Fidèle à sa mauvaise habitude, la direction du Fonds de solidarité de la FTQ continue de promouvoir le magique rendement que ses actionnaires obtiennent en intégrant dans leurs calculs les crédits d'impôt versés par les gouvernements de Québec et d'Ottawa.

«Au fil des ans, les avantages du Fonds sont significatifs puisqu'en incluant l'effet des crédits d'impôt totalisant 30%, un actionnaire qui, par exemple, a investi la même somme chaque année sous forme de retenue sur le salaire a obtenu un rendement composé annuel de 13,1% sur sept ans et de 9,5% sur dix ans.»

Ainsi, la direction du populaire Fonds FTQ récupère dans le calcul de sa performance les crédits d'impôt versés par les gouvernements à même les impôts des contribuables.

Il ne lui en faut pas plus pour clamer sur toutes les tribunes médiatiques que le REER de la FTQ est bien entendu «profitable» et représente pour ses actionnaires une «solution d'épargne».

«La très grande majorité des actionnaires utilise ses économies investies au Fonds pour bénéficier d'une meilleure retraite. Cependant, plusieurs jeunes travailleurs s'en servent pour faciliter l'achat d'une première maison, démarrer une entreprise ou encore retourner aux études.»

Revenons sur terre et contentons-nous d'analyser la vraie performance (sans le jeu des crédits d'impôt) des gestionnaires du Fonds de solidarité et de son gigantesque portefeuille de 8,2 milliards.

Pour la période de sept ans, ils obtiennent un rendement annuel moyen de 3,2%. Pour celle de 10 ans, cela donne 0,4% par année. Comme vous pouvez le constater, il n'y a aucune commune mesure entre la réelle performance du Fonds FTQ et le rendement magique rapporté en incluant les crédits d'impôt. En passant, pour les cinq dernières années, le rendement moyen s'élève à 2,7% par année. Vraiment pas de quoi s'enfler la tête!

Petit conseil aux 580 000 actionnaires du Fonds de solidarité: lorsque vous prendrez votre retraite, souvenez-vous que le montant de vos épargnes accumulées dans le Fonds n'aura fructifié qu'en fonction de la réelle performance du portefeuille.

La satisfaction

La haute direction du Fonds de solidarité est satisfaite de la performance de son dernier exercice financier, terminé le 31 mai dernier. Elle a rapporté un rendement annuel de 8,8%. De plus, cela a eu pour effet de pousser le prix de l'action à un prix record, soit 25,92$.

Bravo pour le prix record... Cela a quand même pris quatre grosses années d'attente avant de battre le précédent record de 25,36$ atteint en mai 2007. Ce qui est également moins glorieux, c'est de constater que le 30 juin 2001, il y a donc 10 ans, le prix de l'action du Fonds FTQ valait 24,98$.

Même pas une piastre de profit sur les actions acquises il y a 10 ans!

Revenons au rendement de 8,8% pour l'année 2011. En raison de la forte concentration du portefeuille dans les PME québécoises, la direction du Fonds de solidarité n'aime pas comparer son rendement avec celui des multiples indices financiers de référence. Je les comprends...

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'indice Globe équilibré canadien neutre (des fonds équilibrés) a rapporté pour la même période de 12 mois terminés le 31 mai dernier un rendement de 11,6%.

Du côté des PME canadiennes inscrites en Bourse, l'indice BMO Nesbitt Burns actions canadiennes de faible capitalisation a explosé de 35,3%. Pendant cette même période, l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto gagnait 20,4%. Et les indices obligataires? Un rendement de 6,2% pour l'indice «obligation univers», un rendement de 9,2% pour les obligations de long terme et de 13,3% pour celui des obligations à rendement réel.

Malgré la modeste performance du Fonds de solidarité, quand on la compare aux indices de référence, je continue néanmoins d'en recommander l'achat d'actions, surtout lorsqu'on arrive à cinq ans ou moins de la retraite.

Mais il ne faut pas se laisser leurrer par le rendement magique des crédits d'impôt.

Pour joindre notre chroniqueur: mgirard@lapresse.ca