Encore une autre séance de fou. Non mais... est-ce que ça va finir par un krach imminent?

J'en conviens avec vous, la Bourse nous tape sur les nerfs ces temps-ci avec ses folles et volatiles séances. Ça allait bien lundi, plutôt mal mardi, pas trop mal mercredi, puis bang! une déconfiture jeudi... Les investisseurs ne savent plus où donner de la tête, le «mental» passant de la déprime à l'euphorie en peu de temps.

Dans un tel environnement boursier, les gens qui sont capables de rester zen s'en tirent généralement mieux que les énervés de la Bourse. Les violentes chutes boursières poussent des petits investisseurs à paniquer et à vendre massivement. Ce qui n'est pas une bonne stratégie.

Je vous rappelle que les grands investisseurs, comme les Warren Buffett de ce monde, voient dans les grandes déprimes de la Bourse des occasions en or d'investir... au lieu de se désinvestir le portefeuille. Vous allez me dire qu'il est facile de raisonner de la sorte lorsque vous êtes archi riche et gestionnaire de portefeuille. Vous avez raison, mais n'empêche que leur stratégie fonctionne.

Revenons à la séance d'hier. Au creux de la journée, les principaux indices de Wall Street se faisaient varloper magistralement. Le Dow Jones et le S&P 500 perdaient 5% alors que le Nasdaq chutait de l'ordre de 6%. Finalement, les indices américains ont bouclé la séance en réduisant quelque peu l'ampleur de ces pertes: -3,7% pour le Dow; -4,5% pour le S&P 500; -5,2% pour le Nasdaq.

Les bourses européennes subissaient des baisses similaires. Le FTSE de Londres a chuté de 4,5%, le CAC 40 de Paris a reculé de 5,5% et le Dax allemand de 5,8%. À son plus bas de la séance, l'indice allemand perdait jusqu'à 6,95%.

La Bourse canadienne? Elle emboîtait évidemment le pas à Wall Street, mais avec une baisse plus raisonnable de 3,6%, à son creux de la journée. Le S&P/TSX Composite a finalement terminé en baisse de 3,1%.

À la lumière de la turbulente séance d'hier, il est clair que Wall Street n'est pas encore sortie de sa période de correction, amorcée depuis les hauts du printemps dernier.

Quels étaient les causes de la débandade boursière d'hier? Des mauvais chiffres sur l'économie américaine.

-L'indice de la Fed de Philadelphie est au plus bas depuis mars 2009. Cet indice porte sur l'activité régionale du secteur manufacturier.

-Les prix à la consommation ont monté plus vite que prévu en juillet en raison du rebond du prix du pétrole.

-Les chiffres hebdomadaires des nouveaux demandeurs d'emploi sont plus élevés que prévu.

Conséquemment, tout cela soulève de nouvelles inquiétudes par rapport à une croissance anémique de l'économie américaine et de l'économie mondiale.

En ajoutant la crise de la dette souveraine de plusieurs pays européens, il n'en fallait pas plus pour ébranler la confiance des gros investisseurs institutionnels dans leurs perspectives boursières.

Du moins hier. Car, rassurons-nous, malgré les baisses d'hier, on est toujours dans un marché boursier fondamentalement haussier. Ce «bull market» a pris naissance le 9 mars 2009. En l'espace de deux ans, soit jusqu'au printemps dernier, les grands indices boursiers de Wall Street avaient doublé de valeur. Le S&P/TSX de la Bourse de Toronto avait grimpé de 91%.

Au creux de la semaine dernière, les indices nord-américains accusaient des pertes de l'ordre de 18% par rapport à leurs hauts respectifs du printemps dernier.

Retenons notre souffle. En ce vendredi, le facteur déterminant en Bourse ce sera de ne pas tomber sous les creux de la semaine passée.

Réflexion du jour. Alors que la Bourse nous rabaissait hier le portefeuille de 3 à 6% en l'espace de quelques heures, les grandes banques et les caisses nous offraient un rendement de 1% sur les certificats de placement garanti (CPG) d'un an.

Non mais quel dilemme! Si on ne prend pas de risques, on est condamné à faire fructifier nos épargnes au rythme de 1 à 2% de rendement annuel avec les CPG d'un à cinq ans. Si on cherche à faire fructifier nos épargnes à un rythme de 5 à 8% par année, on est obligé d'investir en Bourse, directement avec un portefeuille d'actions ou indirectement avec les fonds équilibrés et d'actions. Dans un tel cas, on court le risque de se faire plumer momentanément le portefeuille.

Il n'y en a pas de facile autant pour les épargnants conservateurs que les investisseurs.