Quelle autre séance de crève-portefeuille! À la suite de l'historique décote de la dette américaine, Wall Street nous a fait revivre hier une séance aussi cauchemardesque que lors de ses pires débandades à survenir depuis le krach de 1987.

Et comme d'habitude, cela se répercute sur toute la planète boursière. Pendant que le Dow Jones chutait de 635 points, le S&P/TSX l'imitait avec une autre cuisante dégelée de 491 points.

Il est important de rappeler que cette descente aux enfers d'hier fait suite aux lourdes pertes enregistrées la semaine dernière.

Entre le creux d'hier et le haut du printemps dernier, le Dow Jones se trouve à perdre 2118 points (-16,4%), à comparer à un recul de 2712 points (-19,0%) pour le S&P/TSX Composite de la Bourse de Toronto. Les deux autres grands indices américains, le S&P 500 et le NASDAQ, accusent pour leur part des pertes de 18,3%.

Comme vous voyez, ici au Canada, on mange une raclée qui dépasse même celle de Wall Street. C'est vous dire à quel point la Bourse est «injuste» quand on pense que le Canada conserve la meilleure cote financière du monde.

Vous aurez remarqué qu'on se rapproche de plus en plus d'une baisse de 20%, ce qui nous ferait tomber malheureusement dans un bear market, c'est-à-dire un marché fondamentalement baissier.

Que faire avec notre portefeuille dans une telle dramatique situation?

Si les Bourses franchissent ce dramatique seuil des 20% de recul, la déprime des marchés boursiers risque de nous entraîner de nouveau en récession... Ce serait évidemment de mauvais augure pour notre portefeuille.

Dans une telle situation, bien des investisseurs liquident leur portefeuille. Écoeurés de la Bourse. Historiquement, une fois que les marchés se trouvent en net recul, comme c'est le cas présentement, ce sont les investisseurs qui se reposent sur leurs lauriers qui ont de bonnes chances de s'en tirer en récupérant éventuellement leurs pertes sur papier.

À l'opposé, si Wall Street réussit au cours des prochaines séances à repartir «solidement» vers le nord, les chances de récupérer au fil des prochains mois les lourdes pertes des dernières semaines seraient bonnes.

Bien entendu, lors de chaque séance en forte baisse, il y a des investisseurs qui jouent les braves optimistes en achetant les actions que les pessimistes vendent. Les investisseurs aguerris qui détiennent dans leur portefeuille d'abondantes liquidités adorent ce genre de journée catastrophe. Ils en profitent pour sauter sur les aubaines de la journée. Ou tout simplement réinvestir graduellement dans l'achat des grands indices boursiers de Toronto, Wall Street, etc.

Quand vous avez les poches bien remplies, c'est facile de jouer aux braves en Bourse. Quand vous avez les finances serrées, ce n'est pas une bonne idée. Mieux vaut attendre une certaine stabilisation des marchés avant de s'aventurer davantage.

Par ailleurs, j'aimerais vous signaler que des spéculateurs font présentement fortune en misant carrément sur la chute des Bourses, soit en détenant des parts des hedge funds spécialisés en baisse de marché, soit en vendant à découvert des blocs d'actions, soit en achetant tout simplement des options de vente sur des actions ou sur des indices boursiers.

Remarquez que les boursicoteurs prudents peuvent utiliser les options de vente non pas à des fins de spéculation, mais plutôt dans le but de protéger en partie leur portefeuille contre la chute des Bourses.

Des options de vente sont offertes sur tous les titres importants et également sur la panoplie d'indices boursiers faisant l'objet des fonds négociés en Bourse.

Prenons pour exemple le iShare XIC de l'indice S&P/TSX Composite et supposons que vous en détenez un lot de 1000. Hier à 13h, il se négociait à 18,70$, ce qui représente une valeur globale de 18 700$. Moyennant le débours d'une somme de 1,00$ par unité (1000$ pour les 1000 iShares), vous pouviez hier acheter une option de vente sur cet iShare XIC qui vous protège jusqu'au 17 décembre prochain à un prix de 18,00$. Si le iShares continuait de chuter, disons jusqu'à 16,00$, cette option de vente vous permet de geler votre valeur à 18,00$. L'option se trouve ainsi à vous protéger jusqu'à ce niveau, peu importe la chute du titre. Si, au lieu de chuter, le XIC allait rester au-dessus du 18,00$, à ce moment-là l'option de vente n'aurait plus de valeur une fois rendue à l'échéance. Vous aurez ainsi perdu votre mise de fonds de 1,00$ par option de vente. Cela dit, quand on achète une option de vente, on a le loisir de la revendre avant échéance, sa valeur de revente sera déterminée en fonction du délai restant avant l'échéance et de la valeur du titre sous-jacent au moment de la vente.

Et le creux a-t-il été atteint? Chose certaine, les prochaines séances devraient nous éclairer davantage sur cette question.