidarité de la FTQ et Fondaction de la CSN vont devoir réviser à la baisse le prix de leurs actions respectives? À mes yeux, il ne fait pas de doute que les deux fonds fiscalisés ont perdu des plumes lors de ce semestre. La question de l'heure pour les 577 511 actionnaires du Fonds de la FTQ et les 107 320 du Fonds de la CSN: à combien s'élèvera le pourcentage du recul de l'action lors de l'annonce du nouveau prix, au début du mois de janvier, lequel prix sera déterminé en fonction de la performance dudit semestre?

Tout d'abord, permettez-moi de vous rappeler l'ampleur de la contre-performance, en dollars canadiens, des grands indices boursiers de référence pour cette période de juin à la fin de novembre: S&P/TSX de Toronto (-10,4%); S&P 500 de New York (-1,3%); MSCI Monde (-7,3%), MSCI Europe (-14,7%); MSCI marchés émergents (-15,4%); MSCI Asie-Pacifique (-7,6%). Du côté des actions des PME inscrites à la Bourse canadienne, la déconfiture a été plus forte: BMO Nesbitt Burns Small Cap (-14,5%); TSX Small Cap (-16,0%); TSX Venture (-26,1%).

Une telle déconfiture boursière n'annonce évidemment rien de bon pour la portion du portefeuille des deux fonds de travailleurs qui est investie dans l'achat d'actions de sociétés boursières et d'entreprises privées, et l'achat de parts de fonds spécialisés dans le capital de risque.

Grâce, par ailleurs, à une bonne performance du marché des obligations négociables au cours de cette période de six mois, une grande partie des pertes sur actions et titres privés sera compensée par les gains enregistrés par les titres à revenu fixe. Pendant ce semestre, l'indice Obligations univers a grimpé de 5,6%; celui des obligations à long terme a monté de 10,9% et celui des obligations à rendement réel de 8,6%.

En raison de la portion importante de leur portefeuille (autour de la moitié) investie dans des PME privées et des fonds spécialisés, les deux fonds de travailleurs offrent généralement de moins bons résultats que les fonds communs et les autres gestionnaires de portefeuilles institutionnels dans les périodes boursières à la hausse, mais... ils auraient de meilleurs rendements qu'eux dans les périodes baissières.

Cela laisse donc présager que le Fonds de solidarité et Fondaction auraient de bonnes chances de s'en tirer avec une contre-performance inférieure à celle des fonds communs.

Pour comparer la performance du Fonds de solidarité et de Fondaction, on utilise le rendement des fonds diversifiés composant l'indice Globe équilibré canadien neutre. Les portefeuilles de ces fonds renferment une portion quasi équivalente d'actions et de titres à revenus fixes.

Lors des six mois se terminant le 30 novembre dernier, cet indice des fonds communs de placement a subi une baisse de 5,4%.

Si l'on se fie à l'argument de la direction du Fonds de solidarité voulant que leur fonds s'en titre mieux que l'industrie du placement en période boursière à la baisse, on peut s'attendre à ce que le prix de leur action recule moins que ce 5,4% de baisse lors de la révision du début janvier.

Le prix de l'action du Fonds de la FTQ s'élève actuellement à 25,92$ et celui du Fonds de la CSN à 9,57$.

Si les deux fonds fiscalisés réussissent à s'en tirer avec des pertes inférieures à 5,4% pour ces six mois de misère boursière, ce sera fort louable. La date de révision du prix de l'action du Fonds de la FTQ est le 5 janvier et celle de Fondaction le 11 janvier.

Les actionnaires admissibles au rachat de leurs actions ont intérêt à le faire immédiatement puisque l'actuel prix de l'action sera vraisemblablement révisé à la baisse à partir de la révision de janvier.

Par contre, les gens qui souhaitent investir une partie de leur REER dans le Fonds de solidarité ont avantage à attendre la révision de janvier puisque le prix sera probablement plus bas qu'aujourd'hui.

Du côté de Fondaction, la situation est plus délicate. La direction vient d'annoncer que sa campagne de souscription pour le REER de cette année prendra fin le 16 décembre prochain en raison du fait que le plafond de souscription de 150 millions sera atteint.

Les contributions annuelles aux REER des deux fonds de travailleurs sont limitées à 5000$ par contribuable admissible. Alors que le Fonds de la FTQ procure un crédit d'impôt total de 30% (15% Québec, 15% Ottawa), celui de Fondaction atteint les 40% (15% Ottawa, 25% Québec).