Chapeau à Michael Sabia et son équipe de gestionnaires de portefeuille de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour avoir rapporté un rendement semestriel de 3,6%.

Compte tenu de l'évolution des différents marchés financiers lors des six premiers mois de l'année, on peut affirmer sans se tromper que les gestionnaires de la Caisse se sont vraiment bien défendus. Ce 3,6% les propulse dans le 1er quartile des gestionnaires des fonds diversifiés des caisses de retraite et des fonds communs répertoriés par la firme Morneau Shepell. La médiane qui sépare les gestionnaires des fonds diversifiés en deux groupes égaux donne un rendement de 1,63%. Les meilleurs ont rapporté un rendement semestriel de 4,76% et les pires un rendement négatif de -0,22%.

Maintenant, oublions ce rendement de la Caisse et celui de tous les autres gestionnaires de caisses de retraite et de fonds communs, car entre la fin du semestre au 30 juin dernier et aujourd'hui, deux mois plus tard, les marchés boursiers ont fortement reculé. Ils ont tous viré dans le rouge.

Le monde de la finance est présentement en état d'alerte en raison de la sévère crise d'endettement que traversent plusieurs pays européens et les États-Unis. La crise est à ce point épineuse que nombre d'économistes craignent un retour en récession mondiale. Ou à tout le moins à un important ralentissement de la croissance économique, laquelle est déjà anémique tant aux États-Unis que dans une grande partie du monde, dont en Europe. Devant de telles perspectives sombres, des analystes de firmes de courtage ont commencé à réviser à la baisse leurs prévisions de bénéfices pour l'année prochaine. Une révision à la baisse des bénéfices entraîne forcément une révision des prix cibles des actions des sociétés inscrites en Bourse.

Parole de Michael Sabia: «Les récentes turbulences dans les marchés nous montrent que la situation économique mondiale est très incertaine. Selon nous, elle le demeurera probablement pour quelque temps encore.»

N'étant pas immunisée contre les soubresauts des marchés, la Caisse, affirme M. Sabia, doit continuer de naviguer avec prudence. Mais il voit dans les marchés difficiles des occasions d'investissement pour un investisseur à long terme comme la Caisse. «Nos progrès et le travail de nos équipes dans le renforcement de nos fondations nous procurent la flexibilité nécessaire pour saisir de telles occasions. En bout de ligne, ce qui compte, c'est que notre performance à long terme rencontre les besoins de nos déposants.»

Prenons la Régie des rentes du Québec (RRQ). Afin de répondre adéquatement aux besoins financiers de la vaste clientèle de prestataires des diverses rentes, les actuaires de la RRQ misent un rendement annualisé d'environ 7,0% pour la cagnotte confiée à la Caisse.

Sept pour cent de rendement annualisé sur une longue période... c'est vraiment tout un défi.

À preuve, au 31 décembre 2010, le rendement annualisé de la Caisse s'élevait à peine à 3,74% pour les 10 dernières années, à seulement 2,55% pour la période de cinq ans et à une perte annualisée de 2,14% au cours de la période des trois dernières années.

Chose certaine, il va falloir que les marchés boursiers changent carrément de cap pour que la Caisse puisse d'ici la fin de l'année rapporter un rendement de 7%  ou plus.

Dans son rapport semestriel, la Caisse rapporte que la catégorie «Actions» comptait pour environ 47% du portefeuille global de la Caisse. Avec une telle exposition en Bourse, on devinera que le portefeuille de la Caisse écope grandement de l'actuelle correction boursière.

Voici les reculs que les grandes places boursières de la planète affichent cette année après huit mois d'activités.

INDICE RECUL

S&P / TSX Composite -8,5%

S&P 500 -6,8%

Nasdaq -7,0%

Euro Stoxx 50 -16,5%

FTSE Londres -13,0%

CAC Paris -18,0%

DAX Allemagne -19,2%

Nikkei 225 -14,2%

Shanghai Stock Exchange -6,9%

Hang Seng -14,3%

MSCI World -8,7%

MSCI EAFE                -11,4%

MSCI Marchés émergents -15,0%

On conviendra qu'avec un tel portrait boursier négatif, l'année s'annonce plutôt moche pour les gestionnaires de portefeuille des caisses de retraite et des fonds communs de placement.

Commentaire de Roland Lescure, premier vice-président et chef des Placements de la Caisse .

«L'environnement économique et financier déjà difficile au début de l'année 2011 s'est dégradé progressivement avec le déclin des revenus des ménages dans plusieurs pays développés et les conséquences néfastes du tremblement de terre et du tsunami au Japon. Ces défis ont été exacerbés par l'incertitude politique en Europe et aux États-Unis concernant les problèmes de dette souveraine et de déséquilibre budgétaire, minant davantage la confiance des investisseurs dans des marchés déjà fébriles.»

Les semaines qui suivent, affirme M. Lescure, seront très importantes pour l'évolution des marchés. Et j'ajouterais: pour la rentabilité de la Caisse, notre bas de laine et nos fonds de retraite.