Un couple de jeunes retraités, 60 ans, me demande si la police d'assurance vie universelle que lui propose Desjardins Sécurité financière représente une bonne stratégie d'investissement quand on souhaite laisser un généreux héritage à ses deux enfants...

«Pour atteindre vos objectifs successoraux au moyen de cette stratégie, je vous recommande d'investir une somme de 27 343$/année pendant cinq années qui généreront un patrimoine d'au moins 500 000$ lors du paiement de la prestation», indique dans sa proposition le conseiller d'assurance de Desjardins.

La prime totale est donc de 136 715$ (5 x 27 343$), pour une protection de 500 000$.

Comme argument de vente, un tableau «Avantage de l'assurance vie au décès» est joint à la proposition. Dans la colonne «Taux de rendement équivalent net», on informe le couple que cette assurance vie pourrait rapporter un rendement de 1775% lors de la première année, un rendement de 291% lors de la deuxième, un rendement de 129% la troisième année et ainsi de suite, soit 76% à la quatrième année, 51% à la cinquième...

Mais il y a une importante condition à remplir pour que cette alléchante projection de rendement se matérialise: pour encaisser le patrimoine de 500 000$, il faut que les deux tourtereaux du couple meurent! Eh oui! Il s'agit ici d'une assurance vie dont la prestation de 500 000$ n'est payable qu'après le décès des deux membres du couple.

Quand vous avez 60 ans et que vous êtes en bonne santé (on vous assure à bon prix si vous réussissez avec succès le test médical), les probabilités de mourir tous les deux lors de la première à la cinquième année sont excessivement minces. À l'instar de toutes les compagnies d'assurance vie, Desjardins Sécurité financière mise sur l'espérance de vie des assurés pour évaluer son risque et déterminer la rentabilité de la prime chargée.

Dans le cas de notre jeune couple de retraités en santé de 60 ans, l'espérance de vie de monsieur est de 79,5 années et celle de madame, de 83,8 années.

Les vendeurs d'assurance ont l'art de nous vendre la mort d'un oeil positif! À preuve, dans sa proposition de la police de 500 000$, le conseiller de Desjardins indique au couple que «votre rendement» sur l'investissement de 136 715$ sera de 17,23% après 10 ans ou de 5,79% après 25 ans.

Je retiens le terme de 25 ans, lequel amène le dernier décès à 85 ans, soit tout près de l'espérance de vie de madame.

Par rapport au rendement actuellement offert sur les placements sans risques, un rendement annuel composé de 5,79% apparaît évidemment alléchant, à première vue du moins.

Chose certaine, cette projection de rendement de 5,79% laisse présager que Desjardins Sécurité financière projette de réaliser un sacré bon rendement annualisé (7,0% ou plus?) avec la prime d'assurance vie universelle qu'elle demande pour ce produit d'assurance.

«Votre adhésion à cette stratégie [Création de richesse de Desjardins Sécurité financière] vous permettra de maintenir votre style de vie actuel sans vous soucier des impacts de votre décès sur la valeur de votre patrimoine. Elle créera une valeur successorale immédiate et importante pour vos êtres chers.»

«Vous bénéficierez, de votre vivant, précise le conseiller de Desjardins, d'une plus grande marge de manoeuvre financière pour profiter de la vie et réaliser vos projets de retraite, de voyages ou autres.»

Il est évident que cette police d'assurance vie universelle représente une bonne affaire pour... les êtres chers puisqu'ils vont en récolter le capital, et ce, libre d'impôt.

De là à dire que ladite stratégie d'investissement vous permet de maintenir «votre style de vie actuel» et de bénéficier «d'une plus grande marge de manoeuvre financière», je me garderais une petite gêne envers notre jeune couple de retraités.

Quand on a à peine 60 ans et qu'on est en pleine santé, la retraite s'annonce longue et coûteuse!

Il ne faut jamais oublier qu'une assurance MORT, oh pardon VIE, ne nous rapporte pas un cent de notre vivant. C'est payant pour l'assureur, le conseiller d'assurance et les bénéficiaires. Bien entendu, on peut toujours y mettre fin et encaisser la valeur de rachat. Pas trop payant comme stratégie!