Au Royaume-Uni, le nombre de sans-emploi est reparti à la hausse, a-t-on appris la semaine dernière. Encore une fois, ceux qui écopent le plus sont les jeunes, dont plus d'un sur cinq cherche du travail.

Si le chômage officiel est passé d'un taux de 7,7%, en avril, à 7,9% en juin au pays de Sa Majesté, il atteint 20,2% chez les 16 à 24 ans. Près de 950 000 jeunes Britanniques sont à la recherche d'un emploi.

Ce triste bilan risque d'alimenter le débat sur les causes des émeutes qui ont secoué Londres et plusieurs villes d'Angleterre au début du mois. Le gouvernement et la majorité de la population (selon des sondages) ont attribué ces actes de violence à la délinquance, mais d'autres ont fait le lien avec les problèmes sociaux dans les quartiers pauvres.

Or, la crise des jeunes gens sans travail s'aggrave dans plusieurs pays.

«Le chômage chez les jeunes va atteindre de nouveaux sommets», prévient Alesandro Turini, responsable des réformes du marché du travail à la Commission européenne.

20 à 45%

Le problème des jeunes chômeurs déborde le Vieux Continent. Le taux de chômage chez les moins de 25 ans aux États-Unis est semblable à celui du Royaume-Uni; le Canada, lui, s'en tire mieux avec un taux de 14%.

Plusieurs experts ont en outre attribué les émeutes du printemps arabe au taux de chômage de 40% et plus qui afflige les jeunes de plusieurs pays du Moyen-Orient.

Cependant, dans les économies les plus mal en point d'Europe, la situation est devenue alarmante.

Plus de 45% des jeunes en Grèce et environ 38% des jeunes espagnols sont sans emploi.

En Italie, le taux de chômage chez les 15 à 25 ans atteint 28%, selon Eurostat. Le manque de travail engendre évidemment un certain découragement: 22% des moins de 25 ans, soit deux millions de jeunes italiens, ne sont ni à l'école, ni au travail, ni en formation.

Si bien que vivre en Italie est considéré comme «une malchance par 40% des jeunes», indique un récent sondage de L'Avvenire, le quotidien des évêques italiens, qui a fait beaucoup de bruit en Europe.

Sous le coup des sévères coupes budgétaires adoptées en catastrophe par les gouvernements, la situation ne devrait pas s'améliorer de sitôt.

«Avec une demande intérieure faible, d'autres pressions sur les prix du logement et la décélération de la croissance (au deuxième semestre), les perspectives sont mauvaises. Le chômage va vraisemblablement augmenter», prédit dans une note financière Antonio Garcia, économiste chez Barclays Capital.

Émigration

Sans surprise, ce sont les pays plus endettés qui ont le plus de «problèmes», à savoir la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne. À l'opposé, le chômage chez les jeunes est d'à peine 7% aux Pays-Bas, d'environ 8% en Autriche et de 9,1% en Allemagne.

Face à un avenir aussi sombre chez eux, beaucoup ne pensent qu'à partir. Selon un sondage des médias locaux, la moitié des jeunes italiens veulent émigrer en raison des mauvaises conditions économiques dans leur pays, mais aussi de la corruption et de la criminalité.

Ces derniers mois, quelque 17 000 Espagnols - des jeunes surtout - se sont renseignés sur la possibilité de travailler en Allemagne, affirme une agence de placement allemande. Toutefois, peu de candidats ont décroché un poste en raison surtout du problème de la langue.

Or, l'envie de quitter le pays est telle que les cours d'allemand sont pris d'assaut en Espagne. Les participants aux stages de l'institut Goethe, à Madrid et Barcelone, sont «environ le double d'un été normal», rapporte l'institution.

En Irlande aussi, où environ un jeune sur trois est sans emploi, le «vieux problème de l'émigration» a refait surface, le gouvernement ayant enregistré une sortie «nette» de 35 000 personnes de janvier à avril.

Face à cette crise, des experts réclament une politique du travail dans plusieurs pays d'Europe. Cela passerait notamment par une aide financière accrue à la formation, un assouplissement des règles d'embauche et même un plafonnement du salaire minimum pour aider les jeunes à dénicher un poste. Mais les gestes concrets se font attendre.

Entre-temps, la crise continue et la fuite des cerveaux se poursuit: en Grèce, la moitié (51%) des titulaires de doctorat ont choisi de s'expatrier, révèle une enquête universitaire. Une véritable tragédie grecque, version 2011.