C'est bête à dire, mais les catastrophes, ça ne change pas le monde de Wall Street. Le peuple écope, mais les financiers, eux, s'en sortent toujours. Un exemple? Prenons l'attaque des kamikazes d'Al-Qaïda contre les tours jumelles du World Trade Center de New York, au coeur même de Wall Street.

Dix ans après le terrifiant événement, le peuple américain se retrouve aux prises avec un lourd bilan: 2750 morts sous les décombres des tours; 6200 soldats américains tués pendant les guerres qui ont suivi en Afghanistan et en Irak; des dépenses militaires de 1250 milliards lors des 10 années de guerre dans ces pays; des prestations d'invalidité et de soins de santé liées à ces guerres qui s'élèveront entre 600 et 900 milliards de dollars; le coût de la sécurité intérieure qui explose avec des dépenses de 360 milliards, dont 70 milliards cette année; le nombre de touristes en provenance du Canada et du Mexique qui chute de 26 millions l'an à moins de 20 millions; etc.

Qu'ont fait Wall Street et le monde de la Bourse pendant ces 10 dernières années?

Eh bien! Wall Street a eu le temps de s'effondrer de 29% entre la veille de l'attentat (10 septembre 2001) et le creux d'octobre 2002. Il faut préciser que cette débandade est survenue en plein bear market, enclenché à la suite de l'éclatement de la bulle des titres de l'internet, des télécoms et des médias.

Puis à partir du creux d'octobre 2002, un nouveau bull market a pris naissance. Le principal indice de Wall Street, le S&P 500 de la Bourse de New York, a explosé de 101% en l'espace de seulement cinq années.

Pendant cette période d'euphorie boursière (d'octobre 2002 à octobre 2007), le monde de la finance a eu le temps de se remplir les poches comme jamais, grâce notamment aux produits dérivés de tout acabit, papier commercial, subprimes hypothécaires, etc. Avec en prime, une extraordinaire bulle immobilière.

Toute la planète boursière en profita largement. Au Canada, le baromètre de la Bourse de Toronto allait enregistré une hausse de 165% pendant ce marché haussier.

Cela dit, pendant que le gouvernement Bush continuait de pourchasser ben Laden et ses terroristes, il est évident que la catastrophe du 11 septembre 2001 n'avait aucun effet négatif sur Wall Street. L'attentat terroriste ne représente dès lors qu'un triste souvenir dans le milieu de la haute finance.

Comme toute bulle, boursière ou immobilière, celle amorcée en 2002 a finalement éclaté en octobre 2007. On a assisté à la multiplication de scandales financiers. Résultat: Wall Street a entraîné le monde entier dans la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Entre octobre 2007 et mars 2009, le S&P 500 allait s'effondrer de 56%. Eh oui! toutes les places boursières de par le monde se sont effondrées. La Bourse de Toronto allait pour sa part fondre de 50% entre juin 2008 et mars 2009.

Parenthèse: pendant cette crise financière, avez-vous entendu quelqu'un de la haute finance nous rappeler l'attentat du 11 septembre 2001? Moi, non!

Après cette déconfiture boursière, un nouveau marché haussier allait renaître à compter du 9 mars 2009. Et une fois de plus, l'euphorie s'est emparée des investisseurs. En l'espace de deux années, jusqu'au printemps dernier, Wall Street réussissait à doubler de valeur, de même que la Bourse de Toronto et plusieurs autres grandes places boursières à travers le monde.

Mais depuis août, Wall Street nous en fait revoir de toutes les couleurs alors qu'une sévère correction de 15% frappe de plein fouet les investisseurs. Il est clair qu'il n'y a aucun, mais aucun, rapport entre la présente correction boursière et la commémoration, hier, du 10e anniversaire de l'attentat le plus meurtrier à survenir en sol américain.

Cependant, Wall Street nous réserve parfois d'étonnantes coïncidences. Après avoir traversé en 10 ans deux dramatiques bear market qui ont fait plongé les indices de 50% et deux mémorables bull market où les indices ont doublé de valeur, l'indice phare de Wall Street, le S&P 500, se négocie aujourd'hui quasi au même niveau que lors de la semaine précédant l'attentat du 11 septembre 2001.

Cela procure comme rendement un gros ZÉRO en 10 ans.

Quelle coïncidence pour les 2750 morts du World Trade Center de rappeler au monde de Wall Street ce qu'est Ground Zero!