La clé du succès en Bourse, c'est l'information. Plus on en possède sur les sociétés qui nous intéressent, plus on a de chances de faire de l'argent ou... d'en perdre le moins possible au moment des crises boursières.

Vous êtes-vous déjà demandé comment il se fait que des titres explosent momentanément en Bourse avec des volumes anormalement élevés d'actions échangées, et ce, sans qu'aucune nouvelle soit diffusée au grand public? Comment expliquer que, soudainement, des investisseurs aguerris achètent ou vendent massivement, avec timing? Non, non! ils ne possèdent pas d'informations... privilégiées.

Pourquoi diable sont-ils si bons en Bourse? Essayons de clarifier la recette de leur succès boursier.

Sachez que les dirigeants d'entreprises inscrites en Bourse ont en cours d'année des rencontres privées avec des analystes de maisons de courtage, des gestionnaires de portefeuilles institutionnels, de gros investisseurs. Je ne parle pas des séances d'information publiques organisées à la suite de la publication de résultats financiers, du dévoilement d'un nouveau plan d'affaires ou de l'assemblée annuelle. Je fais référence ici à des rencontres privilégiées organisées par la direction d'une entreprise dans le but de répondre aux questions de ces professionnels de la Bourse.

La question du boursicoteur néophyte: comment se fait-il que ces analystes des services de recherche des maisons de courtage et gestionnaires de portefeuilles institutionnels aient le privilège de tirer les vers du nez des grands patrons des entreprises inscrites à la cote de la Bourse?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'Autorité des marchés financiers (AMF) et les commissions des valeurs mobilières des autres provinces ne voient rien d'anormal à cette pratique courante d'organiser des rencontres privées avec les professionnels de la Bourse. À la condition de respecter les lignes directrices de l'instruction générale en matière de communication sélective de l'information en valeurs mobilières...

Voici la mise en garde officielle qui est faite à propos des séances d'information privées avec des analystes, des investisseurs institutionnels et d'autres professionnels du marché.

«Grâce à leurs recherches, analyses, interprétations et recommandations, les analystes peuvent contribuer à améliorer le fonctionnement des marchés, stipule-t-on dans l'instruction générale. Les sociétés doivent toutefois être conscientes des risques que comportent les réunions privées avec ces personnes. Nous n'entendons nullement demander aux sociétés d'arrêter de se réunir en privé avec des analystes ni laisser entendre que ces séances sont illégales. Les sociétés doivent s'en tenir strictement à fournir aux analystes de l'information non importante ou connue du public.»

Ainsi, au cours de ces séances privées, les dirigeants des entreprises ne doivent communiquer que «de l'information non importante ou connue du public» à ces professionnels de la Bourse.

Comment peut-on expliquer le grand intérêt des analystes, gestionnaires de portefeuille et autres investisseurs institutionnels pour des séances d'information théoriquement si anodines? Comment des experts peuvent-ils perdre ainsi leur précieux temps (et Dieu sait que le temps compte en Bourse!) à se faire raconter des informations non importantes ou connues du public?

Vous aurez deviné que les analystes et les investisseurs professionnels ne perdent jamais leur temps dans ce genre de rencontres privilégiées.

D'ailleurs, dans l'instruction générale, on indique à propos de «l'information non importante ou connue du public» que les sociétés disposent tout de même d'une «marge de manoeuvre amplement suffisante pour discuter utilement avec les analystes et d'autres parties intéressées» de leurs perspectives, du contexte commercial, de leur philosophie de la gestion et de leur stratégie à long terme.

L'intérêt des experts de la Bourse pour ces rencontres privées réside dans cette «marge de manoeuvre» où il ne se dit officiellement rien de neuf parce que la loi interdit la communication et l'utilisation d'information privilégiée de la part des gens qui ont des rapports particuliers avec les sociétés boursières.

C'est tout de même incroyable!