Par rapport aux générations qui les ont précédés, les jeunes hommes consacrent de plus en plus de temps aux travaux domestiques (ménage, lavage, repassage, courses, préparation des repas, jardinage, entretien de la maison, administration du foyer, soins aux enfants, aux animaux, aux plantes, etc.). Pendant ce temps, les jeunes femmes y consacrent de moins en moins de temps. C'est ainsi que, au fil des années, le fossé entre les sexes s'est considérablement rétréci.

Voilà sans doute la conclusion la plus spectaculaire d'une étude publiée la semaine dernière dans Tendances sociales canadiennes, une revue spécialisée de Statistique Canada.

Le document se penche sur trois générations: les derniers baby-boomers (nés entre 1957 et 1966), la génération X (naissances de 1969 à 1978) et la génération Y (naissances de 1981 à 1990). Pour chaque génération, on a retenu la tranche d'âge de 20 à 29 ans. Ce choix a été fait pour tenir compte, pour la première fois, de la génération Y. L'étude permet donc de comparer les trois générations sur une base entièrement nouvelle.

Première constatation: lorsqu'ils étaient âgés de 20 à 29 ans, les jeunes hommes boomers consacraient en moyenne 44 minutes par jour aux travaux domestiques de toutes sortes. Chez ceux de la génération X, le chiffre correspondant est de 53 minutes; chez les plus jeunes, enfin, il passe à une heure et une minute. Autrement dit, entre les boomers et les Y, les hommes ont augmenté leur participation aux travaux domestiques de 39%, ce qui n'est pas rien.

Chez les jeunes femmes, c'est le contraire. Chez les boomers, elles passaient en moyenne 1 heure et 54 minutes à des travaux domestiques; deux générations plus loin, ce temps est passé à une 1 et 26 minutes, une diminution de 25%. Même chez les plus jeunes, les femmes continuent donc d'apporter une participation au foyer plus importante que les hommes, mais l'écart entre les deux a fondu comme un glaçon dans l'eau bouillante. Chez les boomers, les femmes consacraient aux travaux domestiques une heure et 10 par jour de plus que les hommes; cet écart, chez la génération Y, n'est plus que de 25 minutes.

Comme on s'en doute, il existe d'importantes variations selon la scolarité, la situation des ménages sur le marché du travail, la situation familiale et d'autres caractéristiques.

Ainsi, chez les plus éduqués (études postsecondaires au moins) de la génération Y, le fossé entre les sexes est devenu pratiquement inexistant. La contribution des hommes atteint aujourd'hui 1 heure et 12 minutes, comparativement à 1 heure 17 chez les femmes, une différence de 5 minutes. Deux générations plus tôt, toujours chez les plus éduqués, les chiffres correspondants étaient de 44 minutes chez les hommes et 1 heure 28 chez les femmes. Apprécions l'ampleur du changement.

Évidemment, les gens qui travaillent à plein temps (huit heures ou plus par jour) sont beaucoup moins enclins à consacrer du temps et de l'énergie aux travaux domestiques. Mais encore là, en deux générations, la situation a évolué de façon saisissante: de 23 à 36 minutes chez les hommes, de 53 à 42 minutes chez les femmes. Chez les boomers, même si les deux conjoints travaillent toute la journée à l'extérieur, la femme devait se taper une demi-heure de travaux domestiques de plus que son conjoint. Chez les Y, cet écart n'est plus que de 6 minutes.

Les hommes mariés avec enfants ont augmenté leur participation d'une demi-heure par jour; les femmes mariées avec enfants l'ont diminuée d'une demi-heure.

Un seul groupe affiche des progrès beaucoup plus lents, pour ne pas dire presque inexistants. Chez les immigrants, toujours pour les trois mêmes générations, le temps consacré aux travaux domestiques est passé de 43 à 44 minutes chez les hommes, une grosse minute d'augmentation. Les immigrantes, pendant la même période, n'ont réussi à «gagner» que 14 minutes, deux fois moins que la moyenne canadienne.

L'étude nous apprend plusieurs autres choses intéressantes.

Ainsi, seulement 28% des boomers âgés de 20 à 29 ans demeuraient chez leurs parents; cette proportion a bondi à 51% chez les Y.

Les jeunes couples reportent de plus en plus tard la décision d'avoir des enfants. Il y a 25 ans, 29% des boomers âgés de 20 à 29 ans avaient des enfants; deux générations plus tard, les Y du même âge ne sont plus que 19% à être parents.

Enfin, l'appartenance religieuse recule fortement. Seulement 14% des boomers ne déclaraient aucune appartenance religieuse, alors que 35% des Y font de même aujourd'hui.

temps consacré par les boomers aux travaux domestiques 1

53 minutes

temps consacré par la génération X (1969 à 1978) du même âge 1

1

temps consacré par la génération Y (1981 à 1990) du même âge

1 : Alors que ceux-ci étaient âgés de 20 à 29 ans