Les derniers chiffres sur le marché du travail aux États-Unis n'ont vraiment rien d'encourageant: zéro création d'emploi en août, révision à la baisse des résultats des deux mois précédents, taux de chômage qui demeure élevé à 9,1% (avec un pic de 25% chez les jeunes de 16 à 19 ans) et, la citrouille sur le sundae, recul de la rémunération hebdomadaire moyenne. Désolant sur toute la ligne.

De ce côté-ci de la frontière, les résultats de l'enquête mensuelle de Statistique Canada ne seront connus que la semaine prochaine.

En attendant, le Conference Board a publié hier son indice mensuel sur l'offre d'emploi. La situation se présente nettement mieux que chez nos voisins américains.

L'indice est basé sur les nouvelles offres d'emplois affichées sur 79 sites canadiens de recherche d'emplois. Plus il est élevé, mieux c'est. Depuis sa première parution en mai 2005, il s'est avéré un excellent indicateur avancé du marché du travail. Ainsi, lorsque l'indice du Conference Board est à la hausse, on a de bonnes chances d'observer une hausse de l'emploi dans les mois suivants. Quand il est à la baisse, cela laisse entrevoir que des emplois seront perdus.

Or, voici qu'en juillet, l'indice a bondi de huit points pour atteindre 127,3 points. C'est le plus haut niveau jamais atteint en six ans. On pourra mieux apprécier la progression quand on sait que l'indice se situait tout juste à 100 points en décembre 2010.

Sur le plan régional, l'Alberta ressort comme la grande championne de création d'emplois au cours des prochains mois (avec une hausse de 17,8 points de l'indice); hélas, le Québec arrive bon dernier avec 0,9 point. On peut toujours se consoler en pensant que toute création d'emploi, même faible, demeure infiniment préférable à des pertes.

Toujours est-il que le résultat de tout cela est clair: tandis que le marché américain du travail paraît systématiquement incapable de retrouver son tonus, l'économie canadienne continuera de créer des emplois cet automne.

À un moment où de sombres nuages noirs s'accumulent au dessus de l'économie mondiale, ces chiffres sont rassurants. Le Canada, on le sait, a été largement épargné par la récession de 2008. Beaucoup de spécialistes se demandent si le pays sera capable, une nouvelle fois, de demeurer à l'abri d'un nouveau ralentissement de l'économie mondiale.

Il n'existe pas de boule de cristal infaillible, mais deux des principaux atouts du Canada, précisément ceux qui lui ont permis de passer au travers de la crise de 2008 avec relativement peu de dommages, sont toujours là.

D'abord, la solidité du système financier. Il y a trois ans, alors que les banques américaines, européennes et japonaises tombaient comme des mouches, les banques canadiennes tenaient le coup et continuaient même à déclarer des profits. Pas une seule, contrairement à ce qui s'est passé ailleurs, n'a déclaré faillite. S'il est une chose que cette crise a démontré, c'est que le Canada possède un des meilleurs systèmes bancaires de la planète.

C'est dû en grande partie à un cadre réglementaire qui empêche les banques canadiennes de tomber dans le piège du crédit facile. En misant davantage sur la valeur future des propriétés que sur la solvabilité des emprunteurs, les banques américaines ont littéralement provoqué l'éclatement de la bulle immobilière.

Or, il se trouve que depuis trois ans, rien n'a changé dans le système bancaire canadien, et que celui-ci est toujours aussi solide.

Le deuxième grand atout du Canada, c'est le bon état de santé de ses finances publiques. Certes, il y a l'Ontario qui accumule les plus monstrueux déficits de son histoire; certes, il y a le Québec qui traîne la dette provinciale la plus lourde. Mais toutes proportions gardées, les problèmes de ces deux mauvais élèves s'effacent rapidement quand on regarde les finances publiques fédérales. Même en tenant compte des récents déficits entraînés par la récession, le Canada est, de loin, le moins endetté des pays du G7, et tout indique qu'il le demeurera pendant encore plusieurs années. Selon les plus récentes projections du Fonds monétaire international, la dette nette de l'ensemble des administrations publiques canadiennes (le fédéral et les provinces) atteindra 30% du Produit intérieur brut (PIB) dans trois ans. À ce moment, aucun autre pays du G7 ne fera mieux que 80%, et on verra même un endettement faramineux de 125% en Italie et astronomique de 145% au Japon.

Ce ne sont certes pas là des exemples à suivre, mais ces chiffres donnent une idée de la très confortable marge de manoeuvre du Canada.