Les gestionnaires des portefeuilles des fonds communs destinés aux caisses de retraite et aux particuliers en arrachent énormément cette année. La majorité d'entre eux se font battre par les indices de référence et ce, avant même la déduction des frais de gestion annuels.

Imaginez à quel point ils font globalement piètre figure auprès des dirigeants des caisses de retraite lorsqu'on soustrait de leur rendement lesdits frais de gestion, dont la fourchette varie de 0,30% à 0,50% pour les fonds diversifiés et les fonds d'actions .

Mais là où la situation empire dramatiquement, c'est lorsqu'on se réfère à la performance qu'obtiennent au bout du compte les petits investisseurs avec leurs fonds communs de placement, une fois la ponction des frais de gestion effectuée. Dans le «marché au détail» des fonds communs de placement, les frais de gestion sont énormes à comparer à ceux payés par les caisses de retraite.

Le ratio des frais annuels de gestion (applicable sur la valeur du portefeuille sous gestion) varie selon la catégorie des fonds, allant jusqu'à 1,2% pour les fonds de marché monétaire, variant de 2,0 à 2,8% pour les fonds d'actions, les fonds diversifiés et les fonds à revenu fixe, et atteignant même 3,0% et plus pour des fonds d'actions étrangères et des fonds spécialisés.

Jetons un coup d'oeil à la performance des gestionnaires canadiens de portefeuille rapportée par la firme Morneau Shepell dans sa publication trimestrielle, Univers de performance des gestionnaires de fonds communs, au 30 septembre 2011.

L'indice de référence des fonds diversifiés (2% bons du Trésor, 43% obligations du DEX Univers, 30% TSX/SPX, 25% MSCI Monde) accusait une baisse de 2,31% pour les neuf premiers mois de l'année. Les 48 fonds répertoriés rapportaient pour leur part une perte médiane de 4,38% pour la même période. Comme vous savez, la médiane sépare les meilleurs et les pires en deux groupes égaux. Si vous ajoutez des frais de gestion à cette perte médiane, cela laisse présager que la majorité des petits investisseurs subissent de lourdes pertes de 6,0% et plus avec leurs fonds communs diversifiés.

Les 63 gestionnaires de portefeuilles d'actions canadiennes répertoriés par Morneau Shepell présentent pour leur part une perte médiane de 13,36% à la fin du troisième trimestre. C'est pas mal faible à comparer à l'indice de référence, le S&P/TSX de la Bourse de Toronto, lequel présente un recul de 11,88% pour la même période. En ajoutant des frais de gestion ne serait-ce que de 2%, on devinera que bien des détenteurs de parts de fonds d'actions canadiennes se retrouvent avec des pertes de 15,0% et plus après les neuf premiers mois de l'année.

Du côté des marchés émergents, les pertes des investisseurs s'avèrent plus lourdes. Alors que l'indice de référence (MSCI marchés émergents endollars canadiens) accuse un recul de 17,84%, les gestionnaires présentaient une perte médiane de 20,3% pour les trois trimestres de 2011. Ce qui générera une perte supérieure à 23% quand on ajoute les frais de gestion à la perte médiane.

Chez la trentaine de gestionnaires des portefeuilles d'actions internationales, on affiche un recul médian de 11,23%, soit 0,4% de plus que l'indice de référence MSCI EAEO (-10,83% en dollars canadiens). Bien entendu, l'écart s'agrandit à plus de 2,0% quand on y ajoute la ponction des frais de gestion.

Du côté des 33 gestionnaires de portefeuilles d'actions américaines, on affiche là aussi une contre-performance: le rendement médian est de -5,40% alors que l'indice de référence S&P 500 (en dollars canadiens) accuse un recul de 3,76% pour les neuf mois. Avec les frais de gestion perçus, les pertes moyennes des investisseurs dépasseront probablement les 8,0% à la fin de septembre.

Les épargnants qui ont investi une portion de leur pécule dans les fonds d'obligations pourront au moins se consoler avec un rendement positif pour les neuf premiers mois de l'année.

Les gestionnaires ont rapporté une hausse médiane de 7,0% avec les obligations canadiennes, en léger recul par rapport au rendement de 7,43% de l'indice de référence DEX Univers. Avec les obligations internationales, ils ont obtenu un rendement de "5,32%, soit deux fois moins que l'indice de référence Citigroup WGBI ("11,75%).

Bien entendu, après déduction des frais de gestion, le rendement sera inférieur... Mais au moins, il n'est pas dans le rouge.

Simple question d'équité envers leur clientèle, les familles de fonds communs de placement devraient moduler leur grille de frais de gestion en fonction de leur performance par rapport aux indices de référence des portefeuilles. Ainsi, le ratio des frais devrait s'ajuster proportionnellement à l'écart de rendement: plus l'écart est négatif, plus le ratio baisse et vice-versa, plus l'écart est positif, plus le ratio grimpe.

Personnellement, ça me fait plaisir de verser de généreux frais de gestion au fonds qui me fait faire de bons rendements. Mais c'est diablement frustrant de devoir lui payer de généreux frais lorsqu'il me fait perdre plus d'argent que les indices de référence.