Diable! que ça va mal en Bourse. Que dire maintenant de la « performance » de mon portefeuille dans le cadre du «duel» qui m'oppose à Richard Dufour et ses trois gestionnaires? Suis-je vraiment obligé de répondre à cette vache question que me posent régulièrement de sarcastiques collègues de notre division La Presse Affaires?

Oui! ça me déprime. Mais, entre nous, chez Team Dufour...

Pis après? Que voulez-vous que je vous dise d'intelligent dans un marché boursier en déconfiture? La Bourse, c'est un «jeu» d'anticipation de la santé future de l'économie mondiale.

La méchante correction en cours laisse présager qu'on est vraiment, mais vraiment au bord d'une nouvelle récession mondiale. À cause évidemment de la crise des dettes souveraines qui sévit en Europe, plus précisément en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Irlande. À cause aussi de la sempiternelle bagarre que se livrent à propos de tout et de rien les démocrates et les républicains aux États-Unis. Avec pour dramatique conséquence d'empêcher les États-Unis de se refaire une solide santé budgétaire et économique. Cela bloque inévitablement la reprise économique chez nos voisins du Sud. À cause aussi de l'impact ultra négatif que les crises européenne et américaine ont sur la Chine et les autres principaux pays émergents comme l'Inde, le Brésil, la Russie, etc.

C'est bien beau de mettre le doigt sur les causes de la correction boursière. Le problème des marchés boursiers à l'heure actuelle? Les extraordinaires mesures financières mises de l'avant par les gouvernements européens et les États-Unis ne semblent pas suffisamment efficaces pour sortir du trou les pays surendettés et ainsi repartir la grande machine économique sur des bases solides.

La question: la présente correction va-t-elle finir par se transformer en un autre «bear market», c'est-à-dire un marché baissier? Le «bear market» d'octobre 2007 à mars 2009 avait entraîné toutes les Bourses dans une chute de 50% à 60%.

Mon optimisme me porte à croire que les gouvernements vont finir par trouver «la» solution susceptible d'atténuer les tensions budgétaires et économiques mondiales dans le dessein de nous sortir du présent ralentissement économique. Et de relancer la Bourse à la hausse.

Quoi qu'il en soit, gardons en mémoire qu'on a toujours réussi à se sortir des sombres périodes boursières.

J'en conviens avec vous, quand les marchés vacillent comme c'est le cas depuis le début du mois d'août, c'est dur en maudit sur le portefeuille. Et sur le moral.

Bon! Ai-je d'autres choses à vous dire? La performance de mon portefeuille? C'est bête, je n'y pensais même plus...

Puisqu'il faut en parler, à la demande de Jean-Sébastien Gagnon, le boss par est arrivé le duel boursier Girard-Dufour, sachez que mon portefeuille accuse présentement une perte de près de 20,0%. Pour un portefeuille qui a vu le jour le 11 février dernier, c'est vraiment poche. Mais quand je me compare... Je ne vous en dis pas plus.

Je persiste à croire que mon portefeuille va se sortir du trou dès que Wall Street changera de cap. Et c'est pourquoi je conserve les neuf titres que j'avais sélectionnés dès le départ. De toute façon, il reste encore cinq mois à la compétition. Vingt-quatre heures en Bourse, c'est long, imaginez maintenant cinq mois... Wall Street a amplement le temps de nous sortir de l'embarras.

Parenthèse. De ce temps-ci, tous les gestionnaires de portefeuille d'actions passent pour des deux de pique. On va mettre une chose au clair : en Bourse, aucun gestionnaire de portefeuille d'actions de caisse de retraite ou de fonds communs, aussi futé soit-il, ne va réussir à présenter une solide performance lorsque Wall Street entraîne la planète boursière dans la déconfiture.

Je reviens à ma sélection, laquelle devait être effectuée à l'intérieur des 60 grandes sociétés canadiennes composant l'indice S&P/TSX 60 de la Bourse de Toronto. Les neufs titres choisis figuraient, en février dernier, parmi les meilleures recommandations d'achat des analystes des maisons de courtage.

En dépit de cela, ils ont globalement perdu plus de terrain (-20%) que le recul de 15,5% de l'indice. Cela démontre à quel point le métier d'analyste boursier n'est pas de tout repos, même quand ils sont plusieurs sur la même longueur d'ondes. Certains titres de la sélection ont fait l'objet d'une révision à la baisse de la part des attentes analystes.

Je vous redonne la liste des titres de mon portefeuille, suivi du prix cible moyen que le titre pourrait atteindre (si la Bourse monte évidemment) selon l'ensemble des recommandations répertoriées par l'agence Bloomberg et, entre les parenthèses, le nombre d'analystes qui en recommandent l'achat (A), qui suggèrent de le conserver (C) ou de le vendre (V).

- Banque canadienne Impériale (CM: xxx$): cible 86,71$ (7 A, 10 C)

- Barrick Gold (ABX : 50,19$): cible 67,82$ (20 A, 6 C)

- Bombardier (BBD.B : 3,99$): cible 7,07$ (17 A, 5 C, 1 V)

- Canadian Natural Resources (CNQ : 30,90$): cible 50,19$ (18 A, 4 C)

- Groupe SNC (SNC : 43,50$): cible 63,46$ (13 A)

- Rogers Communications (RCI.B: 36,26$): cible 40,52$ (10 A, 8 C, 1 V)

- Talisman Energy (TLM: 13,09$): cible 22,66$ (16 A, 10 C)

- Teck Resources (TCK.B: 31,75$): cible 66,71$ (20 A, 1 C, 1 V)

- Banque Toronto-Dominion (TD: 70,49$): cible 90,25$ (15 A, 1 C, 1 V)

Vous aurez noté que les analystes ne manquent pas d'optimisme dans la fixation de leurs prix cibles pour les 12 prochains mois. Je souhaite que ça se matérialise.

Après tout, il en va de leur honneur. Et du mien, aussi!